Pêches et Océans Canada maintient le statuquo de la gestion du sébaste de l’unité 1 du Golfe. Le Ministère s’en tient donc à une pêche indicatrice de 663 tonnes métriques en 2020, alors que le Québec réclamait la levée du moratoire assortie d’un quota de 10 000 tonnes.
Pour Paul Boudreau, gestionnaire de Madelipêche, la décision fédérale est sans surprise étant donné la crise de la COVID-19. «Le comité consultatif cédulé en mars a été repoussé à l’automne à cause de la COVID, explique-t-il. Et il faut être réaliste : personne, ce printemps, ne voulait se commettre sur le sébaste quand toutes les autres pêcheries étaient incertaines.»
Ainsi, selon M. Boudreau, l’ouverture de la pêche commerciale au sébaste sous moratoire depuis 1995 serait reportée à l’an prochain. Mais encore faudra-t-il que le Comité sur la situation des espèces en péril du Canada (COSEPAC) retire le poisson rouge de sa liste des espèces menacées de disparaître. «Le sébaste est la plus importante ressource du Golfe, qui atteint un seuil historique de plus de 4,3 millions de tonnes, et il est encore considéré comme une espèce en voie de disparition. C’est un non-sens! s’exclame le gestionnaire de Madelipêche. Ça fait en sorte qu’un organisme comme le COSEPAC perd toute crédibilité sur le marché international.»
FREIN AUX INVESTISSEMENTS
Paul Boudreau fait d’ailleurs valoir qu’aucun marché n’est intéressé par une espèce sous moratoire et encore moins par une espèce menacée. De plus, l’industrie elle-même n’investira jamais dans la relance de la pêcherie, dit-il, tant qu’elle ne connaîtra pas les modalités de partage de la ressource. «Sans allocation, personne ne va vouloir investir pour s’équiper pour pêcher, pour transformer ou pour développer des marchés. L’usine veut savoir ce qui est garanti comme allocation pour investir dans le développement de marché. Madelipêche veut savoir si elle investira dans l’achat d’un bateau. Mais pour l’instant personne n’est en mesure d’investir», se désole M. Boudreau.
Entre temps, la pêche indicatrice au sébaste est ouverte depuis le 15 juin dans les zones 4RST, à des profondeurs de plus de 100 brasses. Un maximum de six participants peut simultanément y prendre part d’ici le 31 octobre.
Cependant, Paul Boudreau fait remarquer que le quota expérimental de 663 tonnes, ou 1,2 millions de livres, n’a jamais été capturé à plus de 50 % au cours de la dernière décennie. En comparaison, Madelipêche transformait de 30 à 35 millions de livres de poisson rouge par année, avant le moratoire.
LES POISSONS DE FOND – page 21 – Volume 33,3 Juin-Juillet-Août 2020