dimanche, octobre 6, 2024
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Pêche au homard : la saison de capture a été excellente et le prix est resté élevé

Bien que les statistiques se fassent attendre, les homardiers de la Gaspésie sont sous l’impression que leurs prises de 2023 pourraient globalement constituer un record, tellement la ressource a été abondante à partir de l’ouverture de la pêche, le 29 avril.

De plus, le prix, même s’il n’a pas atteint les moyennes de 2021, à 8,52 $ la livre, et de 2022, à 7,95 $, s’est établi entre 7,31 $ et 8,25 $ lors des 10 semaines de capture dans l’axe compris entre l’Anse-à-Brillant et Bonaventure-Est.

Il approchera une moyenne de 7,70 $ la livre quand la saison sera complétée dans les zones 19 et 21, couvrant respectivement le nord de la Gaspésie et le fond de la baie des Chaleurs.

O’Neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, croit en la possibilité que les prises de 2023 brisent le record de 4 719 tonnes métriques de 2021, une année qui avait aussi été marquée par un record du prix moyen, à 8,52 $ la livre et, conséquemment par un sommet historique des revenus globaux des homardiers, à 88,1 millions $.

«Il y a eu clairement une augmentation des débarquements en 2023 par rapport à 2022. L’an passé, la saison s’était déroulée dans la majorité des zones sans augmentation, mais les zones 19 et 21 avaient très bien performé. Cette année, ça dépassait 2021, je pense. C’était abondant et constant. C’est ça qu’on a remarqué le plus. D’une journée à l’autre et d’une semaine à l’autre, beau temps, mauvais temps, c’était bon», décrit O’Neil Cloutier.

Au moment où Pêche Impact se préparait à aller sous presse, il restait encore quelques jours de capture dans la zone 21, couvrant le fond de la baie des Chaleurs dans la zone 20A, entre l’Anse-à-Brillant et le cap Gaspé, donc du côté sud de la péninsule de Forillon, et dans la zone 19, couvrant le secteur entre le cap Gaspé et Mont-Louis. À titre comparatif, en 2022, les prises ont atteint 4 263 tonnes métriques et les revenus se sont établis à 75 millions $.

O’Neil Cloutier déplore qu’un suivi statistique ne soit pas disponible pendant la saison, ce qui est pourtant le cas pour le homard des Îles-de-la-Madeleine et pour le crabe des neiges un peu partout.

«On l’obtenait il y a quelques années. J’en ai fait part à Pêches et Océans Canada et on devrait avoir un rapport préliminaire des cinq premières semaines très bientôt. C’est certain que dans les six zones de la Gaspésie, c’est bon. Ceux (les pêcheurs) que j’ai rejoint m’ont dit que c’est bon partout, mais à quel niveau? Je ne peux répondre», assure M. Cloutier.

Lui-même homardier, il assure que sa saison s’est très bien déroulée. «C’était ma meilleure année, absolument. Les conditions climatiques ont été exécrables. On a eu beaucoup de vent du secteur nord-est régulièrement tout le long de la saison. C’est rare. Habituellement en juin, ça aurait dû être du vent de sud-ouest, mais le vent du sud est arrivé à la fin de juin, enveloppé par la brume. Les huit dernières journées de pêche se sont passées dans le brouillard mais malgré ça, on a eu de bonnes captures», décrit-il.

«J’ai quand même pêché 66 jours sur 68 mais dans mon quai, certains pêcheurs ont perdu 12-13 jours, comme les homardiers du secteur compris de Cannes-des-Roches jusqu’à l’obélisque du rocher (Percé). Ils ont subi des pertes de casiers, mais leurs débarquements ont quand même été supérieurs à l’an passé», précise O’Neil Cloutier.

Il est satisfait des prix versés en 2023. «Il a monté à plus de 8 $ lors des deux dernières semaines, 8,16 $ lors de la neuvième semaine et 8,25 $ lors de la dixième. Son plus bas niveau a été de 7,31 $ lors de la sixième semaine, pour augmenter sans cesse par la suite. C’est un bon prix, compte-tenu des circonstances mondiales. On n’a rien à redire», note M. Cloutier.

Lors des prochains mois, le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie se penchera sur divers dossiers touchant l’administration des pêches, dont le processus de réconciliation avec les Premières nations. À ce titre, O’Neil Cloutier tient à souligner la bonne entente régnant dans ses relations avec les communautés de Gespeg et de Gesgapegiag.

MISE EN MARCHÉ : LES PRODUITS VIVANTS S’ÉCOULENT TRÈS BIEN

Les vendeurs et transformateurs de homard gaspésien comme la compagnie E. Gagnon et Fils ont reçu des quantités massives du crustacé dès le premier jour de débarquements, le 30 avril.

«Ça dépend des secteurs, pour les volumes de homard, parce qu’on est sur un grand territoire. Ce ne sont pas tous les secteurs qui ont augmenté, mais globalement, on va battre le record de 2021. Quand on regarde la tendance d’une année à l’autre, on voit une performance en dents de scie sauf que quand ça baisse, ça reste très bon mais quand ça monte, le bond est souvent spectaculaire», précise Bill Sheehan, vice-président de E. Gagnon et Fils, le plus gros acheteur de homard de la Gaspésie, avec un taux d’acquisition d’environ la moitié des prises.

Malgré un prix assez élevé, vraisemblablement le troisième plus élevé de l’histoire en termes nominaux, les usines n’ont éprouvé aucune difficulté à vendre leur homard.

«Il y a beaucoup de homards vivants qui se transigent. En Ontario, c’est moins fort par contre, mais c’est une bonne année dans le homard vivant. C’est plus difficile du côté de la transformation. Les grosseurs dans les queues de homard posent un petit problème. Elles sont souvent plus petites que le marché les voudraient. Il reste un peu d’inventaires», signale M. Sheehan.

Le prix du homard a aussi été satisfaisant, tant dans le marché des produits vivants que dans celui des produits congelés. L’augmentation de fin de saison est un phénomène observable depuis quelques années, dit M. Sheehan, en raison de l’importance grandissante de consommation du crustacé lors des jours fériés débutant avec la Fête nationale du Québec, suivie par la Fête du Canada et la Fête de l’Indépendance américaine, le 4 juillet.

«Dans le vivant, c’est le prix du plan conjoint. Tu n’as pas le choix. Le prix du plan conjoint est fait en conséquence du homard vivant. S’il y en a trop sur le marché, tu vends moins cher. Tu n’as pas le choix, il est vivant, il est périssable. Le volume a augmenté ici, au Québec, mais il a baissé ailleurs. Le Nouveau-Brunswick a augmenté la mesure légale de ses captures et il y a eu beaucoup de vent, deux facteurs qui ont réduit les prises. En Nouvelle-Écosse aussi, ils ont perdu des jours de pêche en raison de la météo», souligne Bill Sheehan.

«Ces facteurs-là ont aidé la mise en marché du homard du Québec. Aux Îles-de-la-Madeleine, les débarquements ont été très forts aussi», note-t-il.

Les débarquements aux Îles-de-la-Madeleine ont légèrement dépassé 15 millions de livres lors des neuf semaines de la saison. En Gaspésie, si le record de 4 719 tonnes métriques de 2021 est battu, le total des livraisons à quai dépassera conséquemment le cap des 10,4 millions de livres.

Cette année, les différentes divisions de la firme E. Gagnon et Fils prendront livraison de près de 6 millions de livres de homard, en comptant la pêche encore active le 10 juillet et les prises de Gaspésiens évoluant à l’île d’Anticosti.

LA GASPÉSIE – page 4 – Volume 36,3 Juin-Juillet-Août 2023

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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