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Des volumes de crabe des neiges à capturer et à transformer plus importants que prévu en 2019

Les pêcheurs et les transformateurs de crabe des neiges du sud du golfe du Saint-Laurent pourraient bénéficier d’une hausse de volume de près de 35 % en 2019. Cela constitue une augmentation de deux à trois fois plus importante que les quantités auxquelles ils s’attendaient à la conclusion de 2018.

Sans revenir aux très forts quotas individuels de 2017, les crabiers traditionnels bénéficieront de contingents significativement plus élevés que ceux de 2018. D’une moyenne de 425 000 livres par bateau il y a deux ans, le quota a fléchi à 240 000 livres l’an passé et il devrait s’établir à environ 325 000 livres par permis cette année.

Considérant que les prix demeurent forts sur les marchés internationaux, et que le dollar canadien reste largement déprécié par rapport à la devise américaine et au yen japonais, les revenus des crabiers et des transformateurs devraient atteindre des seuils encore très avantageux en 2019.

Dans une présentation déposée au comité consultatif sur le crabe des neiges, les 27 et 28 février à Moncton, l’économiste Martial Ménard, du ministère fédéral des Pêches et des Océans, a signalé que les conditions semblent très favorables en prévision de la saison à venir.

«Les perspectives en 2019 pour le crabe des neiges sont bonnes. L’offre américaine de crabe des neiges demeure faible. En ce qui concerne le taux de change, la valeur du dollar canadien reste basse par rapport au dollar américain et le prix du crabe des neiges canadien sur le marché américain est toujours élevé en ce début de 2019. Il y a une bonne croissance économique aux États-Unis et au Japon», notait-il.

Martial Ménard utilise plusieurs statistiques pour appuyer cette mise en contexte. Par exemple, l’offre de crabe des neiges aux États-Unis reste relativement faible, après des fléchissements saisissants entre 2014-2015 et 2017-2018, de 93 à 28 millions de livres. Cette situation a découlé en grande partie des baisses de quota en Alaska.

L’offre de crabe des neiges débarquée par des pêcheurs américains remonte en 2018-2019, à 34,3 millions de livres, mais c’est encore nettement moins qu’il y a cinq ans. Il faudra conséquemment que les Américains achètent encore de grandes quantités de crabe à l’extérieur de leur pays.

MARCHÉ AMÉRICAIN PRENEUR

L’économiste souligne le fait que le marché américain achète une part majeure des exportations québécoises. En 2018, ces  exportations au sud de la frontière se sont établies à 149,8 millions $, par rapport à des exportations totales de 167,5 millions $. C’est une proportion de 89,4 %. Le Japon a accaparé l’essentiel du solde, avec des achats de 14,9 millions $. À noter que les chiffres de 2018 demeurent préliminaires.

Si les volumes d’exportations québécoises vers les États-Unis sont stables depuis 2013, avec une exception pour la baisse de 22 % en 2018, leur valeur augmente significativement. Ainsi, elles ont crû de 204 % entre 2010 et 2017. Ces exportations ont fléchi de 22 % en 2018, une situation intimement liée à la baisse du contingent dans le sud du golfe du Saint-Laurent.

Par exemple, la valeur des débarquements en Gaspésie a fléchi de 113,7 millions $ à 68,7 millions $ de 2017 à 2018. Considérant que ces crustacés ont une plus grande valeur à la sortie des usines, il est certain que les exportations ont aussi été affectées à la baisse.

Aux Îles-de-la-Madeleine, les revenus des pêcheurs ont augmenté légèrement en 2018, à 26,8 millions $, comparativement à 25 millions $ en 2017, résultats de volumes stables et de prix forts.

De façon générale, les autres fournisseurs de crabe des neiges exportant leurs crustacés aux États-Unis ont aussi éprouvé des baisses de contingents au cours des dernières années. C’est le cas des Russes avec leur crabe royal et de Terre-Neuve.

Globalement, Martial Ménard signale que l’offre mondiale de crabe des neiges a fléchi de 29 % entre 2015 et 2018, ce qui augure bien pour les crabiers évoluant dans le sud du golfe, dans un contexte de hausse de contingent.

Un coup d’œil sur la tendance des prix des dernières années devrait aussi rassurer les transformateurs et les pêcheurs. Le prix moyen de la section de cinq à huit onces sur le marché américain de gros s’est établi à 6,82 $ américains en 2016 la livre, à 7,97 $ en 2017 et à 8,53 $, toujours en devise américaine, en 2018.

En dollars canadiens, c’est encore plus révélateur. De 2012 à 2018, le prix reçu par les transformateurs canadiens est passé de 5,17 $ à 11,82 $ la livre, ce qui représente une hausse de 140 %. En dollars américains, la hausse s’est chiffrée par 82 %. La dépréciation du dollar canadien dans cet intervalle a donc favorisé les transformateurs.

Martial Ménard signale en outre que tant le yen que le dollar canadien favorisent les exportations, une tendance qui dure depuis quelques années. Ainsi, le dollar canadien a valu 75 cents américains en moyenne en 2016, puis 77 cents pour chacune des années 2017 et 2018. Au début de 2019, notre dollar valait 74 cents américains, une légère dépréciation qui ne peut que favoriser les exportations.

En ce qui a trait au yen japonais, la tendance est moins linéaire, avec 82 yens par dollar canadien en 2016, comparativement à 86,5 yens en 2017 et 85,2 en 2018, mais il fallait 83,5 yens par dollar canadien au début de 2019, une situation légèrement moins favorable aux exportations canadiennes, mais encore bonne.

RÉACTIONS POSITIVES EN GASPÉSIE

Quel sera le prix payé aux pêcheurs en 2019? Bill Sheehan, vice-président de l’entreprise gaspésienne E. Gagnon et Fils, le plus gros transformateur de crustacés au Québec, n’hésite pas à dire qu’il sera assurément autour de 5 $ la livre, un peu moins ou un peu plus.

«Le son de cloche prendra forme à la mi-mars au Boston Seafood Show. J’aurais peut-être dit autre chose il y a deux semaines, parce qu’il restait de bonnes quantités à vendre mais il s’est écoulé aux États-Unis depuis», note M. Sheehan.

Il a été agréablement surpris par les résultats de l’évaluation des stocks et de la possibilité que le contingent du sud du golfe croisse de 35 % cette année, alors qu’il craignait que les conditions de pêche imposées lors des mesures de protection de la baleine noire aient eu des effets négatifs sur la santé de la ressource.

«Tout le quota a été pris dans les deux tiers de la zone. Les relevés ont indiqué que le crabe n’était pas plus concentré dans la zone non pêchée, comme s’il s’était déplacé», évoque Bill Sheehan.

En ce qui concerne le taux de change, il demeure favorable aux exportations, note le porte-parole de l’entreprise de Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

«En moyenne, le dollar américain était à 1,30 $ (canadien) en 2018 et à 1,32 $ depuis le début de 2019. Il a atteint 1,28 $ récemment. Il y a une marge de  2,5 % en général», remarque Bill Sheehan.

L’usine E. Gagnon et Fils devrait traiter 10 millions de livres de crabe des neiges en 2019, considérant l’approvisionnement accru dans le sud du golfe du Saint-Laurent et des ententes prises avec des  crabiers de la zone 17 du secteur de Rimouski.

«Nous avons transformé presque 8 millions de livres l’an passé, mais c’était en raison du feu de l’usine du Marché Blais, qui nous a envoyé un million de livres», note Bill Sheehan.

Le président de l’Association des crabiers gaspésiens, Daniel Desbois, parle aussi d’une agréable surprise devant la forte probabilité que le contingent du sud du golfe du Saint-Laurent soit augmenté d’environ 35 %.

«Depuis qu’on a devancé de deux semaines la date de fermeture de la pêche, on ne voit plus le crabe blanc, le crabe en mue, et c’est plus difficile pour les pêcheurs d’avoir une idée de l’abondance du stock, du nombre des jeunes crabes. On voit des femelles rarement, et encore plus rarement qu’avant parce qu’avec leur petite taille, elles entrent et sortent des mailles des casiers. On doit se fier au relevé scientifique», souligne M. Desbois.

Sans faire de prédiction, le crabier s’attend à un niveau de prix avantageux. «Tous les indices vont dans ce sens-là. Oui, il y a une augmentation de quota en Alaska mais il y a une diminution à Terre-Neuve. Ça devrait bien aller. Le plus inquiétant, c’est l’état des glaces. Je ne pense pas qu’on puisse avoir un début de pêche hâtif. C’est un hiver difficile et la Sécurité civile prendra le dessus. L’aéroglisseur ne sera pas disponible tôt pour déglacer les ports du Nouveau-Brunswick. La Garde côtière est sous-équipée», note M. Desbois.

Un début de saison tardif, à savoir le ou après le 28 avril, réduira d’entrée de jeu de 2 400 kilomètres carrés la surface dans laquelle les crabiers pourront évoluer dans le sud du golfe du Saint-Laurent.

ET AUX ÎLES-DE-LA-MADELEINE

Pour sa part, l’industrie du crabe des neiges des Îles-de-la-Madeleine qualifie également de bonne nouvelle la hausse de 22 % de la biomasse du crabe des neiges du sud du golfe du Saint-Laurent. Le porte-parole des crabiers traditionnels, Paul Boudreau, attribue cette croissance à la bonne gestion du stock, au fil des ans. Il n’y a toutefois aucun lien, souligne-t-il, avec les fermetures de zone de pêche décrétées l’an dernier, pour protéger les baleines noires. 

«C’est ce que nous ont confirmé les gens de Pêches et Océans Canada, dit-il. On ne voit pas vraiment pourquoi il pourrait y avoir un lien de cause à effet à ce niveau-là. Le stock, selon les relevés au chalut, n’a pas plus de biomasse dans les zones fermées que dans les zones qui ont été exploitées.»

Cette augmentation de biomasse permet d’anticiper, selon les calculs de M. Boudreau, un quota de plus de 28 400 tonnes pour la zone 12, en hausse de  34,5 % par rapport à 2018. Selon le directeur général de Fruits de Mer Madeleine, Pierre Déraspe, cela se traduirait par quelques semaines de plus pour la transformation en usine. «Je ne pense pas que cette augmentation de quota puisse causer une problématique au niveau des ventes, précise-t-il; dans le sens où les autres zones de pêche n’ont pas nécessairement d’augmentation significative. Ce qui nous amène à penser que le marché devrait être quand même très intéressant.»

L’état du marché permet aussi d’anticiper une relative stabilité des prix payés à quai, en 2019, de prévoir M. Déraspe. L’an dernier, les crabiers madelinots ont reçu un prix record de 5,75 $ la livre.

LA ZONE 12F   

Parallèlement, tandis que la biomasse globale du stock de crabe des neiges du sud du golfe est en hausse de 22 %, celle de la petite zone 12F est en baisse de 16 %, par rapport à l’an dernier. Pour les pêcheurs, ce n’est toutefois pas une catastrophe, assure Sylvette Leblanc,  porte-parole des 10 crabiers madelinots de cette zone située le long du chenal Laurentien.

Elle explique que les pêcheurs semi-hauturiers qui y ont accès en exploitent déjà la ressource à un taux plus faible que permis. «En vertu de l’approche de précaution en vigueur, quand le stock de crabe des neiges de tout le sud du golfe, incluant la zone 12F, est dans la zone saine, c’est Pêches et Océans qui recommande un taux d’exploitation, explique cette ex-fonctionnaire du MPO à la retraite. Et, finalement, l’année passée, les pêcheurs de la zone 12F ont décidé d’être plus précautionneux que l’approche de précaution.»

Ainsi, l’an dernier, les crabiers de la 12F n’ont exploité leur biomasse commerciale qu’à 23 % contre une possibilité de 38,3 %. Cette année, ils n’auraient qu’à rehausser leur taux d’exploitation à 27 %, contre une possibilité de 40,9 %, pour avoir, en bout de ligne, un quota identique. «C’est certain qu’ils recherchent la stabilité, mais ils ne recommanderont pas d’exploiter à 40 % la zone 12F, affirme Mme Leblanc. La stratégie des pêcheurs de la zone 12F a tout le temps été, quand le taux d’exploitation pourrait être élevé parce que la biomasse est élevée, d’en garder un peu. C’est une zone qui est petite; il n’y a pas beaucoup de territoire à   exploiter.»   

En 2018, les crabiers de la zone 12F avaient un quota individuel de 125 000 livres; lui-même en hausse de 43 % par rapport à 2017. Les Madelinots devaient faire leurs représentations, sur le seuil d’exploitation souhaité pour cette année, à la prochaine réunion du comité consultatif de gestion, les 27 et 28 février, à Moncton.

(Avec la collaboration d’Hélène Fauteux, Cap-aux-Meules)

LE SUD DU GOLFE – pages 6 et 7 – Volume 32,1 Février-Mars 2019

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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