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Bilan préliminaire de la saison de homard : d’impressionnants volumes et un prix record

Bien que les statistiques de débarquement soient encore à compiler, il ne faudrait pas se surprendre que le bilan de la saison 2021 dans le secteur du homard débouche sur des revenus totaux record pour les pêcheurs de la Gaspésie, sur la base d’un prix moyen supérieur à 8 $ la livre.

Au cours des sept premières semaines de capture, les homardiers gaspésiens ont reçu un prix uniforme de 8 $ la livre. Ce prix égalait le record payé lors d’une seule semaine en 2007. De plus, lors de la huitième semaine, les pêcheurs ont reçu 8,34 $, puis 9,80 $ lors de la neuvième semaine.

Roch Lelièvre, président de Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, attendait le prix de la dernière semaine de capture, quand Pêche Impact lui a parlé, le 2 juillet. Il s’attendait alors à un prix supérieur à 9,80 $ pour la dixième semaine.

«Même moi, j’ai été surpris par le prix de 9,80 $. Je n’exclus pas que le prix de la dernière semaine soit peut-être un peu mieux encore, mais je me suis déjà trompé» disait-il.

Pêche Impact apprenait le 5 juillet que le prix payé pour la dixième semaine de pêche a été de 10,75 $ la livre.

Quant au volume total livré par les 15 homardiers gaspésiens vendant leurs prises à l’entreprise de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, Roch Lelièvre note qu’ils ont probablement débarqué des prises inégalées.

«D’après moi, c’est un record. Je n’ai pas encore fait tous mes chiffres, mais ça a augmenté par rapport à l’an passé. La plupart des pêcheurs livrant ici ont dépassé de beaucoup les prises de 2020», note M. Lelièvre, en évaluant «aux alentours» de 700 000 livres le volume de homard gaspésien livré à son usine.

Environ 200 personnes y ont été mobilisées par la transformation du homard. La firme a aussi acheté les prises de 38 homardiers néo-brunswickois. Alors que le homard gaspésien est essentiellement vendu vivant aux grossistes et aux poissonneries, le crustacé néo-brunswickois est transformé.

«On a exporté sur le marché américain, en Europe, surtout en Espagne et aussi en France, en Corée du Sud et en Chine, mais moins que d’habitude pour le marché chinois», note Roch Lelièvre.

La très forte demande pour les crustacés en 2021 a notamment propulsé le prix de la chair de homard à 42 $ la livre au détail, une donnée que M. Lelièvre confirme.

«On a augmenté de 2 $ la livre en deux semaines le prix offert aux pêcheurs. Il faut aller le chercher quelque part. La demande est vraiment forte», assure-t-il.

CAPTURES ABONDANTES

Du côté de la capture, O’Neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie et homardier, a bien vu que les prises étaient abondantes en 2021, mais il est prudent quant à déterminer s’il s’agit d’une année record.

«On n’a aucune donnée de mi-saison et donc de fin de saison. On est en retard sur la réception des statistiques de Pêches et Océans Canada. Dans l’ensemble, les pêcheurs nous disent que c’est une fichue de bonne année. Personnellement, ma saison est très légèrement inférieure à 2020 et 2019 avait été bien meilleure en termes de volume», aborde M. Cloutier.

«Malgré que nous ayons eu de très mauvaises conditions de pêche, avec un vent constant, une mer agitée, des données bien meilleures qu’en 2019 ont été rapportées par certains pêcheurs. Le prix s’est amélioré de façon significative. Il faut remonter à 2007, un an avant le crash américain, pour voir un prix comme cette année, et c’était seulement pour une semaine, à 8 $», souligne-t-il, rappelant que la moyenne de prix en 2020 s’était établie à 5,05 $.

O’Neil Cloutier a de plus remarqué quelques éléments rassurants pour l’avenir. On a vu beaucoup de homards de taille inférieure, ce qu’on appelle des homards de taille 2. Pour donner une idée, le homard pêché, avec la taille minimale de 83 millimètres (au céphalothorax) est de taille 5. Le homard de taille 2 entrera dans la pêche dans cinq ans. Il y a en général beaucoup de petits homards, ce qu’on n’avait pas vu en 2020 lors de la pêche post-saison en 2020 réalisée par notre scientifique, Jean Côté», signale M. Cloutier.

CONDITIONS RÉUNIES

De son côté, Bill Sheehan, vice-président de la firme E. Gagnon et Fils, le plus gros acheteur de homard en Gaspésie, précise, comme Roch Lelièvre, que toutes les conditions étaient réunies pour favoriser un prix élevé en 2021.

«C’était vraiment une saison où autant dans le homard que dans le crabe, il n’y avait pas d’inventaire. On a commencé avec une pente assez raide, à 8 $ la livre, et on termine encore plus fort, avec 8,34 $ et  9,80 $ pour la semaine terminée le samedi 26 juin. Encore là, le taux de change aide. Encore une fois, les supermarchés ont sauté dans la danse et ont offert le homard en épicerie, comme en 2020. La hausse des dernières semaines vient du fait qu’on se dirige vers le 4 juillet, la fête de l’Indépendance américaine. C’est un peu comme la fête des Mères au Québec; beaucoup de homard va se vendre là sauf que les captures sont moins au rendez-vous en fin de saison pour nous autres. Ça reste bon, mais le jardin a pas mal été récolté», analyse M. Sheehan.

Il revient aux ventes au détail. «Les chaînes ont été au rendez-vous. On parle beaucoup de la fête des Mères, mais la fête des Pères a été assez bonne aussi», note-t-il.

Avec une pêche au crabe hâtive, le 3 avril, suivie par une amorce de pêche au homard le 24 avril, l’usine de E. Gagnon et Fils à Sainte-Thérèse-de-Gaspé a réussi à gérer les entrées massives de crustacés. La gestion des arrivages à l’usine est notamment facilitée par le fait qu’en début de saison, le homard est essentiellement vendu sur le marché du vivant. Quand les débarquements de crabe des neiges ont ralenti, il était possible de compenser en transformant une part graduellement plus importante de homard, indique Bill Sheehan.

«Il faut penser que les employés en usine ont besoin de semaines de travail. Ç’a beaucoup mieux travaillé (qu’en 2020), avec les pics de crabe et de homard en même temps. Quand presque 100 % du homard est envoyé sur le marché du vivant, quand on pousse tous sur le même marché, ça fait chuter les prix. Ce ne sont pas les mêmes clients, les mêmes réseaux de distribution. Le homard transformé, c’est du homard congelé, qui sera consommé pendant des mois. En vivier, le homard a une durée de vie limitée. Les prix baissent de 25 cents à toutes les 15 minutes quand il y en a trop sur le marché. Je pense que du côté transformation, on a vu une bonne saison pour tout le monde», précise-t-il.

Bill Sheehan concède que la chair de homard est dispendieuse, à 42 $, comme en fin de saison.

«Ce sont des prix historiques. La saison a commencé avec des prix qu’on n’avait jamais vus. On disait à nos acheteurs : «faites vos achats à court terme», mais le prix ne baisse pas. Les supermarchés sont entrés là-dedans. Ils savent bien que vendre deux livres de chair de homard à 84 $, c’est cher. Ils ont commencé à faire des portions. Ils achètent en format industriel. S’ils mettent en vente des portions de 80 ou 100 grammes à moins de  20 $, à consommer immédiatement, ils vont le vendre», dit-il.

«Encore une fois, il faut mettre dans la balance que les croisières, les casinos et les hôtels redémarrent. On l’avait vu venir, mais pas comme ça. On ne sait pas s’il y aura des ajustements dans les années à venir. Comme le bois, il y aura peut-être une réticence à payer ces prix. Contrairement au bois, on travaille avec des produits saisonniers, surtout. Il y a le Maine qui fournit le homard l’été, mais au Canada, c’est la saison du printemps, surtout. Il se fait au Nouveau-Brunswick un peu de pêche à l’automne, avec la Nouvelle-Écosse», souligne M. Sheehan.

Il est loin d’être certain que l’usine E. Gagnon et Fils va transformer du homard à l’automne.

«Je ne croirais pas qu’il va rester beaucoup de homard disponible pour nos usines. Tout est vendu ou pré-vendu, dans des entrepôts à Boston (…) La qualité du homard est meilleure au printemps. Le Maine est capable de transformer ses propres produits, contrairement à il y a 10 ou 15 ans. Il se pêche encore de bonnes quantités au Maine, même si c’est en baisse, donc il y aurait une guerre pour acheter ce homard. C’est de moins en moins intéressant, considérant qu’il faut rouler 1 000 kilomètres pour l’emmener et le renvoyer là après. On n’est pas avantagé dans ces conditions. De plus, nos employés ont eu beaucoup de travail cette année», conclut Bill Sheehan.

LA GASPÉSIE – page 6 – Volume 34,3 Juin-Juillet-Août 2021

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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