samedi, avril 27, 2024
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2023 a été marquée par un fort rythme de captures, mais par un bas prix du crabe des neiges

La saison 2023 de pêche au crabe dans le sud du golfe Saint-Laurent a été marquée par un fort rythme de captures, mais par un prix très bas, si on le compare aux dernières saisons. Par contre, les surplus de produits invendus découlant de la saison 2022 ont fait plonger le prix au débarquement de 6,71$ la livre il y a un an à 2,25 cette année. C’est trois fois moins!

Les 31 698 tonnes métriques du total admissible des captures ont été capturées avant la fin de saison 2023. Le début de saison relativement hâtif, en vertu d’un signal du départ donné le 11 avril, a grandement aidé les pêcheurs, précise le président de l’Association des crabiers gaspésiens, Daniel Desbois.

«Au niveau de la capture, on a eu une très bonne saison. En général, ça a vraiment bien été. On a commencé assez tôt et les prises étaient abondantes, surtout au début. Quand tu commences bien, tu as du temps pour capturer une bonne partie du quota avant l’arrivée des baleines noires», aborde M. Desbois.

Cette espèce a considérablement affecté les pêches depuis 2017, à un point tel que les crabiers du sud du golfe ont fait des pressions considérables auprès du ministère fédéral des Pêches et des Océans afin que la capture s’amorce le plus rapidement possible au printemps.

«Elle (la baleine noire) n’a pas affecté le banc de Bradelle, aux Îles-de-la-Madeleine. Elle s’est dirigée surtout vers le sud-est, vers l’île Miscou, et vers le sud-est de l’île Bonaventure. On dirait qu’à tous les ans, elle se rend sur d’autres territoires. Elle est rentrée tranquillement dans le golfe, peut-être parce que la température de l’eau est restée froide plus longtemps que l’an passé. On aurait pu commencer la pêche une semaine avant, et facilement», ajoute Daniel Desbois.

Le prix au débarquement a toutefois subi toute une chute, les 2,25 $ la livre du début de saison étant maintenus par les transformateurs jusqu’à sa conclusion. Ce prix s’est appliqué aux pêcheurs détenant des bateaux munis d’une cale à glace, alors que les crabiers équipés d’une cale à eau ont obtenu 2,50 $ la livre.

«Le prix a été plus que catastrophique, vraiment pas bon. L’année a été assez difficile. On ne veut pas que ça se reproduise plus que ça. Il faudra prendre des décisions. Ça ne valait pas la peine pour tout le monde d’aller pêcher avec un prix comme ça», souligne M. Desbois.

Du côté de la transformation, Bill Sheehan, vice-président de la firme E. Gagnon et Fils, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, a aussi noté un fort rythme de capture en début de saison.

«Quand tu réussis à aller chercher une semaine en avril, tu as cinq fois plus de chances de prendre tout le quota de crabe, quand il est élevé comme cette année. On était prêts à commencer le 1er avril en Gaspésie. On a commencé le 11 avril. On avait capturé presque 25 % du quota après une semaine, et 33 % après deux semaines. Quand les baleines sont arrivées, des pêcheurs achevaient de prendre leur quota», dit-il.

«Ça a bien été, côté captures, mais les conditions de marché ont été plus difficile. Il fallait un «reset» (re-brasser les cartes). Ce n’est pas le niveau de prix qu’on voulait. On a quand même été avantagés parce que tout était presque écoulé quand Terre-Neuve a décidé d’aller à la pêche», signale M. Sheehan, en faisant référence au bras de fer qui a opposé les crabiers et les transformateurs terre-neuviens pendant plusieurs semaines à l’amorce de la saison.

«Ça n’aurait pas été joli si Terre-Neuve avait décollé en même temps que nous. Il s’est pêché 80 millions de livres de crabe des neiges chez nous, et il y en avait 120 millions du côté de Terre-Neuve. Ça aurait mis une grosse pression à la baisse sur le prix si la pêche avait commencé en même temps», poursuit Bill Sheehan.

«Le marché s’est maintenu (grâce à ce décalage entre le début des deux captures). Dans les négociations avec les acheteurs des États-Unis, on se faisait dire constamment que «Terre-Neuve va commencer la semaine prochaine». En gros, on a eu une année normale. En 2022, ça avait été plus difficile. On a senti qu’on avait récréé une demande à des prix pas chers cette année», analyse-t-il.

À propos du prix de base de 2,25 $ la livre, Bill Sheehan spécifie que «ça a commencé là et ça s’est terminé là, Reste à voir s’il y aura des ajustements».

Le taux de change a été avantageux, en gros, dit-il. «Il est passé de 1,37 $-1,38 $ (canadien par dollar américain) à 1,32 $- 1,33 $. On a perdu 5 à 6 %. On ne sait pas là aussi s’il y aura des ajustements à venir, mais c’est secondaire pour nous parce que tout a été vendu. Ceux à qui il reste des inventaires tentent peut-être une stratégie pour garder du produit au cas où le taux de change serait plus avantageux. C’est un risque. À 1,38 $, comme c’était en début de saison, c’est comme un bonus, mais on s’entend que ce n’est pas une courbe normale. Ça ne peut durer, un taux de change à 1,38 $. On en profite quand ça passe. Ça a compensé pour les prix faibles. Si le taux de change avait baissé à 1,20 $, ça aurait signifié une baisse de 17-18 % du prix. Le prix au pêcheur n’aurait pas été de 2,25 $, mais 1,95 $», explique Bill Sheehan.

Bill Sheehan mentionne d’autre part que les longs pourparlers ayant retardé l’ouverture de la saison de pêche au crabe des neiges dans la zone 16, de la Côte-Nord, la seconde plus importante zone du Québec, ont aussi avantagé le secteur du crabe du sud du golfe Saint-Laurent, puisqu’une bonne quantité de crustacé est entré avec un décalage sur les marchés américain et japonais.

Les fortes quantités de crabe transformées en 2022 et restées invendues à la conclusion de l’année ont, par contre, nui à l’atteinte d’un meilleur prix en 2023.

«Les acheteurs du côté américain et les Japonais étaient bien placés. Les inventaires invendus donnaient de plus gros volumes. Les acheteurs négociaient en étant au courant de cette réalité. Les inventaires de 2022 ont décollé au prix de 2023, donc à perte. On pourrait dire que c’est l’année du consommateur», résume Bill Sheehan.

Du crabe payé aux pêcheurs presque 7 $ la livre en 2022 a souvent trouvé preneur à environ 4,75 $ américains, ou environ 6,50 $ canadiens, une fois transformé.

«Une partie du crabe de 2022 et le crabe de 2023 ont souvent été vendus simultanément sur les marchés. C’est surtout à partir de janvier que le crabe de 2022 a été vendu. Il nous restait 75 % de l’inventaire de 2022 au 31 décembre. À partir de ça, tu vois les prix baisser», observe M. Sheehan.

Il n’est pas certain que la baisse vertigineuse du quota en Alaska au cours des dernières années et le présumé effet de rareté qui devrait en découler aient eu un effet positif sur l’écoulement de crabe des neiges venant du golfe Saint-Laurent. Le quota d’Alaska a baissé de près de 95 % depuis le tournant des années 2010.

«Il ne reste pas un gros quota en Alaska, mais c’était et ça reste un volume pour le marché américain. Au début, on pensait que c’était une bonne nouvelle. Avec la fermeture ou presque de la pêche en Alaska, il n’y presque plus de crabe américain sur le marché des États-Unis. Les Américains sont très patriotiques. Pour eux, c’est le homard qui remplace le crabe et ce homard, ça vient du Maine, même si ça vient souvent d’ici. Notre homard débarque aux États-Unis et ils pensent qu’il vient du Maine. Ils ont fait tout une job de promotion du homard aux États-Unis. Je pense que ça (le travail de promotion du homard) nuit plus que les 4-5 % de crabe des neiges qui restent en Alaska», analyse de nouveau Bill Sheehan.

L’usine de la firme E. Gagnon et Fils de Sainte-Thérèse-de-Gaspé a transformé près de     12 millions de livres de crabe en 2023. Près de 650 personnes travaillent pour toutes les divisions de l’entreprise pendant la période de pointe de la saison.

Selon les données préliminaires disponibles le 6 juillet, les taux de captures des contingents rattachés à chaque zone s’établissaient à 99,17% pour les crabiers traditionnels évoluant dans la zone 12 du sud du golfe, à 105,71% pour les Premières nations, à 104,53% pour les pêcheurs détenant un permis de la catégorie «Nouvel accès», à 99,36% pour les pêcheurs évoluant dans la zone 12F. Un total de 353,4 tonnes avait été capturé en trop. Il existe un mécanisme d’équilibrage en cas de dépassement de contingent.

LE SUD DU GOLFE – page 9 – Volume 36,3 Juin-Juillet-Août 2023

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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