jeudi, mars 28, 2024
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Hausse potentielle des captures de crevette: bonne nouvelle pour les pêcheurs et les transformateurs

Tant chez les pêcheurs que chez les transformateurs, les réactions sont positives par rapport à l’état d’abondance des stocks de crevette des zones Estuaire, Sept-Îles, Anticosti et Esquiman. L’avis de la dernière évaluation du secteur des sciences pour la prochaine saison est aussi fort bien accueilli par les deux groupes puisque les totaux autorisés de captures (TAC) pourraient se traduire par une hausse moyenne de 4 %.

« C’est une bonne nouvelle dans le sens où on voit, après quelques années de baisse des stocks, une certaine stabilisation de la biomasse et même une légère augmentation, se réjouit le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette de la ville de Gaspé, Patrice Element. Sur le plan de la pérennité de la ressource et de notre industrie, c’est définitivement une bonne nouvelle! »

Les réactions sont unanimes chez les capitaines propriétaires de la Gaspésie, même s’ils avaient un doute par rapport à la perception des scientifiques. « On se demandait comment les sciences allaient voir ça de leur bord, raconte le président de la Coopérative des capitaines propriétaires de la Gaspésie, Vincent Dupuis. Des fois, c’est différent parce que nous autres, on fait une pêche ciblée où il y a du poisson, tandis que les sciences font de la pêche un peu partout pour voir l’état des stocks. On était contents de voir que ça avait donné le même résultat. C’est une bonne nouvelle! »

Par conséquent, à la lumière des discussions que certains pêcheurs de la Coopérative ont eu avec les scientifiques, les résultats étaient sensiblement similaires. « Ça reflète l’image qu’on avait, valide M. Dupuis. La pêche avait été bonne, on avait des augmentations, ce qui fait qu’on était satisfaits. »

Le son de cloche est le même du côté des usines de transformation. « C’est pas mal mieux qu’une baisse, lance le directeur de l’Association Québécoise de l’Industrie de la Pêche (AQIP), Jean-Paul Gagné. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle. L’année passée, ils prévoyaient une baisse et, en fin de compte, ils avaient maintenu le statuquo. Cette année, une hausse de 4 %, c’est accepté par tout le monde parce qu’il faut être conscient que la crevette n’est pas en abondance pour le moment. »

Diminution de la biomasse de crevette

De 2010 à 2017, la biomasse de crevette n’a cessé de diminuer. En revanche, une certaine stabilité est survenue en 2018. « C’est pour ça qu’à la fin de 2018 et au début de 2019, on disait qu’une autre baisse de quotas ne serait pas pertinente, étant donné ce qu’on voyait sur le terrain », rappelle M. Element. Or, au printemps 2019, le ministre des Pêches et des Océans de l’époque, Jonathan Wilkinson, avait décidé de maintenir les quotas de 2018. « C’était une bonne décision puisque ça n’a pas empêché les stocks de se rétablir », estime le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette.

Selon Patrice Element, la revue des sciences ressemble à ce que les pêcheurs avaient observé en mer au cours de la dernière saison, c’est-à-dire une augmentation de la biomasse et des taux de capture. « Elle est très légère, mais elle est quand même là, mentionne-t-il. Le rôle de l’Office est surtout de négocier le prix avec les transformateurs. C’est sûr que dans ce contexte-là, on est heureux du fait qu’on n’aura pas de baisse. Mais, j’ai aussi un rôle avec les capitaines propriétaires pour représenter les pêcheurs auprès de Pêches et Océans. De ce côté-là, je dirais qu’on est aussi très à l’aise avec ce que les sciences disent et avec ce qui a été discuté au comité consultatif le 6 février dernier. »

La Coopérative des capitaines propriétaires, qui regroupe la majorité des crevettiers traditionnels de la Gaspésie, est favorable aux TAC projetés pour la prochaine saison. « On les a approuvés pour deux ans, confirme Vincent Dupuis. Ça nous permet de prévoir plus d’avance. Même si l’an prochain, par exemple, il y aurait une augmentation qu’on ne pourrait pas avoir, ça nous permet de jouer safe. Ça donne une sécurité aux pêcheurs, aux producteurs et aux banques. Bref, un peu tout le monde. »

Même scénario pour tout le monde

Les porte-parole de ces regroupements de pêcheurs estiment que le scénario est le même pour les crevettiers traditionnels que pour les pêcheurs de fond qui détiennent de faibles allocations de pêche à la crevette. « On est tous dans le même « pool », soutient Patrice Element. En termes de quotas, une augmentation de 1 % pour les crevettiers traditionnels, c’est une augmentation de 1 % pour les morutiers. C’est sûr que d’un pêcheur à l’autre, il va y avoir des gens qui vont avoir plus de quotas. Chaque pêcheur est affecté différemment. Mais encore là, s’il y a une augmentation de 5 % dans une zone, qu’on soit un morutier ou un crevettier, qu’on soit du Québec ou de Terre-Neuve, on a la même augmentation. C’est une bonne nouvelle pour tous. » Vincent Dupuis endosse la même position. « C’est le même scénario parce que les anciens pêcheurs de poisson de fond sont devenus permanents avec les crevettiers, explique-t-il. Ils sont embarqués dans notre groupe. Ce sont les mêmes conditions. »

Préoccupation pour les transformateurs

Pour les usines, une préoccupation demeure quant aux faibles volumes de crevette à transformer, alors que le TAC global de crevette dans l’Estuaire et dans le golfe du Saint-Laurent serait de 17 999 tonnes, ce qui est très loin des belles années où il atteignait les 35 000 tonnes. « On est bien loin de là et on est loin des 21 000 tonnes (pour le Québec) de 2010, soulève le directeur de l’AQIP. Avec les chiffres qu’on a fait sortir par Pêches et Océans, c’était rendu dans les 9 000 tonnes pour le Québec en 2019. Donc, c’est sérieux pour la capacité de transformation et pour les emplois! »

Jean-Paul Gagné soulignait qu’ « il fallait attendre la tenue du Boston Seafoood Show du 15 au 17 mars  pour avoir une idée plus juste des conditions de mise en marché de la crevette nordique à l’échelle mondiale.  C’est après le Boston Seafood qu’on a un meilleur alignement sur les prix du marché », corrobore Jean-Paul Gagné. Sauf que l’événement a été reporté à une date ultérieure par les organisateurs le 3 mars dernier en raison des préoccupations liées au coronavirus qui a fait plus de 3 000 morts à ce jour.

La crevette congelée, une solution?

L’approvisionnement en crevette congelée provenant de l’extérieur représente-t-elle une solution de rechange pour certaines usines? « Ce sont des tentatives que les industriels vont faire, indique le porte-parole de l’AQIP. Il y a des emplois dans les régions maritimes qui dépendent de la crevette, comme d’autres dépendent du crabe. Il faut tenter de trouver des solutions! Pêcheries Marinard, de Rivière-au-Renard a annoncé qu’il voulait en faire une bonne quantité; mais le coût est élevé parce qu’il y a beaucoup de transport pour apporter cette crevette congelée dans nos usines en Gaspésie. On verra la rentabilité. Les gens vont commencer avec certains volumes et ils verront la demande sur le marché. »

Pour Jean-Paul Gagné, tant que les marchés suivront une tendance à la hausse, la transformation de la crevette congelée est prometteuse. Mais, il rappelle que les usines de la Gaspésie ne sont pas les seules à transformer ce type de crevette. « La Russie et d’autres pays ont pas mal de quotas actuellement », précise-t-il.

La pêche au sébaste, une porte de sortie?

À court terme, l’accès à la pêche au sébaste, qui s’exerce actuellement sous une forme expérimentale, pourrait possiblement représenter une porte de sortie pour une partie de la flottille des crevettiers et des pêcheurs de poisson de fond qui pratiquent aussi la pêche à la crevette. 

« Que ce soit les crevettiers traditionnels ou les morutiers qui pêchent la crevette, tout le monde est intéressé par le sébaste, affirme Patrice Element. Ça permettrait de rallonger la saison de pêche. Tous les pêcheurs de crevette ont subi des baisses de quotas importantes. C’est sûr qu’on voit l’éventuel retour d’une pêche commerciale au sébaste comme une avenue intéressante pour compenser les pertes de quotas qu’on a vécues dans les dernières années. »

Pour la Coopérative des capitaines propriétaires, la position est moins tranchée. « C’est embêtant parce qu’on sait que le sébaste est sous moratoire et qu’en plus, il est encore une espèce en voie d’extinction, souligne Vincent Dupuis. Ça n’a pas changé. Ça nous nuit pour trouver des marchés. Il faudrait que le sébaste redevienne une espèce qui n’est pas en voie d’extinction pour qu’on puisse pouvoir le pêcher. Peut-être qu’on aurait des chances de trouver des marchés. Actuellement, le prix n’est pas là. Ce n’est pas ouvert. Les producteurs ne sont pas prêts à recevoir des grosses quantités de sébaste. »

Les réserves exprimées par les capitaines propriétaires ne les ont cependant pas empêchés de demander au gouvernement d’avoir un accès privilégié à la pêche au sébaste puisqu’ils sont conscients que ce poisson est un important prédateur de la crevette. « Ça pourrait nous aider dans les problèmes qu’on voit actuellement dans la crevette », croit M. Dupuis.

Une oreille attentive souhaitée d’Ottawa

Les pêcheurs réclament d’Ottawa qu’il prête une oreille plus attentive à leur demande, qui date de deux ans, pour un accès à la pêche au sébaste. « Il y a plein de groupes différents dans toutes les provinces maritimes, à Terre-Neuve et au Québec, sur le plan des différentes flottilles, des différentes provinces et même des transformateurs, qui ont un intérêt par rapport à l’éventuelle ouverture de la pêche au sébaste et tout le monde a des arguments à apporter », soutient Patrice Element.

Selon lui, la ministre des Pêches et des Océans du Canada, Bernadette Jordan, aura des décisions à prendre. « Nous, on pense qu’il devrait y avoir un accès prioritaire aux crevettiers parce qu’ils ont été très affectés par les baisses de quotas des dernières années, argumente-t-il. Donc, il y aurait une forme de retour du balancier. Ça permettrait de compenser en partie les pertes subies par les baisses de quotas de crevette, en bonne partie attribuables à la présence du sébaste. »

De l’avis de Vincent Dupuis, le sébaste est actuellement trop petit pour être pêché. « D’ici quelques années, il devrait être d’une bonne grosseur, prévoit-il. Donc, on demande au gouvernement d’ouvrir la pêche, de se préparer à des quotas exploratoires et d’enlever le moratoire pour que les producteurs développent des marchés. Mais idéalement, ce serait que la ministre Jordan puisse faire un partage pour qu’on sache qui va en avoir pour se préparer. »

Cette préparation, selon le président de la Coopérative, passe par l’investissement d’argent sur les bateaux et dans les usines. « Actuellement, le gouvernement voudrait qu’on se prépare, mais on ne sait même pas si on va en avoir, critique-t-il. Ça devient vraiment difficile de travailler. On sait que c’est très coûteux d’affréter un bateau pour le sébaste. Moi, ça ne m’intéresse pas de mettre beaucoup d’argent sur mon bateau sans savoir si je vais en avoir! On n’a pas de son de cloche du côté du gouvernement, on n’a aucun aperçu, on ne sait pas ce qui va se passer. »

Aucun développement

Rien n’a bougé du côté d’Ottawa, alors que la dernière évaluation du sébaste dans le golfe du Saint-Laurent fait état d’une biomasse globale de 4,3 millions de tonnes, du jamais-vu. « C’est épouvantable, s’exclame le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette de la ville de Gaspé. En plus, ce sont tous des jeunes qui n’ont pas fini de grossir! C’est un prédateur de plusieurs espèces. Quand il est très jeune, il mange du plancton. Mais présentement, il mange pas mal de        crevette. » Vincent Dupuis déplore lui aussi le silence de la ministre Jordan. « On n’a pas l’heure juste encore, se désole-t-il. On ne sait pas ce qui va se passer. Il n’y a pas eu de développement. »

Le type de sébaste dont il est question est le mentella qui, au fur et à mesure qu’il grossit, vit plus profondément dans le golfe. M. Element espère qu’il finira « par se placer dans des fonds où la crevette n’est pas nécessairement présente ». Ainsi, Patrice Element rapporte que, depuis 2018, les pêcheurs disent voir moins de sébaste. « Le problème qu’on avait, en 2016, c’est que le petit sébaste était à peu près de la grosseur de la crevette, raconte-t-il. Il remplissait nos filets. Mais depuis 2017, je dirais que c’est beaucoup moins un problème. En étant plus gros, on ne le voit pas dans les chaluts parce qu’il ne passe pas à travers la grille. »

« Le sébaste est un poisson qu’on peut détecter assez facilement avec nos sondes, continue M. Element. Où il y avait de la crevette, cette année, il y avait moins de sébaste. Ce n’est pas scientifique, mais ça pourrait être un indice que le sébaste commence à migrer à des endroits où il n’y a pas de crevette. Puis aussi, la présence de tout ce sébaste-là pourrait aussi être un indice qui explique que la biomasse de crevette ait réussi à augmenter un peu. »

GASPÉ-NORD – pages 4-5 – Volume 33,1 Février-Mars 2020

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