samedi, avril 27, 2024
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Crabe des neiges : la baisse de prix fait chuter les revenus globaux des pêcheurs

Les débarquements québécois de crabe des neiges ont connu une croissance appréciable de 16% en 2023 comparativement à 2022, en raison de quotas abondants, mais la forte chute de prix à quai a engendré un fléchissement des revenus globaux de 61% par rapport aux 195,5 millions de dollars de 2022.

La valeur des débarquements s’est établie à 77 millions de dollars (M$), de loin le plus faible total de la décennie. C’est seulement 52% de la moyenne des cinq dernières années, qui se situait à 148 M$.

Alors qu’il y avait eu un assez léger fléchissement du prix moyen au débarquement de 7,49 $ à 6,74 $ la livre entre 2021 et 2022, la chute a été vertigineuse de 2022 à 2023, alors que le prix s’est établi à 2,29 $ la livre, une perte de 66%. C’est nettement le prix le plus bas depuis 2015 inclusivement. Même en 2015, le prix avait atteint 2,65 $ la livre.

«Il y avait des stocks invendus et le prix a diminué», précise le chercheur analyste Simon Desrochers, du ministère fédéral des Pêches, rappelant notamment les difficiles négociations de début de saison dans la zone 16, sur la Côte Nord. Il précise aussi que les données actuelles restent préliminaires.

Les 15 250 tonnes métriques débarquées par l’ensemble des crabiers québécois ont en quelque sorte sauvé la mise, les crabiers se tirant d’affaires avec du volume à défaut d’avoir un bon prix. Il faut remonter aux 19 502 tonnes métriques de 2017 pour voir une plus grande abondance de débarquement au Québec.

Un examen de la situation dans quelques zones de capture donne un meilleur aperçu d’un contexte dont les crabiers se seraient sans doute passés.

Dans la zone 12, du sud du golfe Saint-Laurent, un secteur fréquenté par les Gaspésiens et les Madelinots, la valeur des prises de 2023, à 44,7 M$, est de 46% inférieure à la moyenne des cinq dernières années, qui se situe à 82,9 M$.

Dans la zone 16, les crabiers nord-côtiers ont débarqué du crustacé valant 12,9 M$, ce qui est 52,6% moins que la moyenne de 27,2 M$ des cinq dernières années.

Les crabiers de la troisième plus grande zone québécoise, la zone 17, à cheval sur le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, ont généré des revenus de 7,7 M$ en 2023, comparativement aux 15,2 M$ de moyenne du dernier quinquennat, un fléchissement de 47,3%.

«Il y a eu augmentation de quotas dans l’ensemble des secteurs. Il y a, par contre, vraiment eu des pressions à la baisse sur les prix», note Simon Desrochers.

Ainsi, même si des particularités géographiques auraient pu contribuer à soutenir le prix de 2022, l’embargo décrété par les États-Unis à l’endroit du crabe de Russie en raison de la grève en Ukraine, et les stocks très bas venant de l’Alaska, jadis l’état fournissant la plus grande partie de ce crustacé au marché américain, les facteurs poussant le prix vers le bas l’ont emporté.

«Le nationalisme américain s’est davantage concentré sur le homard du Maine. C’est un des facteurs qui explique un prix à 2,29 $ la livre (aux crabiers québécois). Il est aussi certain qu’on avait eu des prix records en 2021 et en 2022, alors que la moyenne de 2015 à 2022 est de 5 $ la livre. Le crabe est un bien de luxe dans un contexte inflationniste. Si le consommateur doit couper, ce sera là», explique Simon Desrochers.

Il rappelle aussi qu’il y avait en début de saison un fort volume d’inventaires non vendus de 2022, un contexte qui forçait les usines et les grossistes à écouler ces produits à un prix inférieur avant la saison 2023.

«Toutes les conditions étaient réunies pour que le prix chute», renchérit son collègue économiste Alexandre Watier, rappelant la baisse soudaine d’un dollar du prix après neuf jours de capture, lors de la saison 2022, les directeurs d’usines ayant compris que le prix était allé trop loin.

«Il y avait moins d’offre à une échelle plus macroéconomique», note aussi M. Watier, à propos d’un facteur qui aurait pu soutenir le prix, mais la poussée inflationniste et le besoin des consommateurs de se recentrer sur des produits essentiels l’ont emporté, dit-il.

LES DONNÉES PAR SECTEUR DE CAPTURE

Par secteur maritime, la situation aux Îles-de-la-Madeleine a été bonne, en ce qui a trait aux captures, avec 2 254 tonnes métriques, le plus fort total depuis les 2 353 tonnes de 2019. À 12 M$, les revenus des crabiers ont toutefois représenté le plus petit total depuis les 10 M$ de 2016.

Dans l’intervalle temporel 2016-2023, c’est 2019 qui avait généré les plus fortes prises avec  2 353 tonnes, mais les meilleurs revenus aux crabiers madelinots sont survenus en 2022, avec 34 M$.

En Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent, les 8 783 tonnes métriques de 2023 ont nettement constitué le second plus fort total des huit dernières années, après les 10 457 tonnes de 2017. Les 44 M$ de revenus totaux représentent le plus faible montant des huit dernières années. L’année 2016 avait aussi été très mauvaise à ce chapitre, en vertu d’une valeur à quai de 46 M$.

Au cours de la période 2016-2023, rappelons que les meilleures prises ont été rapportées en 2017 dans la péninsule, avec 10 457 tonnes métriques, tandis que les meilleurs revenus se sont aussi établis en 2017, avec 113 M$.

L’année 2023 laissera aussi un goût un peu amer sur la Côte Nord. Sur le plan des captures, la situation, grâce à des livraisons à quai de 4 213 tonnes métriques, est meilleure que la moyenne annuelle de 3 625 tonnes en 2020, 2021 et 2022. Toutefois, la valeur de ces 4 213 tonnes, à 21 M$, est de loin le plus faible total depuis 2016 inclusivement.

Dans cette région, les records de l’intervalle 2016-2023 s’établissent à 7 293 tonnes métriques, pour les captures de 2016, et à 75 M$ pour la valeur, en 2018.

Le crabe des neiges a maintenant cédé au homard sa traditionnelle première place au sein des espèces les plus lucratives du Québec depuis 2020, inclusivement. Alors que les deux crustacés généraient des recettes assez semblables en 2020 et 2021, l’écart se creuse depuis deux ans. En 2023, les prises de homard ont rapporté 232,3 M$, soit trois fois plus que celles de crabe des neiges.

ÉCONOMIE – page 17 – Volume 36,5 Décembre 2023-Janvier 2024

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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