La perspective que la biomasse commerciale de 81 000 TM de crabe des neiges du sud du Golfe puisse être exploitée aux alentours de 41 %, en vertu des règles de gestion par approche de précaution, est accueillie très positivement aux Îles-de-la-Madeleine. Le quota global 2022 s’établirait ainsi à plus de 33 000 tonnes métriques, contre 24 261 l’an dernier. La nouvelle est d’autant plus positive que le stock de crabe des neiges de l’Alaska, qui est à son plus bas niveau historique, vient lui-même d’être désigné comme étant surexploité.
«Ça regarde très bien au niveau des prises et des prix, commente Denis Éloquin, capitaine du JEAN-MATHIEU. Si rien d’imprévu n’arrive, on s’en va encore vers une année record. À la fin de l’automne, les prix étaient encore excessivement hauts, et ça ne semble pas trop bouger, selon les acheteurs et les grossistes. Et parce que l’Alaska, et même la Russie – les deux seuls autres pays producteurs de crabe des neiges – ont terriblement baissé leurs quotas, ça nous donne une très grande chance d’avoir un meilleur prix. La demande va être forte!»
Quant aux pêcheurs de la petite zone 12F, située le long du chenal laurentien, ils ont convenu, en comité consultatif de gestion, de limiter leur taux d’exploitation de la ressource à 26 %. Steve Lapierre, capitaine du WESTERN WIND II et président du Groupe des pêcheurs zone F, fait remarquer que la biomasse commerciale du stock y est évaluée à 4 300 tonnes métriques, contre une surévaluation de 7 200 l’an dernier. «C’est quand même une très bonne biomasse, affirme-t-il. On a déjà connu beaucoup plus bas; il y a des années, il n’y avait à peu près que 1 000 tonnes «pêchables». Et comme c’est une petite zone, nous préférons jouer de prudence. C’est le même principe qu’avec de l’argent: si tu dépenses tout la même année, après, tu n’en as plus!»
Pour sa part, Fruits de Mer Madeleine se prépare à accueillir 45 % plus de main-d’œuvre étrangère en provenance du Mexique, afin de composer avec la hausse anticipée des débarquements 2022. «En parallèle, nous évaluons la possibilité de donner plus de flexibilité à nos lignes de transformation», explique son président et chef de direction, Jean Bérubé.
En 2021, les pêcheurs madelinots ont reçu un prix à quai record de 8,75 $ la livre. Selon le bilan préliminaire du ministère des Pêches et des Océans, 49 crabiers de toutes zones confondues avaient livré leurs captures dans l’archipel, pour un volume total de 1 675 tonnes métriques et une valeur à quai de 26 millions de dollars.
LE SUD DU GOLFE – page 6 – Volume 35,1 Février-Mars 2022