vendredi, avril 26, 2024
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Pêche au hareng d’automne : une saison qui commence trop tôt?

La saison de pêche au hareng tenue entre le 18 août et le 11 septembre a été caractérisée par des prises modestes au cours des deux premières semaines, et par des captures abondantes durant les derniers jours. Cette tendance avait aussi été observée en 2018 et elle incite un nombre croissant de pêcheurs et de transformateurs à suggérer de retarder la saison d’une semaine. Le président de Poisson Salé Gaspésien, Réal Nicolas, croit que le ministère fédéral des Pêches et des Océans serait bien avisé de mener une pêche scientifique dans les jours suivant la fin de la saison afin de vérifier si le hareng ne se présente pas quand les pêcheurs ont capturé le quota consenti.

POURQUOI PAS UN ESSAI?

«Le gouvernement devrait garder un ou deux bateaux de pêche à l’eau et aller chercher de l’information. Il faudrait un bateau au Québec et un au Nouveau-Brunswick. Nos dates d’aujourd’hui reflètent-elles la pêche de l’avenir? Il faut répondre à cette question (…) La saison se termine au moment où on se demande si ce ne devrait pas être le commencement. Ils (les pêcheurs) ont terminé pendant les meilleures soirées», analyse Réal Nicolas. Roch Lelièvre, propriétaire de l’autre principale usine de transformation de hareng en Gaspésie, Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, abonde dans le même sens.  «On parle depuis un bout de temps de commencer une semaine plus tard. Ce serait le temps d’essayer», signale M. Lelièvre. Les pêcheurs Jean Nicolas et Gilles Duguay sont d’accord. «Il faudrait faire un essai au moins. L’idéal serait de commencer une semaine plus tard», note M. Nicolas. «C’est en plein ce qu’il faudrait faire, mais la Gaspésie est avantagée présentement. Il y a plus de poisson de notre côté. Ça a commencé avec une eau très chaude. Après la tempête Dorian, il y a eu un refroidissement des eaux. L’eau avait perdu deux degrés avant, parce qu’il y avait eu du gros vent, et elle a perdu un peu plus de deux degrés après Dorian. J’ai mesuré l’eau à 17,8 degrés vers le début de la

saison, puis à 15,5 degrés et à 13,5 degrés après Dorian. C’est ça que j’ai observé. Je n’aime pas pêcher dans l’eau de 15 degrés et plus. La pêche est toujours meilleure quand l’eau est froide», remarque Gilles Duguay. Il dit avoir vécu «une très belle saison» même si ses prises, à environ 140 000 livres, ont été un peu moins élevées qu’en 2018. Ces prises ont été essentiellement réalisées le long des côtes gaspésiennes. «Je suis allé à Miscou une seule fois et je n’ai pas pris de poisson. Je suis allé une fois à Newport la semaine passée (durant la première semaine de septembre), puis j’ai pêché à Chandler et à Cap d’Espoir, et c’était très bon», note Gilles Duguay.

PRIX RECORD À QUAI

Le prix de 44 cents offert par les usines a plus que compensé les prises un peu inférieures, une situation attendue, considérant que le quota pour le sud du golfe Saint-Laurent a chuté à 7 685 tonnes métriques, comparativement à 8 539 tonnes en 2018. «C’est un très bon prix, 44 cents. On avait reçu 36 cents l’an passé et c’était bon. Je n’aurais jamais cru qu’on pourrait recevoir 44 cents. C’est un record», ajoute M. Duguay, un pêcheur polyvalent de Saint-François-de-Pabos. Jean Nicolas trouve également que sa saison de hareng s’est très bien déroulée. Sa pêche s’est essentiellement réalisée le long de la côte gaspésienne. «À Miscou, il n’y a presque pas eu de hareng. Dorian a fait refroidir l’eau et il y avait du hareng pour tout le monde après. J’ai pêché six soirs à Chandler et un à Cap d’Espoir, mardi (le 10 septembre). Ç’a fini très fort», rapporte M. Nicolas, un homardier traditionnel et pêcheur polyvalent de Grande-Rivière. Les deux premières semaines ont donné lieu à des prises modestes, concentrées la plupart du temps en deux soirées par semaine, avec pour résultat que le volume capturé par Jean Nicolas a été légèrement inférieur à celui de l’an passé. C’est la saison plus courte, trois semaines et demie au lieu de cinq en 2018, et surtout le prix de 44 cents qui ont sauvé la mise. «C’est très bon. On n’a rien contre ça. Quand on l’a déjà pêché à deux cents la livre, on trouve ça bon», dit-il. Au sujet de la longueur de la saison, il rappelle que «l’an passé, on avait arrêté un petit bout de temps», parce que le poisson était rare.

MOINS DE TRAVAIL EN USINE

Du côté de la transformation, Réal Nicolas a bien apprécié la saison plus courte de cette année, surtout que les prises étaient assez limitées pendant les deux premières semaines. «Il y a eu beaucoup d’arrêts. On a travaillé deux jours par semaine à l’usine. Ce n’est pas l’idéal pour personne, nous, les pêcheurs et les travailleurs d’usine», dit-il.Réal Nicolas souligne le déclin constant du contingent pour illustrer la réalité ayant prévalu pour le secteur du hareng dans le sud du golfe du Saint-Laurent cette année, notamment cette autre chute de 8 539 à 7 685 tonnes métriques du total des prises admissibles, soit 854 tonnes, et ce prix record de 44 cents la livre. «Ce n’est pas du gros quota. Tout le monde s’est battu pour avoir des volumes. C’est l’offre et la demande. Il y a une grosse demande pour la boëtte, pour les fumoirs et pour la rave. Le Québec a eu son mot à dire dans le prix de 44 cents», note M. Nicolas.Il rappelle qu’il y a 20 ans, «le quota se situait à 23 000 tonnes, et c’est moins de 7 000 maintenant. Il y avait 250 pêcheurs (au Nouveau-Brunswick et en Gaspésie) et il en reste peut-être 125 maintenant (…) Il manque de poisson, il manque de boëtte et il manque de rave. Il va y avoir une grosse rareté de hareng pour la pêche au crabe des neiges l’an prochain», prédit-il. «Les taux (de rendement de rave) sont un peu plus faibles, mais la qualité est bonne. Moins il y en aura, meilleur sera le prix, mais ce prix, on ne le connaît pas durant la saison», note par ailleurs Réal Nicolas au sujet des œufs. Poisson Salé Gaspésien a acquis 1,7 million de livres de hareng cette année, un total assez similaire à celui de l’an passé. Douze pêcheurs, neuf Gaspésiens et trois Néo-Brunswickois, ont débarqué à l’usine de Grande-Rivière cet approvisionnement, venu à 75 % des secteurs de Chandler, Pabos et Cap d’Espoir, note M. Nicolas.

DU TRAVAIL POUR LES FUMOIRS GASPÉ CURED

La majorité de ce volume prend la route des Fumoirs Gaspé Cured de Cap-d’Espoir, une entreprise possédée conjointement par Poisson Salé Gaspésien et Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan. «Les fumoirs fonctionneront pendant les mêmes dates que l’an passé, de septembre à février. Il manque un peu de produit pour aller plus loin dans l’hiver», signale réal Nicolas. La transformation du hareng demeure-t-elle rentable en Gaspésie? «Oui, mais il faut sauver tout le hareng qui entre. Le gros problème vient du fait que c’est une opération trop courte, seulement un peu plus de trois semaines. Ce matin, on enlève tout l’équipement pour se préparer pour la transformation du homard cet automne», précise Réal Nicolas. Roch Lelièvre abonde dans le même sens. «On est au minimum acceptable du quota pour justifier la transformation du hareng. C’est beaucoup d’effort pour installer tout cet équipement pour trois   semaines». Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan a acheté 1,5 million de livres de hareng cette année, soit environ 300 000 livres de moins qu’en 2018. Seize pêcheurs, 10 Gaspésiens et six Néo-Brunswickois, ont livré cet approvisionnement. «On regarde la possibilité d’en acheter pour allonger la période de travail aux fumoirs», précise Roch Lelièvre. Les fumoirs emploient une cinquantaine de personnes de l’automne au milieu de l’hiver. En ce qui a trait aux réserves d’appât, une source d’inquiétude, il ne serait pas surpris d’avoir à acheter du poisson d’outremer. «Il n’y a pas juste les fumoirs. Il faut aussi des appâts. On va les trouver où? Il en manque déjà. On a eu à acheter six conteneurs de maquereau d’Espagne, au printemps, pour arriver à fournir nos clients», dit-il. Globalement, Roch Lelièvre est quand même assez satisfait de la saison de hareng de 2019. «Ça pas été trop long, à trois semaines et demie au lieu de cinq semaines, pour la quantité de poisson disponible. Les deux premières étaient moins bonnes. Le volume a été bon surtout la dernière semaine. De notre côté, les prises sont venues à peu près moitié-moitié de la Gaspésie et du Nouveau-Brunswick. C’était mieux sur la côte gaspésienne que l’an passé. En gros, les prises étaient un peu plus concentrées cette année», résume-t-il. Quant au prix à 44 cents la livre, «on n’avait jamais vu ça. C’est la compétition qui l’a justifié. C’est une chance à prendre. On ne connaît pas encore le prix de la rave, mais il est clair pour moi que le marché ne paiera pas la différence de 36 à 44 cents», conclut Roch Lelièvre.

 

 

LES PÉLAGIQUES – page 3 – Volume 32,4 Septembre-Octobre-Novembre 2019

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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