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Les homardiers madelinots toujours préoccupés par les mesures de protection des baleines noires

La saison de pêche au homard s’est mise en branle le samedi 7 mai, aux Îles-de-la-Madeleine, les Madelinots sont préoccupés par les mesures de protection des baleines noires menacées d’extinction.

Le président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI), Charles Poirier, déplore que la ministre des Pêches et des Océans, Joyce Murray, ait reconduit le protocole de fermeture des zones de pêche quand une baleine est détectée, sans tenir compte de la situation particulière de l’archipel. Le ministère lui avait pourtant laissé entendre, plus tôt cet hiver, qu’il serait d’abord invité à présenter sa proposition de rechange auprès du comité national sur les baleines. «La ministre est inaccessible, déplore M. Poirier. Elle n’a même pas accusé réception à nos multiples demandes de rencontre; c’est inadmissible! C’est comme si on n’existait pas.»

La proposition du RPPCI, détaillée dans un mémoire intitulé L’avenir de la pêche côtière en milieu insulaire et les baleines noires dans le golfe Saint-Laurent… des moyens d’adaptation et de cohabitation (Pêche Impact mars 2022), se résume à vérifier deux fois, à 24 heures d’intervalle, qu’une baleine est toujours dans le secteur, avant de décréter la fermeture de neuf quadrilatères d’environ 2 000 km² pendant 15 jours. «Toutes les baleines passent au large des Îles en rentrant dans le Golfe pour se nourrir, souligne Charles Poirier. Mais elles ne font que passer, justement, parce qu’il n’y a pas d’habitat propice pour elles, ici, dans la zone 22. Et c’est pourquoi on veut se donner la chance qu’une baleine, qui franchirait la ligne des 20 brasses autour des Îles, quitte le secteur rapidement.»

MAILLONS FAIBLES

Pour sa part, le vice-président de l’Inshore Fishermen Association (IFA), Kelly Clarke, constate que la frustration des pêcheurs devient de plus en plus grande, face aux mesures de gestion des baleines. «Le dossier soulève les passions et le ton monte; ça va aller en empirant», prévient-il.

Son organisation de 86 membres n’en est pas moins impliquée dans un projet de mise à l’essai d’engins de pêche à maillons faibles, cette saison. «Notre projet vise à déterminer le type de maillon qui est le plus approprié pour nous, explique M. Clarke. Nous ne voulons pas attendre de nous faire imposer quelque chose qui ne fonctionne pas. Et si rien ne fonctionne, il faudra trouver une alternative.»

L’objectif de l’IFA est de se conformer aux exigences américaines visant à réduire à zéro les risques d’empêtrement des baleines dans les cordages de pêche, sous peine de se voir fermer le principal marché des États-Unis. «Personne n’aime toutes ces mesures [de protection des baleines] et nous pourrions tenter de trouver de nouveaux marchés, dit-il, mais nous devons quand même protéger les baleines. Et je sais que beaucoup de travail nous attend d’ici novembre 2022, quand les Américains vont décider si notre homard est sur la liste des restrictions d’importation ou non.»

Le RPPCI va d’ailleurs participer aux travaux de l’Inshore Fishermen Association, bien que le concept des maillons faibles lui apparaisse à priori «néfaste» pour les homardiers de madelinots. «Avec la tension maximale de 1 700 livres que le MPO veut imposer à nos cordages à compter de l’an prochain, on sait qu’on va perdre nos engins, affirme Charles Poirier. C’est parce qu’on pêche sur des fonds plus ardus, que le courant est plus fort et que nos bateaux sont gros, que c’est plus difficile.»

Chose certaine, tous s’entendent pour dire que la fermeture de la zone de pêche au homard des Îles-de-la-Madeleine en raison de l’empêtrement d’une baleine noire serait une «catastrophe économique» pour la communauté. Selon les données préliminaires du MPO, les débarquements des 325 détenteurs de permis de la zone 22 totalisaient 5 438 tonnes métriques (près de 12 millions de livres), l’an dernier. Au prix moyen de 8,46 $ la livre, cela représente une valeur à quai globale de 102 millions $.

GESTION – page 12 – Volume 35,2 Avril-Mai 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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