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Pêche au homard : le début de la capture annonce une saison prometteuse

Les prises de homard des 10 premiers jours de la saison ont été élevées en Gaspésie, même si les conditions météorologiques ont été capricieuses à différents degrés, selon les secteurs de pêche. Ces conditions ont toutefois été meilleures en 2023 qu’en 2022, alors que les deux premières semaines avaient été fort difficiles.

Les casiers ont été mis à l’eau le 29 avril entre Bonaventure Est et l’Anse-à-Brillant, et les premières prises ont été livrées le lendemain. Ces deux jours ont été très peu venteux, mais la situation a changé les 1er et 2 mai, alors qu’une tempête et une  pluie abondante ont balayé le sud de la Gaspésie.

Les homardiers gaspésiens sont majoritairement restés à quai lors de ces deux journées. Il y a eu quelques exceptions, comme ce fut le cas à Saint-Godefroi, «où tous les pêcheurs sont allés en mer le 1er, avant la tempête, et un certain nombre le lendemain, une fois le vent calmé», a rapporté Jeffrey Vautier.

Les homardiers basés à Saint-Godefroi ont débarqué entre 600 et 1200 livres le 30 avril, ce qui n’était pas un record pour la plupart d’entre eux, mais ce qui augure bien pour la saison.

La fin de la première semaine et le début de la seconde ont compensé les pertes attribuables à la tempête. Dans certaines sous-zones, des homardiers ont connu quelques journées consécutives de 2000 livres, parfois plus.

«On peut dire qu’il y a du homard en Gaspésie», résumait l’acheteur Roch Lelièvre, président de l’entreprise Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

Le 9 mai, il n’avait pas encore fait de comparaison statistique avec 2022, mais il pouvait dire d’emblée que les prises des 14 homardiers gaspésiens livrant à son usine étaient plus élevées que celles de l’an passé.

«On a rarement vu ça. On voit des prises de 1400-1500 livres par pêcheur par jour, sauf à Cannes-de-Roches, où on a perdu quatre jours à cause des vents. À Saint-Georges-de-Malbaie aussi, ç’a démarré plus lentement à cause du vent», explique Roch Lelièvre, dont l’entreprise achète aussi les prises de quatre homardiers évoluant à l’île d’Anticosti, où plusieurs Gaspésiens pêchent, et celles de 48 homardiers néo-brunswickois, deux de plus qu’en 2022.

«C’est plus tranquille au Nouveau-Brunswick. Dans des grosses places (à homard) comme l’île Miscou, l’eau est encore froide», note-t-il.

Le marché québécois absorbe bien le homard vivant livré depuis le 30 avril. «Dans le vivant, ça va très bien. Dans le marché des produits congelés, ça ne bouge pas vite. Le marché attend que les prix se stabilisent. Les acheteurs ne sortent pas de bons prix», observe Roch Lelièvre.

PRIX INCONNU

Le 9 mai, le prix du homard versé aux pêcheurs gaspésiens n’était pas encore connu, les acheteurs attendant le prix versé aux homardiers madelinots, où il est déterminé par un plan conjoint tenant compte d’un échantillon de ce que les acheteurs ont payé.

Comme la capture ne s’est amorcée que le 6 mai dans l’archipel madelinot, avec des débarquements le 8, et qu’il faut attendre une semaine pour prendre connaissance de ce que le marché a payé, les homardiers gaspésiens en sont quittes pour attendre au 15 mai avant de prendre connaissance du prix qu’ils recevront.

Quand on demande à Roch Lelièvre si le prix de 2023 pourrait être équivalent à celui de 2022, il précise que «ça ne sera pas comme dans le crabe (où le prix en début de saison a chuté de 65 %); ça va baisser un peu, mais ce sera bon. Tu ne peux pas vendre le homard cher quand le crabe est si bas. On le voit dans les poissonneries et c’est un bon indice», analyse Roch Lelièvre, qui possède une poissonnerie à même son usine.

Le prix qu’il versera aux homardiers gaspésiens sera différent de celui payé aux pêcheurs néo-brunswickois. «On ajuste notre prix à celui du Nouveau-Brunswick. C’est une autre réalité», dit-il.

En 2022, Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan a pris livraison d’environ 3 millions de livres de homard, incluant les prises du Nouveau-Brunswick. Roch Lelièvre s’attend à un volume similaire en 2023. Il s’attend à une baisse des ventes au Québec après la Fête des mères.

«Ça bouge drôlement cette année. Je dis souvent que je n’ai pas de boule de cristal. Tout change vite et il n’y a pas une année pareille. Après la Fête des mères, on transforme plus de homard qu’on en vend vivant. C’est 75 %-25 % en faveur du homard transformé à ce moment. Le homard du Nouveau-Brunswick est transformé, mais aussi une grande partie du homard gaspésien après la fête des Mères», précise Roch Lelièvre.

MARCHÉ QUÉBÉCOIS PRENEUR

Chez E. Gagnon et Fils, une entreprise aussi basée à Sainte-Thérèse-de-Gaspé, le vice-président Bill Sheehan refuse de spéculer sur le prix que les homardiers devaient recevoir le 15 mai.

«On ne parle pas de ça. Chaque lundi, ils sont habitués d’avoir les prix. J’ai une idée, mais je ne peux pas le dire. Si je ne l’ai pas à 10 cents près, je vais me faire critiquer. Le prix sera connu le 15 mai à 10 h ou 11 h (…) Le prix s’appliquera rétroactivement. Présentement, on envoie tout sur le marché de Québec et de Montréal», souligne Bill Sheehan.

La réalité du marché change après la Fête des mères, parce que les expéditions de homard s’étendent.

«Tu en envoies aux États-Unis après la fête des Mères. Quand le crabe diminue à notre usine, il faut garder nos employés occupés en transformation. Ça pourrait parfois être plus rentable de continuer à fournir le marché du vivant. Il faut aussi dire que tout le monde cogne à la porte de Montréal à un moment donné. Le homard des Îles-de-la-Madeleine arrive, et les Maritimes cognent aussi à la porte de Montréal. Le petit avantage de la Gaspésie, c’est que c’est plus facile de se rendre sur le marché de Montréal. Notre pêche commence une semaine avant et nous sommes plus proches», explique M. Sheehan.

E. Gagnon et Fils et ses filiales, notamment Dégust-Mer, n’achètent plus de homard hors du Québec à des fins de transformation, de façon à viser des marchés d’exportation pendant une plus longue période.

«Les semaines qui viennent remplissent nos petites bottes. Le volume de homard qui entrera à l’usine devrait atteindre les cinq à six millions de livres cette année», dit-il.

S’il refuse de faire des prédictions sur une fourchette de prix payés aux homardiers en début de saison, Bill Sheehan croit que la demande pourrait rester forte assez longtemps.

«Le 4 juillet aux États-Unis, tu donnerais du crabe et les gens demanderaient du homard», dit-il avec une pointe d’humour.

«En même temps, si le prix du homard reste trop élevé, les gens feront la part des choses. Red Lobster vend du homard, son nom le dit, mais il y a un prix où cette chaîne ne peut aller. Ses dirigeants organisent aussi des Crab Fests tant que le crabe est abordable», conclut M. Sheehan.

CAPTURES SURPRENANTES

Du côté de la capture, le homardier et directeur général du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, O’Neil Cloutier, constate comme ses collègues l’abondance des prises du début de la saison 2023.

«On ne sait pas si c’est l’effet de notre début tardif, parce qu’on a commencé plus tard que prévu, mais on pense qu’il y aurait eu une accumulation de homards s’approchant de la côte. Il y a beaucoup de homards qui se capturent. Ils s’endorment l’hiver, et graduellement, il se réveille et ils rentrent sur la côte. Ça dépasse de beaucoup les premières semaines des meilleures années. Il a fait beau au début d’avril, et il s’est réveillé plus tôt de son hibernation. C’est une impression, c’est ça ou c’est vraiment une autre augmentation de l’abondance générale de notre ressource», explique M. Cloutier.

«J’ai eu une journée de 1800, presque 1900 livres. Je roule dans les 1000 à 1800 livres, autrement. Même la journée suivant la tempête du début de mai, j’ai débarqué 740 livres.   Je ne pensais jamais que ce serait aussi bon. C’est bon même dans les zones où l’on pressentait qu’ils (les homardiers) ne pourraient pas suivre le rythme, comme Saint-Godefroi, Port-Daniel et Gascons», ajoute-t-il au sujet de ses prises personnelles.

O’Neil Cloutier ne s’éternise pas sur la détermination du prix en début de saison.

«J’ai hâte de voir. Je suis un peu dérangé par la méthode de calcul. Pourquoi attendre les Îles-de-la-Madeleine alors qu’un prix négocié a été entendu pendant la première semaine de vente du homard gaspésien? Ils (les acheteurs) l’ont eu, le prix. Ils devraient être capables de nous dire combien ils ont reçu. Ça commence à déranger. Les gars ont l’impression qu’ils se font charrier. Ils ne compren- nent pas. Au lieu de se fier au prix des Îles, ils se disent qu’on va se faire un plan conjoint en Gaspésie. Pas de prix avant deux semaines, ça entraîne de la méfiance», remarque M. Cloutier.

LA GASPÉSIE – page 6 – Volume 36,2 Avril-Mai 2023

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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