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Après plus de 40 ans d’enseignement et de recherche, Jean-Claude Brêthes prend une retraite bien méritée

Le professeur en océanographie biologique, Jean-Claude Brêthes, a pris sa retraite le premier juin, après plus de 40 ans d’enseignement à l’UQAR-ISMER (Université du Québec à Rimouski – Institut des sciences de la mer).    

Lui-même formé à l’Université Aix-Marseille en océanologie, le Français d’origine est arrivé au Québec dès son doctorat en poche en 1978, ayant été retenu suite à un appel de candidatures pour un poste de professeur en biologie des pêches. Il raconte que c’est à l’Office national des pêches du Maroc, où il a d’abord travaillé après sa maîtrise, qu’il a développé son expertise en sciences halieutiques et en dynamique des espèces exploitées.

«L’océanographie, c’est l’observation et la description des phénomènes naturels, tandis que l’océanologie ajoute l’impact des activités humaines, comme la pollution et la pêche», explique M. Brêthes.

1ER AU QUÉBEC    

À l’époque, il était le premier dans le milieu universitaire québécois à être spécialisé en pêche et en dynamique des espèces exploitées. «À part les grands experts du ministère des Pêches et des Océans (MPO), qui étaient principalement basés à Halifax, Ottawa et Vancouver, j’ai été longtemps seul, dit-il. Au début des années 1980, les chercheurs du MPO au Québec faisaient surtout de l’écologie marine, plutôt que de la science halieutique.»

Jean-Claude Brêthes précise que le crabe des neiges a été son espèce de prédilection pendant une bonne dizaine d’années. C’est une espèce pour laquelle il n’y avait que peu de travaux, quand il a commencé à s’y intéresser avec un confrère de l’UQAR, le regretté Gaston Desrosiers qu’il qualifie d’écologiste pur et dur. «L’exploitation commerciale du crabe commençait tout juste. J’ai trouvé intéressant de coupler les deux intérêts pour l’écologie et l’halieutique», indique le chercheur.

Puis, avec le développement des pêcheries, sont arrivés les Mikio Moryasu, Bernard Sainte-Marie, Louise Gendron et Peter Galbraith que nous connaissons bien au Québec maritime et qui partageaient l’intérêt de M. Brêthes pour leurs interactions avec les ressources ; «pour l’évaluation de la dynamique des espèces et la quantification des activités de prédation qui débouchent sur la gestion», souligne-t-il. Le biologiste océanographe de l’UQAR-ISMER a signé une soixantaine de publications scientifiques au cours de sa carrière, dont plusieurs en partenariat avec ces chercheurs du ministère fédéral des Pêches.

CRISE DU POISSON DE FOND

Le professeur a aussi été amené à siéger sur le Conseil canadien des ressources halieutiques (CCRH) créé en plein crise du poisson de fond, en 1993. Il en a d’ailleurs été le vice-président de 1995 à 2001. «Ç’a été une superbe expérience ; une expérience très intense et très enrichissante d’un point de vue humain, malgré ses résultats mitigés», affirme Jean-Claude Brêthes.      

C’est le CCRH qui a recommandé les moratoires sur les pêches commerciales de la morue du nord et du sud du golfe du Saint-Laurent. Dans le cas du sébaste, il n’en avait proposé qu’une réduction de quota «extrêmement importante», mais le MPO a quand même décidé de fermer la pêcherie parce que, selon les gestionnaires, c’était trop difficile à gérer, rappelle-t-il.  

«Entre 1993 et 1995, la moitié des stocks de poisson de fond de l’Est du Canada étaient sous moratoire. Au début, ce qui m’a un peu surpris, c’est que les pêcheurs étaient plutôt d’accord que la   situation était critique et donc, on n’a pas été trop attaqué à ce moment-là. Mais, c’est quand la situation a perduré, là, les pêcheurs ont commencé à perdre patience. J’ai assisté à des réunions très tendues.»

Cela dit, Jean-Claude Brêthes fait remarquer que les pêcheurs québécois sont généralement restés très polis. «Il n’y a pas eu d’insultes. Ailleurs, cependant, dans certaines régions des Maritimes, j’ai enrichi mon vocabulaire en anglais !»

C’est à cette époque aussi que la problématique de la prédation par les phoques a été soulevée au sein du CCRH. «La question du phoque était dans l’air; au début c’était surtout le phoque du Groenland, puis ça a englobé le phoque gris. On en a analysé les données didactiques et on a effectivement pointé les phoques comme un frein à la reconstruction des stocks, dont la morue était l’espèce emblématique.»

CHAIRE UNESCO

En 2010, le professeur Brêthes a été nommé titulaire de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins, seule chaire de recherche en Amérique du Nord consacrée à la conservation et à l’exploitation durable des ressources. C’est le gouvernement du Québec qui en a initié la création et qui a confié à l’UQAR le mandat de son développement, afin de favoriser la coopération Nord-Sud.

«Le programme de la Chaire UNESCO vise aussi à essayer de créer des relations entre les pays du Sud dans le domaine scientifique, dans un objectif de renforcement des capacités locales, de même que le développement de programmes de recherche et de formation», indique son titulaire.  

M. Brêthes note que le volet formation s’adresse tant au personnel scientifique qu’au public et aux intervenants, de sorte qu’on comprenne la démarche scientifique et que les gens comprennent mieux l’impact de leurs activités sur la biodiversité. «Une des grandes tendances actuelles, poursuit le biologiste océanographe, c’est d’impliquer les intervenants dans la recherche scientifique. Ça permet d’augmenter le niveau de connaissance, puisqu’on va chercher plus de données, et ça crée des liens plus étroits entre les pêcheurs et les scientifiques. Les pêcheurs ont ainsi plus confiance dans ce que font les scientifiques parce qu’ils ont un droit de regard.»

Jean-Claude Brêthes se félicite d’ailleurs «en toute modestie» d’avoir été à l’origine, en tant que vice-président du CCRH, des pêches sentinelles au poisson de fond dans le Golfe. «Les scientifiques aussi se forment au contact des pêcheurs, assure-t-il. J’ai beaucoup appris en allant sur les bateaux de pêche.»

PROFESSEUR ÉMÉRITE

Pour souligner la contribution exceptionnelle du biologiste océanographe pendant ses quatre décennies de carrière d’enseignement et de recherche, l’UQAR lui a décerné, début juillet, le titre de professeur émérite. «Le professeur Brêthes est un pionnier de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski, mentionne le recteur Jean-Pierre Ouellet dans un communiqué. Sa contribution au développement de l’offre de programmes en océanographie, à l’avancement des connaissances, des sciences de la mer et à la formation de la relève scientifique a été remarquable.»

Jean-Claude Brêthes accueille avec plaisir cette distinction. Il dit que sa fierté va à ses étudiants, dont «la plupart ont bien réussi». Mais aussi, le professeur émérite de l’UQAR-ISMER se déclare très fier d’avoir réussi à convaincre le milieu universitaire de l’intérêt des travaux interdisciplinaires regroupant les sciences humaines et naturelles. «Ça a pris du temps à émerger, mais maintenant c’est dans les mœurs, fait-il valoir. Dans le cadre du Réseau Québec-Maritime, les projets subventionnés doivent être multisectoriels. C’est maintenant obligatoire. Ça a pris une vingtaine d’années pour en arriver là; les idées mettent du temps à mûrir.»

Pour l’instant, le nouveau retraité n’a pas de projets particuliers, si ce n’est de poursuivre ses collaborations scientifiques à l’international, telles que l’évaluation de pêcheries à Madagascar. M. Brêthes continuera aussi son travail d’évaluateur de l’écocertification des stocks de homard des Îles-de-la-Madeleine et de la Gaspésie pour le compte du Marine Stewardship Council (MSC). Il vient d’ailleurs d’être nommé membre du collège des arbitres du MSC, pour la révision par les pairs des rapports d’évaluation soumis à l’organisme de certification de pêche durable.

REPÈRE – page 20 – Volume 33,4 Septembre-Octobre-Novembre 2020

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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