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Baisse des TACS pour les saisons 2022 et 2023 : amertume et grogne observées chez les crevettiers

Une diminution de 12 % de leur quota cette saison et de plus de 18 % prévue l’an prochain suscite l’amertume et la grogne chez les crevettiers de l’Estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Si l’impasse n’est pas dénouée, plusieurs bateaux risquent de demeurer à quai.

DIMINUTION DES TACS

Dans un avis aux pêcheurs publié le 29 mars, la ministre fédérale a annoncé un total autorisé de captures (TAC) intérimaire de 9 000 tonnes pour la présente saison, équivalant à 50 % de celui de l’an dernier.

Le 21 avril, la ministre a, par voie de communiqué, annoncé les TAC pour les saisons 2022 et 2023. Fixé à 15 812 tonnes pour cette saison, le TAC alloué accuse une baisse de capture de     12 % par rapport à l’an dernier. Pour l’année prochaine, la diminution est encore plus prononcée, alors que le TAC consenti sera de 14 524 tonnes, ce qui équivaudra à des prélèvements de 18 % moins élevés par rapport à 2021.

Les crevettiers considèrent que les baisses sont injustifiées et trop élevées. Si les pêcheurs s’attendaient à une diminution des captures, jamais ils n’ont pensé qu’elle serait aussi importante.

«On est très déçu et modérément surpris, confirme le directeur général de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec (OPCQ), Patrice Element. On est conscient qu’il y a eu une diminution de la biomasse dans les dix dernières années. Il y a des conditions supplémentaires dans l’écosystème qui augmentent le risque sur la biomasse; on parle de l’augmentation de la température, de la diminution du taux d’oxygène et de la prédation par le sébaste. Ce qu’on nous a dit, c’est qu’à cause de ces risques, on ne peut plus suivre l’approche de précaution et qu’il faut aller plus loin dans les coupures. C’est là que ça ne marche pas!»

PROTECTION DE LA BIOMASSE ET PÉRENNITÉ

M. Element fait une mise au point : tous les pêcheurs de crevette sont favorables aux réductions de quotas pour protéger la biomasse et assurer la pérennité des stocks. «Par contre, ils ne sont pas d’accord avec les scientifiques qui leur disent que, pour assurer la pérennité des stocks, il faut aller encore plus loin, en fonction de critères qui sont théoriques.»

De plus, les crevettiers savent que le sébaste mange 200 000 tonnes de crevette par année. «Qu’on pêche 1 000 tonnes de plus ou de moins, ça ne fait aucune différence sur la protection de la ressource, soutient le dirigeant de l’Office. Par contre, ça va faire une différence pour les pêcheurs, pour les travailleurs d’usines et pour les communautés maritimes qui en dépendent. Rivière-au-Renard est un très bon exemple.»

PRIX DU CARBURANT

Au facteur aggravant que représente la diminution des quotas s’ajoute l’inflation, particulièrement l’augmentation des coûts du carburant. «Si je compare le prix moyen payé par les pêcheurs de crevette l’année passée et le prix actuel, c’est plus que le double, estime le porte-parole de l’Office. Les crevettiers sont les pêcheurs qui utilisent le plus de carburant.»

Selon lui, la facture de diesel d’un crevettier moyen s’élevait, l’an dernier, entre   100 000 $ et 200 000 $. «Cette année, la facture sera de 150 000 $ de plus. Il n’y a pas un pêcheur, l’année passée, qui a eu une marge bénéficiaire de 150 000 $. C’est catastrophique parce que si on a moins de produits à vendre, c’est plus dur d’absorber les coûts fixes. Avec des prix de l’ordre de grandeur de l’année passée et le prix du carburant présentement, la majorité des gars vont perdre moins d’argent en restant à quai!»

La première préoccupation des membres de l’Office, selon son directeur général, repose sur une question : «Est-ce qu’on va avoir une saison?» Pour Patrice Element, une amélioration des conditions de marché est à prévoir. «Ça va prendre toute une amélioration des prix! Les transformateurs doivent aussi faire leurs frais. C’est l’enjeu. Les marchés de la crevette n’ont pas connu l’essor que d’autres espèces comme le homard et le crabe ont pu connaître dans les deux dernières années. Les marchés les plus importants pour la crevette nordique, c’est-à-dire l’Amérique du Nord et le nord de l’Europe, ont été difficiles. Cette année, ça va être mieux. Mais, les transformateurs ne le diront pas; on est en période de négociations.»

Le directeur général de l’Association québécoise des industriels de la pêche préfère ne pas s’étendre sur le sujet. «Ce serait dangereux de parler de crevette pour le moment, considère Jean-Paul Gagné. On a un problème!» À son avis, le marché ne pourra pas absorber l’augmentation des coûts pour les pêcheurs, dont le carburant. «On est en discussion avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour trouver une solution. Pour le moment, on ne peut rien faire.»

UNE COALITION RÉCLAME L’ANNULATION DES COUPURES DE QUOTAS

Une coalition formée de pêcheurs de crevette autochtones ainsi que de crevettiers de Terre-Neuve-et-Labrador, du Québec et du Nouveau-Brunswick dénonce la décision unilatérale de la ministre des Pêches et des Océans de réduire les quotas sans tenir compte de l’approche de précaution.

La coalition demande à Joyce Murray de revenir sur sa décision et de s’assurer que tout changement de l’approche de précaution soit effectué de manière collaborative par le groupe de travail déjà formé.

Le regroupement demande aussi de rencontrer la ministre Murray le plus rapidement possible. «On lui demande de suivre ses propres règles, c’est-à-dire de modifier les quotas en fonction des calculs qui sont encadrés par l’approche de précaution, explique Patrice Element. Si on regarde les décisions qui ont été prises par le ministère dans les derniers mois et la façon dont elles ont été prises et annoncées, ça ne fait pas preuve d’égard et de souci pour la vitalité des communautés maritimes. On espère avoir une rencontre, mais je ne serais pas surpris qu’on n’en ait pas.»

Selon le directeur général de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, un gouvernement ne peut pas décider de suivre ses propres règles seulement quand cela fait son affaire. «Il n’y a personne pour qui la protection et la pérennité de la ressource est plus importante que les pêcheurs. C’est notre gagne-pain! On a plusieurs jeunes qui ont acquis des entreprises de pêche à fort prix dans les dernières années. Ils veulent pêcher dans cinq, dix ou vingt ans. Les coupures supplémentaires faites par Pêches et Océans sont arbitraires et ne feront aucune différence sur la pérennité de la ressource.»

Pour le directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, la ministre ne gère pas les pêches du Canada de manière collaborative. «Ignorer les règles de gestion convenues sans consulter l’industrie est du jamais-vu et démontre que cette ministre ne se soucie pas de l’effet que ses décisions ont sur les personnes», soutient Jean Lanteigne.

Le président du syndicat Fish, Food and Allied Workers, Keith Sullivan, rappelle que la plupart des pêcheurs du golfe du Saint-Laurent sont limités à la pêche à la crevette et qu’ils n’ont pas d’autres pêcheries sur lesquelles se rabattre ni d’opportunités pour diversifier leur entreprise.

Depuis plusieurs années, les crevettiers du golfe participent à des projets scientifiques visant à étudier la faisabilité d’une nouvelle pêche au sébaste, dont la biomasse a explosé ces dernières années. Or, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) n’a pas encore indiqué si les pêcheurs de crevette pourront être les principaux bénéficiaires de cette ressource. «L’explosion de la quantité de sébastes dans le golfe rend impossible la progression de la quantité de crevettes, déplore le directeur général de Pêcheries UAPAN, Yan Tremblay. Nous savons que la ressource est en déclin. Nous voulons que la pêche soit gérée conformément à la pratique acceptée et non selon le caprice de la ministre!»

GASPÉ-NORD – pages 10-11 – Volume 35,2 Avril-Mai 2022

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