mardi, avril 30, 2024
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Bilan de la chasse aux phoques gris : un millier de mammifères marins capturés en trois expéditions

Les chasseurs de loup-marin des Îles-de-la-Madeleine ont capturé un millier phoques gris, en trois expéditions de la fin janvier à la mi-février. L’équipage de 12 hommes du JEAN-MATHIEU, dont le capitaine Denis Éloquin et le chasseur-boucher Réjean Vigneau, a notamment mis le cap sur les îles Pictou et Henry, respectivement situées dans le détroit de Northumberland entre l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, et au large du Cap Breton. En quatre jours, ils n’ont capturé 900 juvéniles d’un poids moyen de 100 livres chacun, soit environ 25 % de moins que prévu.

«Habituellement, on fait en moyenne 350 captures par jour, raconte Réjean Vigneau. Mais ce qui a nous ralenti, c’est l’opération d’une dégraisseuse, à bord du bateau, pour Total Océan. C’était la première fois qu’on l’utilisait pour séparer le gras des peaux et ça n’a pas fonctionné aussi bien qu’on l’aurait souhaité; on a perdu du temps dans les ajustements. On a fini par faire le travail à la main; c’était plus efficace.»

D’ailleurs, M. Vigneau précise que le délardage manuel des peaux a permis de récupérer plus de gras qu’à l’aide de la machine qui fonctionne à l’hydraulique. Il parle d’un rendement de 30-35 livres par fourrure, contre 20-25 livres avec la délardeuse. «La délardeuse fait quand même un travail impeccable, nuance-t-il. Il nous faut juste du temps pour l’apprivoiser.»

ÎLE BRION

D’autre part, l’escouade du JEAN-MATHIEU a participé à la deuxième saison consécutive de chasse commerciale sous supervision scientifique du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques du Québec (MELCC) à l’île Brion. L’objectif ministériel est de documenter l’impact de la chasse sur l’écosystème de la réserve écologique, déjà fragilisé par la présence croissante de phoques gris dans le secteur, afin d’y encadrer une éventuelle chasse hivernale de long terme pour en réguler la population, tout en favorisant les retombées économiques de l’industrie du loup-marin.

L’an dernier, seuls 160 animaux y avaient été capturés par l’équipage du navire côtier CPT’N WILLIAM, du capitaine Jonathan Vigneau. Ce dernier en a récolté 50 % moins cette année, à des fins de consommation personnelle, tandis que l’escouade du JEAN-MATHIEU a atteint un rendement de 400 têtes, afin d’approvisionner la Boucherie Côte à Côte en viande et Total Océan en gras. «C’est une bonne journée de chasse, commente Denis Éloquin. On aurait voulu chasser davantage, mais les loups-marins étaient tous dans des zones fermées; seulement 10 % du terrain de chasse de l’île Brion nous était accessible.»

Cela dit, pour cette expédition de plus grande envergure, le MELCC a jusqu’à autorisé l’utilisation de véhicules tout-terrain (VTT) afin aider au transport des prises. «On ne peut pas tirer autant de bêtes à bout de bras, explique le directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ), Gil Thériault. Et sur les plages, avec le peu d’activités biologiques qu’on y voit à ce temps-ci de l’année, on ne pense pas que ça va laisser de traces, dit-il. Du moins, c’est justement ce qu’on cherche à valider, avec le suivi scientifique qui se fait tant pendant la chasse que l’été suivant.»

D’ailleurs, selon la porte-parole du MELCC Caroline Cloutier, une proposition devrait bientôt être soumise au ministre Benoît Charette, à l’effet d’octroyer un statut de «milieu naturel désigné par un plan» à la superficie de plage qui serait retirée de la réserve écologique, «dans l’optique de permettre une activité de chasse commerciale durable sans la présence obligatoire d’observateurs scientifiques».

Mme Cloutier explique qu’un tel milieu naturel désigné par un plan bénéficierait d’un statut de protection légal. «Il serait composé de deux secteurs dans lesquels diverses activités seraient permises sous réserve de respecter certaines conditions et d’obtenir une autorisation préalable du MELCC, fait-elle valoir. Un premier secteur permettrait uniquement la chasse aux phoques commerciale hivernale et un second permettrait des activités récréatives estivales à faible impact sur les écosystèmes, où, en cas de conflit d’usage, c’est la protection de la biodiversité qui primerait.»

TOTAL OCÉAN

Enfin, de son côté, François Galulin, directeur général de Total Océan qui récupère le gras afin d’en extraire une huile riche en oméga-3, se félicite d’avoir enfin reçu le distillateur moléculaire commandé à l’été 2020, comme pièce maîtresse de son usine ultra spécialisée. L’équipement fabriqué sur mesure par une compagnie américaine établie en Chine a été livré en novembre, soit trois ans et demi après l’annonce des premières subventions provinciales totalisant 350 000 $ pour aider à son achat. Depuis, le ministère fédéral des Pêches (MPO) y a également contribué pour une somme de plus de 628 000 $ par le biais du Fonds des pêches du Québec, tandis que la Banque de développement du Canada a cautionné un emprunt pour l’investissement global de 2,3 millions $.

M. Gaulin précise que ses approvisionnements en gras sont présentement congelés, le temps que l’installation du distillateur soit complétée. «Les travaux vont bon train et il nous restera ensuite à faire quelques tests sur les équipements pour nous assurer que tout fonctionne bien, avant de débuter nos opérations, vers la fin mars, début avril», dit-il.

Total Océan débutera par une production dite ciblée, afin d’honorer les contrats d’achat conclus par son «bras commercial» SiliCycle. «Nous, on fabrique de l’huile et on la vend à des gens qui veulent en faire un produit fini, explique M. Gaulin. Au Québec et au Canada, il reste encore à faire connaître les bienfaits de la chasse aux phoques et de l’huile; je pense que la consommation va augmenter. Mais je dirais qu’au moins 50 % de la production va s’en aller à l’international parce qu’en Chine et au Japon, il y a déjà un engouement très marqué pour le produit. Leurs attentes sont très élevées.»

Le président du CA de Total Océan affirme que le distillateur moléculaire permettra de produire une huile incolore et inodore d’une qualité jusqu’ici inégalée sur le marché. «Tous les tests de laboratoire nous le démontrent, assure-t-il. Quand on compare à des produits finis ce qu’on est capable de faire avec nos équipements, il n’y a pas de comparaison. Nos concentrations sont plus importantes; la pureté, l’absence d’oxydation, tout est mieux.»

François Gaulin s’approvisionnera aussi en gras de phoques du Groenland de Terre-Neuve, ce printemps, afin de soutenir sa production. Il vise ainsi un total de 10 000 loups-marins, pour en extraire de 150 000 à 200 000 litres d’huile, principalement destinée à des transformateurs japonais et chinois.

Enfin, signalons que Denis Éloquin, qui est notamment actionnaire de Total Océan, annonce avoir participé à sa dernière saison de chasse aux loups-marins. Il explique qu’il veut désormais se concentrer sur la pêche, d’ici à sa retraite. Il ne veut pas, non plus, risquer d’abîmer le JEAN-MATHIEU aux glaces; un navire d’acier sur lequel il a fait réaliser des travaux majeurs ces deux dernières années, pour faire porter sa longueur de 65 à 79 pieds et augmenter sa capacité de cale. «Disons que la pêche au sébaste m’intéresse beaucoup, dit-il. Et tu ne peux pas vraiment faire les deux; le bateau doit être prêt pour le sébaste tant au printemps qu’à l’automne. Et puis j’ai beaucoup moins d’intérêt pour le phoque qu’avant; ça fait 20 ans qu’on n’a pas arrêté d’aller à la chasse avec le JEAN-MATHIEU. Et là, je pense qu’il y a des jeunes pour prendre la relève; je passe le flambeau à d’autres.»

REPÈRE – page 27 – Volume 35,1 Février-Mars 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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