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Nouvelles encourageantes pour le sébaste, pour le flétan atlantique, mais peu reluisantes pour la morue du sud du golfe

Le recrutement du stock de sébaste des unités 1 et 2 du golfe et de son embouchure est 80 fois supérieur à ce qu’il était au cours de la période 1993-2012. Dans sa plus récente évaluation scientifique, le biologiste Claude Brassard, de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML), note que la cohorte des poissons nés en 2011 est égale, voire supérieure à celle de 1980 qui supporte la pêcherie depuis plus de 30 ans.

L’évaluateur de stock estime que la moitié de ces petits sébastes atteindront la taille commerciale en 2018, puis le stade de reproduction en 2020. Il recommande d’en limiter les prises accidentelles pour maximiser leurs chances de survie. «Ce sera un enjeu au cours des prochaines années, dit-il. C’est que, quand les pêcheurs vont capturer les poissons adultes, ils vont aussi retrouver, dans leur engin de pêche, des petits poissons. Donc, il faut s’assurer de trouver une méthode pour minimiser les captures de petits poissons.»

LEVÉE DU MORATOIRE RÉCLAMÉE

Malgré cet appel à la prudence, l’industrie réclame la levée du moratoire sur la pêche au sébaste de l’unité 1 du golfe dès cette année. Le capitaine du Cap Adèle, Marcel Cormier, précise qu’il y a unanimité pour demander une pêche minimale de 5 000 tonnes. «Ça fait quand même 20 ans qu’on attend, là. Un moment donné, il va falloir passer à l’acte et voir s’il y en a ou s’il n’y en a pas. Ça fait que, moi, je prétends que c’est le temps d’essayer. Ça ne fera pas une grosse différence d’attendre un an ou deux ans», affirme le président de la Fédération des pêcheurs semi-hauturiers du Québec.

Jusqu’à présent, un quota de 2 000 tonnes métriques est alloué aux relevés des pêches sentinelles et scientifiques du stock de sébaste de l’unité 1 du golfe, tandis que des prises commerciales de 8 500 tonnes sont autorisées à son embouchure. Cependant, grâce à la cohorte 2011, le biologiste Claude Brassard dit avoir bon espoir que le stock reproducteur des deux unités, actuellement à un seuil critique, puisse se rétablir complètement à moyen terme.

La direction régionale du ministère des Pêches et des Océans (MPO), Région du Golfe, basée à Moncton, fera connaitre les modalités de gestion 2016 vers la mi-mai. Entretemps, en vertu du protocole des petits poissons, elle ferme les zones de pêche dès que les prises de taille inférieure à la taille commerciale de 22 centimètres comptent pour plus de 15% des captures.

RECRUTEMENT DE FLÉTAN EN CROISSANCE

Pour sa part, le stock de flétan de l’Atlantique du golfe du Saint-Laurent est stable à des niveaux élevés, selon les données du MPO. Cependant, l’évaluation scientifique que le Ministère renouvelle aux deux ans est marquée par d’importantes incertitudes qui laissent croire que le portrait est peut-être beaucoup plus positif qu’il n’y parait.

Ainsi, la mise à jour des indicateurs d’abondance de 2015, produite par l’IML, démontre que le recrutement de cette population de poissons est en augmentation constante depuis 20 ans. Le biologiste Mathieu Desgagnés précise que, d’année en année, les petits poissons sous la taille commerciale de 85 centimètres sont soit stables à des niveaux élevés, soit en augmentation. «Beaucoup de nouveaux individus qui risquent de rentrer dans la pêche sont aux niveaux les plus élevés qu’on a observés depuis que nous, ici, nous ramassons des données sur ces tailles-là d’individus, dit-il. Et, en plus, la pêche réussit, finalement, à aller chercher les quotas qui sont présentement en place.»

Les taux de captures commerciales de flétan sont eux-mêmes en hausse de 300% dans le golfe, depuis 10 ans, et ce, malgré l’estimation partielle d’une légère baisse de l’effort de pêche, signale monsieur Desgagnés. Toutefois, il explique que Pêches et Océans n’a aucune évaluation de la biomasse reproductrice du stock. «Les relevés scientifiques, à cause des engins de pêche qui sont utilisées, vont capturer de très petits individus, d’une taille de 50 ou 60 centimètres et la pêche, elle, va se concentrer sur des tailles variant entre la taille minimale de 85 cm et ça va se rendre peut-être jusqu’à 105-110 centimètres, explique le biologiste. Il y a quelques gros individus qui sont capturés, mais ce qu’on appelle la biomasse, la quantité de poissons qui est capable de se reproduire, bien, ça va être des poissons encore plus gros.»

D’ailleurs, pour combler ce manque d’informations sur la biomasse reproductrice du flétan de l’Atlantique dans le golfe du Saint-Laurent, le Ministère planifie des relevés scientifiques à la palangre, en collaboration avec l’industrie, à compter de l’an prochain. Bien que ça prendra plusieurs années pour en avoir une évaluation précise, Mathieu Desgagnés affirme que, déjà, les échantillons 2017 seront riches en informations.

MORUE TOUJOURS MAL EN POINT

En contrepartie, la situation est tout autre pour la morue du sud du golfe, selon ce qui ressort de la mise à jour de l’évaluation scientifique 2015. Le chercheur Hugues Benoît, chef de la section des poissons marins au bureau du MPO à Moncton, fait remarquer que l’indice de biomasse du stock reproducteur de la zone 4T est toujours parmi les plus faibles enregistrés ces 45 dernières années.

Il dit que ses trois indicateurs, provenant du relevé annuel du Ministère et des pêches sentinelles aux engins fixes et mobiles, donnent tous le même portrait. «Ce sont des prises par trait qui sont autour de 10 kilogrammes pour la morue de taille commerciale, précise le biologiste, ce qui est beaucoup plus faible, par exemple, que les niveaux moyens qu’on observait dans les années 1980 où on se situait plutôt   autour des 120 kilogrammes par trait.»

Monsieur Benoît note que la disparition de la morue concorde avec son taux de mortalité naturelle très élevé. Ce dernier est à environ 55% trois fois plus élevé qu’il ne l’était il y a 35 ans. Et c’est chez les proies de prédilection des phoques gris, soit les poissons de plus de cinq ans, que ce taux de mortalité a le plus augmenté, dit-il. «Le pronostic c’est que tant que la mortalité naturelle va demeurer élevée, dit-il, on voit très peu de potentiel de rétablissement du stock.»

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Claude Brassard, biologiste à l’Institut Maurice-Lamontagne. (Photo Pêches et Océans Canada – F. Pouliot)

Hugues Benoît ne croit toutefois pas que la morue disparaitra complètement du sud du golfe. Il est plutôt d’avis que le phoque finira par diriger son emphase de prédation vers d’autres stocks de poissons.

LES POISSONS DE FOND – page 20 – Volume 29,2 – Avril-Mai 2016

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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