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Les sites aquacoles sont fréquentés par le homard, mais seulement pour une courte durée

Bien qu’attiré par les sites d’élevage des moules, le homard ne s’intéresse pas vraiment à ce mollusque, selon une nouvelle étude de Pêches et Océans Canada. Cette étude menée par le chercheur Chris McKindsey de l’Institut Maurice-Lamontagne, spécialisé en impacts sur les écosystèmes marins, fait suite à une première recherche menée en 2014 en collaboration avec le département de biologie de l’Université Laval, qui démontrait que les crustacés sont plus nombreux à l’intérieur d’un rayon d’un ou deux kilomètres des sites aquacoles. C’est parce que les homards y trouvent une nourriture facilement accessible, en mollusques tombés sur le fond, de même que des abris aux côtés des blocs de ciment servant d’ancrage aux filières d’élevage.

Or, des travaux subséquents, que M. McKindsey a menés tant aux Îles-de-la-Madeleine que dans les provinces maritimes, et qui font l’objet d’un article présentement sous presse dans la revue Aquaculture Environnement Interactions, démontrent que les homards n’y sont que de passage.

EFFET PEUR ?

Le chercheur de l’IML est arrivé à cette conclusion en suivant les déplacements des crustacés grâce à un émetteur de bruit, d’environ 1 cm de longueur, qu’il a collé sur leur carapace. L’expérience a d’abord été menée sur 60 homards capturés dans la Baie de Plaisance en 2014, puis remis à l’eau munis de leur émetteur collé avec de la Krazy Glue.

«Tous les homards qu’on avait tagués étaient partis à l’intérieur de 24 heures, relate-t-il. On n’avait pas trouvé ça très drôle! Mais ils sont revenus au fur et à mesure, de temps en temps, mais ils n’étaient toujours que de passage. C’est pourquoi je dis que ça ne les intéresse pas de rester là.»

Chris McKindsey raconte toutefois que l’expérience a dû être reprise, cette fois en 2017, lorsqu’un membre du panel de scientifiques chargés d’évaluer son manuscrit avant publication a suggéré que les homards soient partis sitôt relâchés sur le site aquacole parce que leur capture et l’installation des émetteurs acoustiques les avait traumatisés. «C’est quand même un choc pour leur système de les capturer dans des cages, de les remonter à la surface, puis de sabler leur carapace, mettre de la Krazy Glue et coller ça sur leur tête», expose le chercheur.

Pour vérifier cette hypothèse de « l’effet peur », qui aurait poussé les homards à fuir les sites aquacoles, la première méthode de marquage a été comparée à une seconde moins invasive. Ainsi, tout comme en 2014, 25 homards ont été remontés à la surface puis relâchés sur les fonds une fois leur émetteur acoustique en place. D’autre part, un nombre égal de crustacés ont été capturés en plongée, et gardés en captivité sur le fond, le temps que l’on fixe l’appareil de détection des ultrasons, sur une pince, avec une attache autobloquante de type Tyrap.

«Il n’y a pas eu de différence dans le résultats, a pu conclure M. McKindsey. Ils sont tous partis, peu importe la procédure de marquage.»

VERS LE NORD-EST

Un élément particulier qui a été remarqué, lors de ces expériences, c’est que les homards qui avaient été relâchés à environ un kilomètre à l’extérieur des sites aquacoles de la baie de Plaisance, sont tous partis vers le nord-est de l’archipel madelinot. Chris McKindsey raconte que ce suivi a été possible grâce à 10 hydrophones qui avaient été placés au centre du site et à 20 autres, répartis en nombre égal de chaque côté, à l’est et à l’ouest de l’aire d’élevage mytilicole.

«Les animaux qu’on a relâchés à l’intérieur du site, sont partis dans toutes les directions possibles, et dès qu’ils sont sortis du site aquicole ils sont partis dans la direction nord-est eux aussi! On ne sait pas pourquoi, mais on constate qu’ils font leur migration dans cette direction-là au printemps. Et l’hiver, ils reviennent vers le sud-ouest.» Un pêcheur questionné à cet effet, ne s’en déclare pas surpris. «L’été, le homard va vers des eaux plus fraîches et puis il revient vers les eaux plus chaudes pour l’hiver», nous a-t-il expliqué.

Cela dit, Chris McKindsey a constaté que les homards restent plus longtemps sur les sites d’élevage de moules de l’Île-du-Prince-Édouard, que sur ceux des Îles. Dans la province voisine, 50 % des crustacés marqués sont restés pendant une moyenne de 20 jours à l’abri des structures d’élevage, alors que l’autre moitié est repartie presque sitôt arrivée. Est-ce parce qu’ils y ont trouvé plus de nourriture que sur les sites aquacoles de la baie de Plaisance? «Non, au contraire, nous répond le chercheur. Il y a moins de dégrappage de moules à l’Île-du-Prince-Édouard, je dirais. Peut-être parce que c’est moins exposé. Aux Îles, quand je plonge, il y a des moules partout.»

PROPORTION DE MOULE DANS LA DIÈTE

D’autre part, le spécialiste de l’IML en interactions environnementales note que les gros homards se nourrissent davantage de moules sur les sites aquacoles que les petits. Ces derniers se nourrissent  à 99 % de crabe commun, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur des sites aquacoles. Les gros homards, eux, changent plutôt de régime alimentaire une fois sur les sites aquacoles.

C’est ce que révèle une autre étude menée aux Îles en 2017, puis en bassin en 2018, et qui a fait l’objet d’une publication dans la revue Marine Environnement Research en 2019. Il en ressort qu’à l’extérieur des sites aquacoles, les moules sauvages ne comptent que pour 15 % du régime alimentaire des homards de plus 80 mm de longueur du céphalothorax. En revanche, une fois à l’intérieur des sites aquacoles, ils consomment autant de moules que de crabe commun, dans des proportions respectives de 46 % et 47 %.

Selon M. McKindsey, les petits homards seraient moins intéressés par les moules d’élevage par souci d’éviter la compétition avec les plus gros individus, qualifiés d’opportunistes. C’est que la densité de homards à l’intérieur des sites aquacoles est près de 10 fois plus importante qu’à l’extérieur. On y dénombre 900 crustacés par hectare, contre 100 individus par hectare à l’extérieur des fermes marines. De plus, bien que les gros homards passent plus de temps sur ces fermes que les petits, tous se déplacent sur une distance moyenne de trois kilomètres par jour.

ENVIRONNEMENT – page 26 – Volume 35,4 Septembre-Octobre-Novembre 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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