mardi, novembre 18, 2025
AccueilNouvellesActualitésPêche à la crevette 2025 : de l'espoir, malgré les défis

Pêche à la crevette 2025 : de l’espoir, malgré les défis

La saison de pêche à la crevette nordique 2025 dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent offre un tableau contrasté. Si certains indicateurs permettent d’entrevoir une amélioration, l’industrie québécoise demeure néanmoins confrontée à des défis majeurs qui menacent sa viabilité à long terme.

Le ministère fédéral des Pêches a annoncé un total autorisé des captures (TAC) de 3 809 tonnes pour 2025, soit une hausse substantielle de 27 % par rapport à l’année précédente. Selon les zones, cette augmentation se répartit ainsi : 946 tonnes pour Estuaire, 807 tonnes pour Sept-Îles, 885 tonnes pour Anticosti et 1 171 tonnes pour Esquiman.

Malgré cette progression encourageante, l’état des stocks demeure préoccupant. Cependant, les taux de captures montrent des signes d’amélioration, particulièrement dans la zone Anticosti, où les résultats sont qualifiés d’«excellents par rapport aux dernières années», selon le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec (OPCQ). «C’est mieux que l’année passée, même si on est loin des bonnes années», confirme Patrice  Element, en parlant de l’ensemble des quatre zones.

Une entente tarifaire qui rassure

L’OPCQ et l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) ont conclu une entente à la fin juillet afin d’établir les prix au débarquement : 1,88 $ la livre pour la grosse crevette, 1,68 $ pour la moyenne, 1,58 $ pour la petite et 1,52 $ pour la très petite. Ces tarifs représentent une hausse moyenne de 5 cents la livre pour chaque catégorie, offrant une bouffée d’air aux pêcheurs qui font face à des coûts d’exploitation élevés.

Cette négociation s’est déroulée dans un contexte particulier, marqué par un début de saison tardif. «Depuis quelques années, les transformateurs ne veulent plus acheter de crevette avant la fin avril ou le début mai», fait observer M. Element. La situation s’est complexifiée par le fait que plusieurs crevettiers ont obtenu des permis exploratoires de pêche au homard, concentrant donc leurs efforts sur cette pêche plus lucrative avant de se tourner vers la crevette.

Participation limitée, mais stable

Contrairement à 2024 où seuls huit crevettiers avaient exercé leur droit de pêche en raison des faibles quotas, douze entreprises sont actives cette saison. Cette progression modeste reflète tout de même la précarité économique du secteur. «Il y a trois situations, analyse Patrice Element. Une où on fait des profits, une autre où on perd moins d’argent d’aller à la pêche que de rester à quai et une dernière où on perd moins d’argent à rester à quai qu’en allant à la pêche.» Selon le porte-parole de l’Office, la deuxième situation semble davantage profitable.

La survie économique de plusieurs pêcheurs dépend aussi de la location de quotas d’entreprises inactives, une stratégie qui permet de maintenir un volume minimal d’activité.

Absence de certification MSC :  handicap majeur

Le principal obstacle à la commercialisation de la crevette québécoise reste l’absence de certification MSC (Marine Stewardship Council). «C’est ce que nos industriels nous ont rapporté, indique le directeur général de l’AQIP, Serge Fortin. Plusieurs grandes chaînes alimentaires, tant à l’étranger qu’au Québec et au Canada, ne prennent plus la crevette qui n’est pas certifiée MSC.»

Cette situation a créé un cercle vicieux : les grandes chaînes comme Metro et Sobeys privilégient désormais la crevette norvégienne «double frozen», qui est certifiée MSC et se vend moins cher. Les transformateurs québécois se retrouvent alors avec des inventaires difficiles à écouler,  limitant leurs débouchés aux restaurants et petits commerces locaux qui acceptent le produit non certifié.

Usines en quête d’équilibre

Les deux usines de transformation gaspésiennes, Les Pêcheries Marinard de Rivière-au-Renard et La Crevette du Nord Atlantique de L’Anse-au-Griffon, naviguent dans des eaux troubles. Pour maintenir leur main-d’œuvre et éviter des licenciements, elles ont réduit leurs importations de crevettes scandinaves proportionnellement à l’augmentation des captures locales.

«Quand une usine a une capacité de 10 millions de livres et qu’elle en produit 500 000, ce n’est pas la même rentabilité», illustre M. Fortin. Ainsi, les entreprises peinent à générer suffisamment de bénéfices pour maintenir leurs équipements et assurer leur compétitivité future, de l’avis du dirigeant de l’AQIP.

Avenir incertain, mais teinté d’optimisme

Malgré les difficultés, les acteurs de l’industrie conservent un optimisme prudent. Selon les premières observations de l’OPCQ, l’amélioration des taux de captures, estimée entre 10 et 20 % de plus que la dernière saison, laisse entrevoir une lueur d’espoir quant au rétablissement de la ressource. Les conditions de marché semblent également plus favorables sur  un point : la rareté de la crevette crée des opportunités.

Cependant, l’équation économique reste complexe. De nombreuses entreprises de pêche portent des dettes importantes contractées à une époque où les volumes atteignaient    600 000 à 800 000 livres annuellement, alors qu’ils peuvent aujourd’hui plafonner autour de 200 000 livres.

«Si la crevette du Québec ne revient pas et qu’elle n’est pas certifiée, je ne suis pas sûr qu’il y aura encore deux usines qui vont la transformer dans cinq ou dix ans», avertit Serge Fortin. Cette sombre prédiction contraste avec l’espoir exprimé par certains observateurs du secteur, qui voient dans cette saison 2025 les prémices d’une possible renaissance de cette pêche emblématique dans le Saint-Laurent.

Pour l’AQIP, la survie de l’industrie crevettière québécoise dépendra ultimement de sa capacité à retrouver la certification MSC et à maintenir l’amélioration de ses stocks. Voilà deux défis interdépendants qui, selon M. Fortin, détermineront l’avenir de cette filière économique régionale.

GASPÉ-NORD – page 4 – Volume 38,3 Septembre-Octobre 2025

300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Harnois Énergies
300 X 250 Desjardins
300 x 250 Trinav
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 X 250 Marindustriel
300 X 250 Polymos
300 X 250 Cain Lamarre
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 AssurExperts Clovis Morris
300 X 250 Chantier naval Forillon
ARTICLES RELIÉS
- Annonceurs -
300 X 250 Marindustriel
300 x 250 Trinav
300 X 250 AssurExperts Clovis Morris
300 X 250 Chantier naval Forillon
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 Desjardins
300 X 250 Cain Lamarre
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Harnois Énergies
300 X 250 Polymos

POPULAIRES