mercredi, juin 18, 2025
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Pêche au crabe des neiges de la zone 12 : une saison courte compensée par des prix élevés

Porteuse d’inquiétude avant le début de la capture le 5 avril dans le sud du golfe Saint-Laurent, la saison 2025 dans le domaine du crabe des neiges a certes été marquée par sa brièveté, en raison d’une réduction de contingent global de 33 %. Toutefois, le prix élevé a tôt fait de balayer l’appréhension initiale des pêcheurs et des transformateurs.

Daniel Desbois, président de l’Association des crabiers gaspésiens note que plusieurs pêcheurs avaient capturé l’essentiel de leur quota trois semaines après le feu vert du 5 avril, c’est-à-dire avant la fin du mois.

«Le rythme des captures a été le même qu’en 2024, même si le quota a été réduit de 33 %. On se pose des questions sur l’évaluation du stock effectuée en 2024. On peut certainement dire que la marge d’erreur s’est située dans la partie supérieure, et favorable, de l’intervalle de confiance», précise M. Desbois, lui-même crabier.

«Le début hâtif a énormément aidé les pêcheurs. Ils avaient presque tous capturé leur quota au début de mai. Les baleines noires n’ont pas été un facteur cette année. On n’en a pas entendu parler du tout pendant la saison. Ç’a fait toute une différence. C’est très difficile pour les pêcheurs de déplacer des casiers quand il y a des secteurs fermés à cause des baleines. C’est beaucoup de travail alors qu’après quelques semaines de pêche, le crabe est plus difficile à capturer», analyse-t-il.

Ces prises rapides ont aussi favorisé le contrôle des coûts pour les crabiers. «Les pêcheurs ont fait moins de voyages. Certains d’entre eux avaient terminé leur saison après trois voyages. Ça réduit énormément les dépenses d’opération», précise Daniel Desbois, en pensant au carburant et aux appâts, dont le coût a augmenté en flèche au cours des quatre dernières années.

L’agréable surprise de la saison a pris la forme d’un prix nettement supérieur aux attentes. Il s’est établi à un intervalle de 7 $ à 7,50 $ la livre dans le sud du golfe, selon que les crabiers sont équipés de cale à glace ou de cale à eau. Pratiquement personne n’avait vu venir cet intervalle de prix à quelques semaines du début de la saison, au début de mars, lors du Boston Seafood Show.

«Le prix de 7 $ à 7,50 $ est mentionné, mais ça peut varier un peu, selon les ententes avec les usines. C’est certain qu’on ne pensait pas obtenir un prix aussi élevé, mais il y avait rareté du produit quand la saison a commencé», conclut M. Desbois.

Une courte saison de transformation

Du côté de la transformation du crabe, la surprise quant au prix a aussi été considérable, compte tenu du fait que les gestionnaires d’usines gaspésiennes savaient que le contingent global du côté de Terre-Neuve était énorme en 2025, à un peu plus de 60 000 tonnes métriques (environ 140 millions de livres), plus de trois fois les 18 334,49 tonnes métriques dévolues au sud du golfe Saint-Laurent.

Bill Sheehan, vice-président de l’usine E. Gagnon et Fils, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, précise que quelques facteurs ont favorisé un prix élevé cette année.

«La demande a été plus forte que prévu, surtout au début de la saison. Au 30 mai, on en a quasiment plus du tout à vendre. Terre-Neuve est embarqué sur le marché après nous. On savait que le marché était vide au début d’avril. La saison a été rapide. On n’a pas senti la baisse de 33 % dans le rythme des captures», signale M. Sheehan, confirmant ainsi les propos de Daniel Desbois.

Certaines conditions de marché étaient réunies pour une bonne saison, ajoute Bill Sheehan, mais la possibilité d’imposition de tarifs à l’importation par les États-Unis a gardé tout le secteur des pêches sur le qui-vive.

«Ç’a bien adonné, parce que le taux de change était un peu plus avantageux cette année que l’an passé et le marché était vide. Le taux de change a fluctué pendant la saison. Ça dépend du moment, avec toute l’instabilité créée par Donald Trump. Il est à 1,36 $ – 1,37 $ (canadien pour un dollar américain, le 30 mai). Il était à 1,3850 $ hier, et on a eu 1,42 $, mais ça n’a pas duré. C’est 5 cents de moins maintenant. Ça fait des 30-40 cents de moins une fois le produit fini. L’instabilité créée par tous ces facteurs nous touche directement», précise Bill Sheehan en faisant référence à la politique américaine et aux variations de la devise.

«Même vendu au Canada, le crabe est transigé en dollars américains. On a eu un «flash» à 1,42 $ pour le taux de change, mais on pourrait dire que la moyenne a été de 1,38 $. Ce n’est pas mauvais, pas catastrophique. Ça nous donne un mini-avantage sur 2024», ajoute-t-il.

L’inévitable marché américain

La grande majorité des transactions de crabe des neiges s’est une fois de plus dirigée vers les États-Unis.

«On n’a pas été touchés par les tarifs. On a vendu au moins 80% de nos produits vers les États-Unis. Pour le Japon, ça s’est peut-être situé entre 10 à 20 %, surtout à partir du show de Boston. Je n’ai pas encore regardé les chiffres, mais c’est mieux que l’an passé parce qu’on ne savait pas ce qui se passerait chez nos voisins du sud. Les tarifs, on les enlevait, on les remettait. À 25 % (comme la plupart des biens visés par Donald Trump), ce n’est pas rien», explique Bill Sheehan.

Même avec un tarif de 25 %, la majorité des ventes de la firme E. Gagnon et Fils, aurait été dirigée aux États-Unis, du moins en 2025, assure M. Sheehan, qui est cons-cient que dans certaines zones aux quotas modestes, il est plus facile d’écouler le crabe sur le marché intérieur.

«À 50 % (de tarif), ça aurait peut-être été différent. C’est une leçon pour le futur. Je suis depuis quand même assez longtemps dans le secteur des pêches. C’est facile, aux États-Unis. Le camionneur est capable de partir de Sainte-Thérèse et de se rendre à Boston sur le même quart de travail. C’est une leçon, ce qui se passe. Notre compagnie a fait des missions à l’étranger. Il y a des programmes, les gouvernements sont à l’écoute. On va faire plus de missions en Europe et en Asie», avance Bill Sheehan.

«Ce n’était pas «l’fun» au show de Boston cette année, au milieu de trois mois d’angoisse. Vendre en Europe et en Asie, ça veut dire conserver le produit (plus longtemps), avoir les marges de crédit pour garder ces produits en attente de livraison. On aurait été obligés d’aller là (exporter aux États-Unis) cette année, même avec un tarif de 25 %, considérant une différence de 40 cents dans le taux de change. Dans 10 ans, peut-être que la situation sera différente. Il faut dire qu’il y a 200 millions de livres de crabe des neiges à vendre venant de l’est du Canada cette année. C’est du volume», analyse Bill Sheehan.

Il explique que le décalage ayant marqué l’arrivée des produits de Terre-Neuve sur le marché américain a grandement aidé E. Gagnon et Fils à profiter du prix avantageux payé par les grossistes du sud de la frontière en avril. Le décalage de   l’arrivée des produits terre-neuviens a été causé par la nécessité d’une entente entre pêcheurs et usines avant l’amorce de la capture.

«La saison a été rapide et ça nous a permis de profiter du marché aux États-Unis. Ça commence à baisser, mais on n’est plus là. Il nous reste peut-être 1 % de crabe à vendre. C’est aussi plus lent à Terre-Neuve parce que le secteur de la transformation a imposé des quotas aux bateaux livrant aux usines, parce qu’elles ne fournissaient pas quand les volumes étaient trop grands», note M. Sheehan.

Enfin, il se réjouit comme tout le monde d’une saison qui a commencé tôt. «On n’a pas eu de problèmes avec les baleines cette année. On les a oubliées. Ça démontre que pour la capture, la meilleure façon d’éviter les ennuis, c’est de commencer tôt.»

LE SUD DU GOLFE – page 8 – Volume 38,2 Mai-Juin-Juillet 2025

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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