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La biomasse de crabe des neiges remonte plus vite que prévu et une augmentation globale du TAC de 35 % est fort plausible

Le relevé scientifique portant sur la biomasse du crabe des neiges dans le sud du golfe du Saint-Laurent indique une hausse de la biomasse adulte de taille commerciale de 22,8 %, une augmentation plus élevée qu’attendue par plusieurs acteurs de l’industrie.

Cette biomasse s’établit à 80 746 tonnes métriques pour l’ensemble du sud de golfe, ce qui englobe les zones 12, 19, 12E et 12F. Le relevé donnant ce résultat a été effectué par l’équipe scientifique à bord du bateau semi-hauturier nolisé pour l’occasion, le JEAN-MATHIEU, entre le 18 juillet et le 16 septembre 2018.  L’évaluation de l’année précédente situait cette biomasse à 65 738 tonnes.

Au total, 355 traits de chalut ont été réalisés. Après compilation des résultats, il a été établi que la zone 12 renferme 68 593 tonnes de crabe, comparativement à 6 825 tonnes dans la zone 19, 425 tonnes dans la zone 12E et 3 883 tonnes dans 12F.

La zone 12 abrite ainsi 84,9 % de la biomasse du sud du golfe, alors que la zone 19 en renferme 8,5 %, comparativement à 0,5 % pour la zone 12E et 4,8 % pour la zone 12F. Il reste un solde de 214 et de 234 tonnes pour les deux zones tampons et de 255 tonnes pour la zone non assignée, pour un sous-total de 703 tonnes. Ces secteurs sont exempts de capture à des fins scientifiques.

«Ce n’est pas autant que la biomasse de 2016 estimée pour 2017 mais c’est la quatrième biomasse en importance dans notre série temporelle», précise Amélie Rondeau, chef de la section des crustacés au bureau de Moncton du ministère fédéral des Pêches et des Océans.

MÈRE NATURE POSITIVE

Les observateurs du secteur du crabe des neiges s’attendaient à une remontée inférieure de la biomasse commerciale,  peut-être de 10 à 15 % entre 2018 et 2019. Comment expliquer une hausse de 22,8 %?

«Le premier facteur, c’est mère nature. Nous sommes tributaires de ce côté-là. Il peut y avoir des facteurs de recrutement accru, des crabes qui se déplacent. Ce n’est pas une surprise. Les indicateurs de recrutement, comme les «adolescents» (les crabes inférieurs en taille aux crabes matures) montrent une abondance positive depuis un certain temps, et on le voit aussi chez les plus jeunes crabes. On voit aussi un cycle avec des creux dont l’amplitude s’atténue. Il y a moins de fluctuations dans l’abondance qu’avant. On est arrivé à un système d’exploitation plus régulier mais on n’est jamais à l’abri d’un événement naturel qui viendrait affecter la biomasse», analyse madame Rondeau.

Une biomasse de crabes adultes de 80 746 tonnes se classe dans la zone saine des règles de décision, une approche de gestion du stock en vigueur depuis 2014 et comportant trois catégories, à savoir critique, de prudence et saine. La catégorie saine est évidemment la plus avantageuse sur le plan de la santé du stock.

Le relevé scientifique indique de plus que la biomasse de taille commerciale est jeune, puisque dans l’ensemble des quatre zones du sud du golfe, 74 % de la ressource disponible à la pêcherie est constitué de nouvelles recrues, pour une quantité de 59 609 tonnes. Considérant que le recrutement observé lors du relevé de 2017 s’établissait à 51 127 tonnes, il faut en conclure que la hausse de recrutement d’une année à l’autre a crû de 16,6 %.

«On est dans une belle lancée. On a eu des surprises en 2016 en raison du saut de mue, alors que deux cohortes ont mué en même temps. En ce qui concerne le relevé de 2018, on n’est pas encore capable de déterminer à quoi il est dû. Est-ce la température de l’eau, ou la densité des spécimens dans l’espace? Si le stock mâle est abondant, il peut y avoir un signal qu’il y a trop de compétition pour se reproduire», analyse Amélie Rondeau, à propos de l’hypothèse explicative des sauts de mue.

Y a-t-il eu un saut de mue pouvant expliquer la taille de la biomasse disponible pour les pêches en 2019 ? «Ça n’a pas été observé de façon prononcée. Individuellement, oui, il y a eu des sauts de mue mais il n’y a pas eu de vague majeure dans cette cohorte», ajoute-t-elle.

La biomasse résiduelle de 2018, à savoir les crabes mâles de taille commerciale n’ayant pas été pêchés l’an passé, affiche aussi des signes d’abondance croissante.

«Cette biomasse résiduelle est passée de 14 650 tonnes en 2017 à 21 432 tonnes en 2018. C’est une hausse de 46 %. Ça (les 21 432 tonnes) représente 26 % du total. En 2016 par exemple, la biomasse adulte disponible pour la pêche se situait à 98 000 tonnes, et le recrutement atteignait 74 000 tonnes et les recrues, 24 000 tonnes. C’était une proportion d’environ trois-quart-un quart, assez semblable à cette année», souligne madame Rondeau.

Il y a donc peu de vieux crabe ? «C’est dans l’ordre de ce qu’on a déjà observé», répond-elle.

Quant à la quantité de petits crabes observés lors des traits de chalut du JEAN-MATHIEU, «c’est comparable à ce qu’on a vu lors des dernières années. Notre relevé est pas mal homogène entre 1998 et 2018 pour les crabes de 34 à 44 millimètres. Il y a beaucoup de petits crabes, de très petits crabes et de femelles matures. Ça explique une population forte et stable», souligne Amélie Rondeau.

Lors du relevé de 2018, les concentrations de crabes de taille commerciale ont été observées dans plusieurs secteurs, dont le banc Bradelle, dans la baie des Chaleurs, dans la vallée de Shédiac, dans les parties centrale et sud du canal des Îles-de-la-Madeleine et dans la partie sud-est du sud du golfe du Saint-Laurent.

LE CONTINGENT POTENTIEL

Les scientifiques de Pêches et Océans Canada ne prédisent jamais, à partir des documents présentés lors de la revue par les pairs, le contingent à prévoir pour la saison à venir. Cette revue par les pairs a été tenue les 23 et 24 janvier à Moncton.

«Le document présenté doit être révisé. Le quota reste à déterminer par la suite. Les discussions pendant le comité consultatif doivent aussi servir à ce sujet», note Amélie Rondeau, en faisant référence aux décisions à venir, qui sont généralement communiquées à la fin de mars ou au début d’avril.

En appliquant les règles de décision acceptées découlant de l’approche de précaution, le total des prises admissibles pour les quatre zones de pêche du sud du golfe du Saint-Laurent se chiffrerait par 33 025 tonnes en 2019. Le taux d’exploitation serait de 40,9 %. Un tel contingent représenterait une augmentation de 35,1 % par rapport au quota global de 2018, qui s’était établi à 24 439 tonnes.

En ventilant le contingent projeté de  33 025 tonnes, les pêcheurs évoluant dans la zone 12 pourraient capturer un total de 28 201 tonnes en 2019. Ce serait une hausse de 35 % par rapport au contingent de 20 909 tonnes accordé dans la zone 12 il y a un an.

Suivant cette logique, les hausses pourraient aussi être marquées dans les zones 19 et 12F, puisque le contingent global pourrait augmenter de 35,1 % en 2019, et qu’une légère baisse de quota serait prévisible dans 12E, en raison d’un fléchissement de la biomasse de taille commerciale dans ce dernier secteur.

À QUOI PEUT-ON S’ATTENDRE EN 2020 ?

Les biologistes sont peu enclins à faire des projections au-delà de l’année courante mais en tenant compte d’un taux d’exploitation de 40,9 % lors de la pêche de 2019, le recrutement applicable à la pêche de 2020 pourrait être de 49 820 tonnes, en projetant le modèle des dernières années. La biomasse commerciale atteindrait alors 83 850 tonnes l’an prochain, soit 3 104 tonnes de plus que cette année.

«Ce n’est pas un point discuté lors de la revue par les pairs. L’estimé nous donnerait effectivement un peu plus de 80 000 tonnes de biomasse commerciale mais on entre dans un monde de spéculation», souligne Amélie Rondeau.

Quand on lui demande s’il est trop tôt pour évacuer les principales préoccupations concernant la santé du stock au cours des deux ou trois prochaines années, elle répond que «si vous trouvez un scientifique qui dit ça, je vous félicite. On ne veut pas, on ne peut pas. On peut simplement penser qu’à moins d’une perturbation majeure, ça devrait bien aller», avance-t-elle.

En 2018, le taux d’exploitation dans le sud du golfe s’est établi à 36,9 %, ce qui a donné un contingent total de 24 439 tonnes.

Dans la zone 12, où la pêche s’est déroulée du 29 avril au 1er juillet, les captures ont atteint 20 769 tonnes, à partir d’un quota de 20 909 tonnes, alors que dans la zone 19, les crabiers ont dépassé de deux tonnes le contingent de 2 046 tonnes. La pêche y a été tenue du 13 juillet au 5 août.

Dans la zone 12E, 260 des 266 tonnes de contingent ont été capturées entre le 20 avril et le 22 juin. Dans 12F, les captures ont atteint 1 183 tonnes soit 35 de moins que les 1 218 tonnes du quota. Ces prises ont été réalisées entre le 19 avril et le 15 juin.

Le nombre de pêcheurs varie dans les zones du sud du golfe du Saint-Laurent, généralement une fonction du volume de crustacés à capturer. Ainsi, 322 bateaux de quatre provinces évoluent dans la zone 12, tandis que 108 bateaux participent à la pêche dans la zone 19, tous des crabiers du Cap-Breton.

Quatre crabiers évoluent dans la zone 12E, deux du Nouveau-Brunswick, un du Québec et un de l’Île-du-Prince-Édouard. Seize crabiers traditionnels actifs, dont dix provenant des Îles-de-la-Madeleine et six du Cap Breton, de même que sept participants temporaires, évoluent dans la zone 12F.

Les taux d’exploitation ont varié entre 20,8 % et 45 % dans le sud du golfe du Saint-Laurent de 1998 à 2018.

LE SUD DU GOLFE – pages 4 et 5 – Volume 32,1 Février-Mars 2019

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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