La biomasse du stock reproducteur de hareng de printemps de la zone 4-T du sud du golfe Saint-Laurent est stable à un seuil critique depuis 2004. Selon la dernière évaluation scientifique du ministère fédéral des Pêches publiée en mai, elle était estimée à près de 12 500 tonnes au début de l’année, en hausse de seulement 700 tonnes par rapport à 2017.
Le biologiste François Turcotte, de la direction régionale de Moncton, précise que même en l’absence de pêche commerciale, il y a de faibles chances que le stock augmente. «Entre 2010 et 2018, par exemple, l’abondance de poissons de quatre ans – c’est l’âge auquel les poissons vont entrer dans la pêcherie – donc, l’abondance était peut-être d’environ 10 millions de poissons. Mais historiquement, ces valeurs-là étaient beaucoup plus élevées. Entre les années 1990-2000, par exemple, on pouvait obtenir des valeurs de 300 millions de poissons d’âge quatre ans.»
Les relevés scientifiques démontrent également que le poids moyen des harengs en âge de se reproduire a progressivement diminué entre 1978 et 2011.
Il demeure faible depuis, ce qui est symptomatique du mauvais état de la population, explique M. Turcotte. «C’est un indicateur qu’il y a quelque chose qui se passe, dit-il. On parle d’un poids moyen à l’âge. Donc, est-ce que les gros poissons ont tous été pêchés dans les âges supérieurs, ce qui fait baisser la moyenne du poids à l’âge? Est-ce qu’effectivement tous les poissons sont plus petits au même âge? C’est un indice de qualité.»
Depuis 2009, le contingent de hareng de printemps du sud du golfe reste inchangé à 2 000 tonnes métriques. Or, cette année, il n’a été capturé qu’à 21 %. Selon les données préliminaires de Pêches et Océans Canada, les prises globales sont passées de 969 à 427 tonnes; soit une baisse de 55 % par rapport à 2017. En revanche, les captures 2018 de hareng de printemps de la zone 16-D autour des Îles-de-la-Madeleine étaient de sept fois supérieures à ce qu’elles étaient l’an dernier, avec un total de 3 470 kilos. Les rendements par voyage sont eux-mêmes passés de 7,4 à 36,5 kilos.
Quant au hareng d’automne de la zone 4-T du sud du golfe, sa biomasse reproductrice est passée de la zone saine à la zone de prudence, ces dernières années. Les taux de recrutement des cohortes 2012 et 2014 se situent parmi les plus bas observés. Au début de 2018, la biomasse du stock reproducteur d’automne s’établissait à 112 000 tonnes, contre un point de référence supérieur de 172 000 tonnes.
EN BREF – page 27-2 – Volume 31,4 – Septembre-Octobre-Novembre 2018