samedi, octobre 5, 2024
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Un comité spécial pour l’industrie de la crevette est créé pour trouver des solutions communes et durables

En raison de la période de crise que traverse l’industrie de la crevette nordique, les intervenants des secteurs de la capture et de la transformation du crustacé ont, à la mi-juin, profité de la présence en Gaspésie du ministre québécois responsable des Pêcheries pour officialiser la création d’un comité spécial pour l’industrie de la crevette. André Lamontagne était de passage pour participer aux activités entourant le 75e anniversaire de l’ÉPAQ et pour faire diverses annonces ministérielles dans la région.

La situation est à ce point préoccupante qu’en raison des faibles taux de capture enregistrés depuis le début de la saison, le ministère fédéral des Pêches n’écarte pas la possibilité de fermer partiellement ou complètement la pêche à la crevette dès la saison 2024. Des discussions sont déjà entamées avec les acteurs concernés pour étudier d’autres options, dont une réouverture de la pêche commerciale au sébaste pour pallier en partie au déclin des stocks de crevette.

Le directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) réclamait depuis plusieurs mois la formation d’un tel comité auprès du ministère. «Il faut être proactif, lance Jean-Paul Gagné. Ça va nous arriver en pleine figure, si on n’est pas prêt! On voyait ça venir. L’an dernier, il n’y a rien eu d’excitant pour les entreprises de transformation. Pour les pêcheurs, il y a une inquiétude, cette année : c’est la petite crevette.»

C’est à la suite d’une rencontre tenue à Percé que la création de ce comité a été proposée. Selon M. Gagné, qui représente les trois usines de transformation de la crevette dans l’Est-du-Québec, le ministre Lamontagne s’est montré très favorable à l’initiative. S’il a démontré une bonne compréhension du problème entourant l’industrie de la crevette, le parlementaire ne s’est cependant pas engagé formellement.

«En mai, lors de ma tournée en Gaspésie, j’ai rencontré les pêcheurs et transformateurs de crevette avec mon collègue Stéphane Sainte-Croix, a fait savoir le ministre André Lamontagne par courriel. On comprend le sentiment d’inquiétude actuel et l’impact sur l’industrie. Une chose est certaine, j’ai indiqué qu’il fallait se regrouper pour mieux aborder les prochains défis. Le comité de travail mis en place vise justement à trouver des solutions communes et durables pour le secteur de la crevette.»

La première rencontre du comité a été fixée au 6 juillet. «On a demandé, autant du côté des pêches que de la transformation, un support à court terme et un plan à long terme pour que l’industrie de la crevette nordique demeure viable», précise le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec. Selon Patrice Element, il en est de la pérennité de l’industrie.

«La rentabilité de la pêche est en fonction de trois éléments : la quantité de poisson ou de crustacé à pêcher, ce que ça coûte pour le pêcher et le prix reçu, explique-t-il. Sur le plan des quantités, on est tributaire de ce qui se passe dans l’écosystème. Sur le plan des coûts d’opération, on est tributaire de l’inflation, dont particulièrement le prix du carburant. Ce qu’il nous reste à travailler est la valeur du produit. De ce côté-là, il y a peut-être quelque chose à faire. S’il ne reste pas beaucoup de crevette à pêcher, comment fait-on pour garder nos entreprises de pêche et nos usines de transformation rentables?» À son avis, la première chose à faire est d’étudier la possibilité de pêcher une autre espèce. Le sébaste est en tête de liste.

M. Gagné croit lui aussi qu’il sera nécessaire d’étudier ce qui pourrait remplacer la crevette. «Les pêcheurs pensent au sébaste et il y a aussi des usines de transformation de poisson de fond qui y pensent depuis longtemps.» Une étude a d’ailleurs déjà été commandée par l’AQIP pour la mise à niveau des usines de transformation de poisson de fond en vue d’accueillir le sébaste. Pour le patron de l’AQIP, il suffirait de la mettre en oeuvre.

UN SCIENTIFIQUE RÉCLAMÉ DANS LE COMITÉ

En plus des pêcheurs, des transformateurs, des représentants du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), M. Gagné insiste pour qu’un scientifique de l’Institut Maurice-Lamontagne fasse partie de ce comité «pour savoir si on prévoit une situation temporaire ou à long terme». «Si c’est à long terme, il va falloir qu’il se passe quelque chose, espère le porte-parole de l’AQIP. S’il y a encore une baisse de quota de 40 % l’an prochain, ce n’est pas vrai qu’il y aura trois usines pour faire 9 millions de livres!»

Patrice Element croit lui aussi qu’il serait important d’obtenir un point de vue scientifique. «On a plusieurs enjeux dans le secteur de la crevette. Mais le déclin de la biomasse est probablement le plus important.»

Pour Jean-Paul Gagné, il est donc impératif de se pencher sur la situation qui prévaut dans l’industrie de la perle rose du Saint-Laurent. «On a des usines avec des syndicats. Quand on arrive avec un voyage de 12 000 à 13 000 livres, au lieu de 45 000 à 50 000 livres, les usines sont obligées de payer quand même les heures. Il y a aussi moins de produits à vendre.»

Pour les pêcheurs, la petite taille de la crevette est un enjeu important. «L’année passée, le prix moyen payé aux pêcheurs était de l’ordre de 1,36 $ la livre, indique M. Element. Cette année, la crevette est tellement petite que le prix moyen est autour de 1,23 $. On peut dire que c’est de bonne augure pour la ressource. Mais, du côté économique, ce n’est pas fort!»

OBJECTIFS ET PRIORITÉS DU COMITÉ

Le comité devrait avant tout poursuivre l’objectif, selon M. Element, d’étudier ce qui pourrait être fait dans l’industrie de la crevette afin de soutenir les entreprises et les communautés qui en dépendent.

«Rivière-au-Renard est une communauté de 4 000 personnes. Il y a 450 emplois directs qui sont dans l’industrie de la crevette. On a tendance à dire que, comme on est dans une période de plein emploi, ils vont se trouver du travail ailleurs. Mais, ce n’est pas vrai que 450 personnes vont se trouver un emploi à   Rivière-au-Renard! Si on met ça à l’échelle de Québec, Montréal ou Sherbrooke, on ne peut même pas appeler ça une catastrophe; c’est un cataclysme! C’est le tissu social de Rivière-au-Renard qui est en jeu.»

Jean-Paul Gagné est du même avis : la priorité est l’économie des régions ma-ritimes. Il serait aussi important, selon lui, que le comité puisse embaucher un expert pour mener une étude sur la situation. «On peut avoir nos idées, mais des gens peuvent nous orienter davantage. Les gens vont devoir sortir leurs chiffres, autant du côté des pêcheurs que des industriels, afin de faire une mise à jour pour que la situation soit claire.»

UNE SAISON CATASTROPHIQUE

Les taux de capture de la première moitié de saison, qui s’est terminée le 31 juin, sont catastrophiques, de l’avis de M. Element. «La rentabilité n’est pas là. Si le carburant est beaucoup moins cher que l’an dernier, il est quand même plus cher qu’en 2021 et les taux de capture sont de la moitié de ce qu’ils étaient l’an dernier. Qu’on capture 1 000 livres ou 5 000 livres de crevette dans une journée, la consommation de carburant est la même!»

Du côté des industriels, Jean-Paul Gagné est lui aussi préoccupé. «Personne ne va faire d’argent cette année avec la crevette! Ça ne va pas bien. Ce n’est pas la meilleure année qu’on aura connue.»

Pour Patrice Element, les signes ne   sont guère plus encourageants pour la deuxième portion de saison qui s’est amorcée le 1er juillet et qui se terminera à la fin décembre. Les taux de capture demeurent faibles. De son côté, Jean-Paul Gagné appréhende que les profits dans la transformation ne soient pas davantage au rendez-vous.

NOUVELLE ÉCHELLE DE PRIX

Lors d’une assemblée tenue le 5 juillet, les crevettiers ont voté en faveur de la contre-proposition des transformateurs pour les prix au débarquement. Au lieu d’avoir trois catégories de crevette, la catégorie III (petite) est divisée en deux. Les prix sont donc de 1,58 $ la livre pour la catégorie I, de 1,38 $ pour la catégorie II, de 1,28 $ pour la catégorie III supérieure (341-400/kg) et de 1,22 $ pour la catégorie III inférieure (401-450/kg). Selon Patrice Element, la création de quatre catégories de prix est un précédent.

«Ce ne sont pas des prix qui permettent à la majorité d’assurer la rentabilité, mais on ne peut pas aller chercher mieux», se résigne-t-il. Comme la crevette est petite, cette nouvelle fourchette de prix au débarquement pourrait être avantageuse pour les pêcheurs. «On perd 2 cents pour la grosse crevette, mais on gagne 6 cents sur 80 % de la petite, qui représente à peu près 90 % des débarquements.» Pour sa part, Jean-Paul Gagné se dit content que les deux parties aient pu s’entendre sur les prix au débarquement. «Ça aide à l’harmonisation de nos relations.»

GASPÉ-NORD – pages 2 et 3 – Volume 36,3 Juin-Juillet-Août 2023

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