jeudi, mars 28, 2024
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Le homard trône au sommet des espèces pêchées commercialement au Québec

Le secteur de la capture du homard a rebondi de façon spectaculaire en 2021 alors que la valeur des débarquements et le volume des prises ont atteint des seuils inégalés. Les prises québécoises ont   atteint 10 771 tonnes métriques, une hausse de 4,5 % par rapport à celles de 2020, mais les revenus totaux ont explosé, augmentant de 76 % pour atteindre 202 millions de dollars.

Ces revenus s’étaient établis à 115 millions (M)$ en 2020, et les prises à 10 300 tonnes métriques. En cette première année de pandémie, les prix avaient chuté considérablement, mais les volumes débarqués avaient donc été très bons.

L’augmentation des revenus de 76 % découle conséquemment d’une combinaison de facteurs, bien sûr l’augmentation des prises de 4,5 %, mais surtout la hausse des prix de 69 % entre 2020 et 2021. Ce prix moyen avait chuté à 5,04 $ la livre en 2020 en raison de l’incertitude liée aux premières semaines de pandémie, mais il a grimpé à 8,51 $ cette année, une donnée encore préliminaire mais très proche de la réalité, puisque la capture est terminée depuis juillet.

«La progression des captures continue à la hausse. On a plus que doublé les volumes débarqués en six ans», souligne l’économiste Ali Magassouba, du ministère fédéral des Pêches et des Océans, rappellant que les débarquements québécois de homard s’élevaient à environ    5 000 tonnes métriques en 2016.

«On a fait le rattrapage à la suite de baisse de prix de 2020 venant de la pandémie, et plus. C’est une hausse de   69 %. Je n’ai jamais vu ça», note monsieur Magassouba.

Les captures aux Îles-de-la-Madeleine ont représenté 51,6 % des débarquements de tous les débarquements québécois, avec 5 556 tonnes métriques. Ces captures ont généré des revenus de 104,4 M$, dans ce cas un record absolu. L’an passé, la valeur des prises de homard dans l’archipel madelinot avait atteint 68 M$, à partir de débarquements de 6 194 tonnes métriques. Les homardiers madelinots   ont donc livré 638 tonnes de moins en 2021 qu’en 2020, une baisse de 10,3 %. Les revenus ont, quant à eux, grimpé de 53,5 %.

En Gaspésie, les prises ont atteint 4 465 tonnes métriques, soit 41,4 % du total québécois, et elles ont généré des revenus de 83,1 M$, un record depuis que Pêches et Océans Canada tient ce genre de statistiques, en 1984. Dans les deux cas, ce sont des totaux supérieurs à ceux de 2020, alors que les homardiers avaient débarqué 3 663 tonnes de homard, porteurs d’une valeur de 42 millions $. Les totaux de 2021 représentent une hausse de 98 % des revenus et de 21,9 % pour les prises.

Sur le Côte-Nord, les revenus ont aussi atteint un seuil record en 2021, avec 713 tonnes métriques, pour une valeur de 13,8 M$, soit 7 % de la valeur québécoise. Il s’agit dans les deux cas de hausses significatives par rapport aux données de 2020, alors que les prises s’étaient établies à 422 tonnes métriques, un volume porteur de revenus de 4,5 M$. Les prises ont donc augmenté de 89 % et les revenus, de 206 %.

«Cette situation ne reflète pas ce qui s’est passé à l’île d’Anticosti. Entre 65 et 70 % des prises d’Anticosti sont réalisées par des pêcheurs gaspésiens et elles sont débarquées en Gaspésie. Les autres prises d’Anticosti sont attribuées aux Îles-de-la-Madeleine et à la Côte-Nord, puisque des pêcheurs de Havre-Saint-Pierre fréquentent les côtes de l’île», précise Ali Magassouba.

Quand on met Anticosti dans l’équation, on réalise que le littoral de la grande île a généré 9 % du homard québécois. La part des Îles-de-la-Madeleine baisse alors légèrement, à 50,1 %, celle de la Gaspésie à 35 % et celle de la Côte-Nord à 5,9 %.

Ali Magassouba fait d’autres observations sur les tendances des récentes années.

«On remarque qu’entre la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, il y a de moins en moins d’écart entre les prix payés aux pêcheurs. On remarque aussi que sur la Côte-Nord, avec 8,79 $ la livre, on voit un prix un peu plus élevé qu’en Gaspésie et aux Îles cette année. Si on exclut Anticosti, les débarquements sur la Côte-Nord ont atteint 571 tonnes. Ce n’était presque rien en 2013. On note aussi que la croissance des prises aux Îles est plus modérée qu’en Gaspésie. La théorie, c’est que l’archipel est déjà plus au sud que la Gaspésie, Anticosti et la Côte-Nord. Les pêcheurs des Îles profitent depuis plus longtemps et ils profitent encore de la croissance de la ressource (venant du réchauffement de l’eau), mais moins que ceux de la Gaspésie et la Côte-Nord» précise M. Magassouba.

Il souligne l’ascension de la Côte-Nord depuis quelques années. «On voit les prises augmenter dans les différentes zones sur la Côte-Nord, les zones 15 et 16 de la Basse-Côte-Nord, et la zone 18 en Moyenne-Côte-Nord. Sur l’ensemble de la Côte-Nord, la valeur des prises est passée de 300 000 $ à 11 millions $ entre 2013 et 2021. Seulement entre 2020 et 2021, cette valeur a presque triplé».

L’économiste cherchera aussi à comprendre pourquoi le prix, habituellement plus bas sur la Côte-Nord qu’en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, a été supérieur en 2021.

«On n’a pas d’explication pour le moment. On peut expliquer les prix plus faibles lors des années antérieures en supposant que les usines ont moins d’économie d’échelle, qu’elles sont loin des marchés, qu’elles sont moins organisées pour vendre le homard, que c’est moins rentable pour le producteur, parce qu’il ne peut pas remplir un camion. On peut supposer que des facteurs d’organisation industrielle rendaient ça moins intéressant. Est-ce qu’on a atteint un seuil critique? C’est une théorie qu’il faudra confirmer» analyse Ali Magassouba.

Quant à la hausse générale du prix payé aux pêcheurs québécois, l’économiste, après observation des prix de gros en dollars canadiens et américains, note qu’il «a bénéficié de la tendance générale». D’autres facteurs ont joué, dit-il.

«On a aussi vu jouer des facteurs micro-économiques, comme des baisses de captures dans les secteurs sud de la Nouvelle-Écosse et au Maine. Il y a eu des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, il y a eu une pénurie de camionneurs et les capacités d’entreposage n’ont pas suffi. Les pêcheurs voient les prix et ils veulent leur part du gâteau. Il y a eu également une hausse des prix du carburant et une difficulté de trouver de la main-d’œuvre dans les usines», explique-t-il.

Il est prudent quand vient le temps de dresser une perspective pour 2022. «On entre dans une période entre-deux. Les restaurants sont plus chers et ils ne sont pas tous réouverts. C’est possible que les gens fassent plus leurs trucs à la maison (qu’ils sortent moins). Il y aura une tendance à suivre. Le homard a l’avantage d’être mangeable à la maison, et au restaurant assez facilement», conclut Ali Magassouba.

ÉCONOMIE – pages 8 et 9 – Volume 34,5 Décembre 2021-Janvier 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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