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Homard des Îles-de-la-Madeleine : une étude pour actualiser la structure de fixation du prix payé à quai

Le prix du homard nord-américain n’est dicté par aucun marché meneur ou «leader». C’est ce que démontre une étude réalisée par la firme Forest Lavoie Conseil, spécialisée en analyses et stratégies dans le domaine agroalimentaire, pour le compte de l’Office des pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine, afin d’actualiser la structure de fixation du prix payé à quai. La firme parle d’un marché «de compétitivité, où la méfiance est omniprésente et où les gouvernements interviennent peu pour clarifier les rôles». 

L’avocat Claude Régnier, porte-parole des pêcheurs, se déclare le premier surpris de cette absence de «vecteur de cointégration». «On ne peut pas se fier sur le prix du Maine, par exemple, souligne-t-il. Si le prix baisse là-bas, il n’y a pas de baisse systématique partout ailleurs. On parle plutôt d’une agglomération des marchés.»

SEAFOOD PRICE CURRENT 

Forest Lavoie Conseil conclut d’ailleurs que le Seafood Price Current (SPC) de la firme Urner Barry, qui sert déjà de référence à la fixation du prix hebdomadaire du homard payé au débarquement dans l’archipel madelinot, est le meilleur reflet de cette agglomération de marché.  La firme constate qu’il s’agit d’une «référence robuste», «en corrélation avec les prix de vente des trois meilleurs acheteurs des Îles-de-la-Madeleine, et ce, durant toute la saison de pêche».

«Les autres sources de prix ne sont pas assez complètes, ni assez vérifiées pour qu’on s’en serve comme repère», note Me Régnier. L’avocat affirme d’ailleurs que le rapport Forest Lavoie Conseil offre un regard neutre sur les mécanismes de fixation du prix du marché, et ne dessert aucunement les attentes de l’Office qui lui a commandé l’étude d’actualisation. «On veut que nos demandes vis-à-vis des acheteurs reflètent la capacité du marché, explique-t-il. On pensait pouvoir se baser sur d’autres données que celles d’Urner Barry, mais on nous dit qu’elles sont incomplètes. Aussi faut-il que ce rapport soit vraiment neutre, pour permettre les échanges de négociation avec l’AQIP.»

MARGE BÉNÉFICIAIRE

L’actualisation de la structure du prix payé aux pêcheurs de homard madelinots est calculée en dollars canadiens constants; il s’agit d’une valeur théorique calculée pour une année donnée, pour éliminer toute variation du pouvoir d’achat due à l’inflation ou à la déflation. Elle démontre que «la marge bénéficiaire brute pondérée annuelle des acheteurs diminue en terme relatif depuis 2015». Elle est passée de 18,9 % en 2014, à 15,9 % en 2018. Les acheteurs ont d’ailleurs mis en lumière, en arbitrage devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, leur difficulté de maintenir leurs marges brutes et de répondre au calcul des prix.

Cependant, en terme absolu, Forest Lavoie Conseil note que cette marge a progressé de 0,95 $ la livre en 2014, à 1,22 $ en 2018, en dollar courant. La conversion par Forest Lavoie Conseil utilise deux indices dans une proportion égale; celui des produits énergétiques et du pétrole, de même qu’un indice établi sur la base des données de Statistiques Canada portant sur la rémunération hebdomadaire moyenne de l’industrie québécoise.

Quant aux homardiers, ils reçoivent, selon le rapport, «un prix variant en fonction de ce que les consommateurs sont prêts à payer» à la fin de la chaîne de transmission. Il représente généralement    20 % à 25 % du prix final aux consommateurs. Or, Forest Lavoie Conseil relève également qu’en dollars constants, le prix du homard peine à suivre l’inflation. Ainsi, «les prix de 2017 (par exemple) ne sont pas toujours au niveau de 2002 et 2007».

PROPOSITIONS

Pour permettre «une répartition plus homogène des marges brutes des acheteurs à travers les années», les spécialistes en analyses et stratégies recommandent une nouvelle méthode de fixation du prix plancher à payer aux pêcheurs, à chaque semaine; et ce, toujours à partir du prix de vente des trois acheteurs qui ont obtenu le prix le plus élevé sur les marchés, et en maintenant une tranche de 75 % au profit des pêcheurs pour le prix vendant inférieur à 3 $ la livre.

Pour la portion de prix supérieur à 3 $, Forest Lavoie Conseil propose de limiter la portion actuelle de    90 % à verser aux pêcheurs, au prix vendant inférieur à 5 $ la livre ou à 5,50 $ la livre, et de rehausser à 97 % la part à payer à quai sur l’excédent. En plus de bonifier le prix aux pêcheurs lorsque le prix de vente est supérieur à 5 $ ou 5,50 $ la livre, la firme calcule qu’en dollars constants, la marge brute moyenne des acheteurs se trouve légèrement rehaussée pour la période 2015-2018, lorsque comparée à la période 2009-2014.   

De plus, Forest Lavoie Conseil propose de simplifier la formule de fixation des prix introduite en 2009 dans le Plan conjoint du homard des Îles-de-la-Madeleine, basée sur des proportions de données du Seafood Price Current pour le homard d’une livre et quart et d’une livre et demie. Ses spécialistes recommandent d’utiliser seulement le prix de référence pour le homard d’une livre et demie, afin limiter les risques d’erreur. 

Ils suggèrent aussi de réévaluer à chaque année la variation du prix SPC par rapport aux prix planchers versés aux pêcheurs, en tenant compte des écarts de moyenne des quatre années précédentes.

CHAÎNE DES VALEURS

Enfin, Forest Lavoie Conseil est d’avis que les acheteurs et pêcheurs devraient se «rallier autour d’objectifs communs et migrer vers la mise en place d’une chaîne de valeur» afin de définir une stratégie de développement qui permettrait au secteur du homard des Îles-de-la-Madeleine de valoriser le produit auprès des consommateurs. En d’autres mots, pêcheurs et acheteurs devraient troquer leurs «relations d’affaires classiques», qui oppose des adversaires cherchant à maximiser leurs gains individuels, pour celle d’une collaboration visant une situation profitable à tous.

L’Office des pêcheurs de homard souhaite d’ailleurs négocier avec les acheteurs afin d’intégrer ces propositions à la convention de mise en marché. L’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) ne l’entend toutefois pas ainsi. «Seafood Price Current, on le combat et il n’y a personne chez les acheteurs qui veut vivre avec à l’avenir, affirme son directeur général, Jean-Paul Gagné. C’est aussi clair que ça.» «Si on paie le prix du Seafood Price Current, on fait tous faillite d’ici deux ans, renchérit Pierre Déraspe, directeur général de Fruits de Mer Madeleine. Il y a trop d’écart entre ce qui est demandé (par les pêcheurs) en arbitrage et notre capacité de payer.»

Les deux parties auront d’ailleurs l’occasion d’en débattre devant les arbitres de la Régie des marchés agricoles et alimentaires les 7 et 8 mars; une audience demandée par l’AQIP qui conteste justement l’utilisation de la référence du SPC pour l’établissement du prix final 2018. En prévision de cette rencontre, Jean-Paul Gagné a retenu les services de son propre expert pour préparer la réplique au rapport de Forest Lavoie Conseil. Comme balise de référence, il rappelle que les acheteurs madelinots privilégient les données hebdomadaires que publie Pêches et Océans Canada sur les prix payés dans les ports néo-écossais bordant le golfe du Saint-Laurent. «C’est une référence pas mal plus plausible et adaptée à notre pêche, ici, et à notre commercialisation», insiste-t-il.

COMMERCIALISATION – page 27 – Volume 32,1 Février-Mars 2019

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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