Selon les données de télédétection analysées par l’Institut Maurice-Lamontagne (IML), de Pêches et Océans Canada, la température de l’eau autour des Îles-de-la-Madeleine atteignait le seuil record de 10 ˚C au cours de la première semaine de novembre. C’est trois degrés de plus que pour la même période de l’an dernier.
La température de surface mesurée par satellite prévaut dans ce qu’on appelle la couche mélangée de la colonne d’eau, qui s’étend sur une profondeur de 25 mètres à ce temps-ci de l’année, contre 10 mètres en été, précise l’océanographe physicien de l’IML, Peter Galbraith.
«Trois degrés de plus que la moyenne climatologique, c’est énorme!, s’exclame-t-il. Des courbes comme nous avons là nous montrent un écart de plus en plus grand avec le refroidissement hivernal. En fait, nous avons trois semaines de retard avec le refroidissement sur le plateau madelinien, et un mois dans l’estuaire!»
En comparaison avec la moyenne des 30 dernières années, couvrant la période 1991-2020, la température de surface autour des Îles-de-la-Madeleine était 2,2 ˚C plus élevée que la normale au début novembre, et l’écart se creuse encore depuis. L’analyse des données du mois d’octobre nous révèle également des valeurs très chaudes: la moyenne de 11,4 ˚C est un record de série depuis 1981 par un écart de 1,4 ˚C au-dessus de la climatologie.
«C’est rare qu’on voit des gros chiffres comme ça, surtout en novembre, souligne M. Galbraith. Ça veut dire qu’évidemment on n’aura pas de glace au début décembre. Mais ça ne répond pas à la question à savoir si on va avoir une autre saison sans couvert de glace; il est trop tôt pour le savoir. C’est plus à la fin décembre qu’on peut prévoir ça.»
L’océanographe physicien explique que la température de l’eau est étroitement couplée à la température de l’air. Il y a habituellement un décalage de deux semaines entre un changement soutenu de la température ambiante et la capacité de la colonne d’eau à l’absorber. «Autrement dit, toutes les anomalies positives qu’on voit maintenant pourraient disparaître en aussi peu que deux semaines, si on avait de l’air du nord qui arrivait subitement et que la température descendait dans les négatifs. Mais, si on n’avait qu’un coup de froid d’une journée, ça n’aurait pas beaucoup d’impact sur l’eau.»
Cela dit, l’année 2021 a été marquée par un mois de juillet particulièrement froid, pour les eaux du golfe du Saint-Laurent et le plateau madelinien. La température moyenne de surface autour des Îles-de-la-Madeleine n’a été que de 14,5 ˚C, contre 16,6 en 2020 et une normale climatologique de 16 ˚C. À la grandeur du Golfe on a enregistré 13,4 ˚C en juillet, contre 15,1 ˚C l’année précédente, et une moyenne des 30 dernières années de 13,9 ˚C.
CONCERTATION – page 27 – Volume 34,5 Décembre 2021-Janvier 2022
