Pêcheries SBL a finalement trouvé un plan B pour son projet de vivier à homard d’une capacité de 240 000 livres à Grande-Entrée. On se rappellera que son projet initial soulevait le mécontentement de certains voisins du secteur résidentiel visé, parce qu’il impliquait un changement de zonage (Pêche Impact juillet 2022). Pour accélérer son avancement et éviter les délais d’un processus municipal de consultation référendaire, l’entreprise s’est plutôt tournée vers l’acquisition d’un bâtiment qui servait jusqu’à tout récemment à la construction de bateaux, toujours en zone résidentielle, mais bénéficiant d’un droit acquis à usages dérogatoires.
«La Municipalité a adopté la dérogation pour la construction du vivier sur le nouveau site retenu, puisque l’impact de son usage sera moindre pour le voisinage, en termes de bruit et d’odeurs en particulier, que ne l’étaient les activités de construction de bateaux», affirme le maire intérimaire Gaétan Richard.
Pour sa part, Stéphane Filion, copropriétaire des Pêcheries SBL, souligne que sitôt cette dérogation adoptée au début août, il a pu conclure une entente de financement avec Investissement Québec. Cette dernière lui accorde un prêt d’un million de dollars, ce qui représente la moitié des coûts, estimés à 2 millions $. Le dossier est réglé et approuvé, se félicite-t-il. La banque nous finance l’autre moitié et les travaux débutent dès cet automne. La coulée de la fondation est prévue pour octobre, tandis que le bâtiment en acier préfabriqué devrait nous être livré pour le mois de novembre.»
DEUX BASSINS
Le vivier de Pêcheries SBL comportera deux bassins alimentés en eau de mer oxygénée et réfrigérée à 2 ˚C. Reste à déterminer si Environnement Québec lui autorisera la construction d’un puits d’eau salée à même son terrain, ou l’installation d’une prise d’eau temporaire dans la lagune située approximativement à 175 mètres plus loin. «On préférerait le creusage d’un puits, avec une cabane de pompage à côté de notre bâtiment, parce que l’eau serait déjà à 6 ˚C, explique M. Filion. On aurait une économie d’énergie à la réfrigérer, tandis que l’eau de la lagune, quand elle monte à 15 ˚C, on a quasiment 12 ˚C à aller chercher. Le puits, lui, il est toujours à 6 ˚C, ce qui fait qu’à long terme c’est sûr que ce serait une bonne économie d’énergie.»
Pour l’instant, Pêcheries SBL peut compter sur les approvisionnements de 23 pêcheurs. Stéphane Filion prévient toutefois qu’il n’envisage pas en recruter plus de sept autres, pour un maximum de 30. «Beaucoup de pêcheurs viennent nous offrir leurs services, dit-il. Mais pour nous, 25-30 c’est un seuil opérationnel qui nous convient. C’est important d’avoir une bonne relation d’affaires avec chacun, pour faire une belle business sans stress, et de garder le contrôle pour ne pas surcharger notre vivier, afin de faire une bonne rotation du homard.»
Rappelons que Pêches et Océans Canada a avisé Les Pêcheries SBL qu’il lui interdira l’accès à son vivier naturel à l’entrée du havre de Grande-Entrée, l’an prochain, en raison d’un manque d’espace lié à l’élargissement des bateaux de la flotte côtière.
DÉVELOPPEMENT – page 27-1 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022
