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Prix de référence du homard sur le marché américain : une entente intervenue entre les acheteurs et l’Office des pêcheurs

Le lancement de la 146e saison de pêche au homard des Îles-de-la-Madeleine, le samedi 8 mai 2020, a été marqué par une entente majeure conclue entre les acheteurs et les pêcheurs sur le prix de référence du marché américain. C’est l’aboutissement de plusieurs rapports d’analyse et de mois de négociation pour mettre à jour la valeur témoin du Seafood Price Current (SPC) de l’éditeur américain Urner Barry, datant des années 1990. La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec en avait elle-même fait la recommandation dans une décision rendue en mars 2017.

On se rappellera pourtant que les acheteurs représentés par l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) bataillaient ferme, ces dernières années, en vue de retirer de la convention de mise en marché du homard des Îles cette référence extérieure, introduite en 2009, sous prétexte qu’elle ne reflétait pas la réalité des marchés. De son côté, l’Office des pêcheurs de homard se faisait fort de la reconnaissance de la Régie de son besoin d’une balise extérieure, pour s’assurer que les prix planchers versés à quai soient justes. «On tient mordicus à la référence du Seafood Price Current parce qu’elle nous donne un levier de négociation, explique le président de l’Office, Pascal Chevarie. Mais de continuer à se battre pour une référence qui n’était pas réaliste, ça n’avait pas de sens non plus.»

MOYENNE TRIENNALE       

Finalement, en mettant chacune de l’eau dans son vin, les deux parties ont convenu d’établir la valeur de référence du marché en fonction d’un rapport proportionnel entre les prix moyens pondérés payés à quai et les données moyennes du SPC des trois dernières années. On exclura du calcul de ce ratio les prix payés en 2020, une année atypique en raison de la COVID-19. Ainsi, pour chacune des neuf semaines de la saison en cours, le ratio triennal obtenu est appliqué au prix actuel du homard d’une livre et demie affiché par Urner Barry et converti en devise canadienne.

«On hait moins le Seafood Price Current de cette façon-là!, concède le directeur général de l’AQIP, Jean-Paul Gagné. On est beaucoup plus satisfait de la façon qu’il est administré, parce que le ratio sera modifié à tous les ans; ça devient moins inquiétant. Si on regarde pour l’année 2019, on arrive pratiquement «kif-kif» entre le prix qu’on avait payé et le ratio que ça donnait à ce moment-là.» 

Jusqu’ici, dès qu’il y avait un écart de plus de 0,25 $ la livre entre le prix reçu par les acheteurs madelinots et le SPC, les pêcheurs réclamaient un ajustement. «Il y a des semaines où on arrivait à 1 $ de différence, souligne M. Gagné. Ça n’avait plus de bon sens!» «Les deux experts qu’on a retenus conjointement pour se pencher sur la question voyaient bien que l’écart n’était plus réaliste, parce qu’il ne tenait pas compte des fluctuations du marché,  reconnaît Pascal Chevarie. On ne pouvait pas les contredire.» 

Cela dit, le mécanisme de fixation des prix inscrit à la convention de mise en marché reste lui-même inchangé, c’est-à-dire qu’il est toujours basé sur les trois meilleurs prix obtenus par les six acheteurs signataires du plan conjoint. Et, là encore, les acheteurs ont donné du lest à leur revendication traditionnelle pour que la  totalité des récépissés d’achat hebdomadaires soit prise en compte. «Ça été accepté à l’unanimité par nos acheteurs, se félicite M. Gagné. Il y a eu beaucoup de petites concessions et je pense que ça fait une convention qui a bien de l’allure.»

Une fois que le prix moyen des trois meilleures ventes est établi, les pêcheurs en reçoivent une part de   75 % sur les trois premiers dollars payés par le marché, et une part de 90 % sur l’excédent. «Et si le prix plancher payé à quai est inférieur au prix de référence du Seafood Price Current, ça déclenchera comme à l’habitude un processus de négociation pour obtenir un ajustement, ou on fera une demande d’arbitrage à la Régie», précise Pascal Chevarie.

À cet effet, l’Office des pêcheurs réclame toujours une bonification du prix payé au débarquement pour les 3e, 4e et 5e semaines de la saison 2020; une demande qui totalise 2 191 679 $. Selon les données du ministère des Pêches et des Océans (MPO), les Madelinots n’ont reçu que 4,95 $ la livre comme prix moyen l’an dernier, contre 5,15 $ pour leurs confrères de la Gaspésie. L’Office, qui espère toujours une entente négociée pour combler le manque à gagner, n’écarte pas un recours à l’arbitrage.

OPTIMISME   

Pour sa part, le président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCI), Charles Poirier, applaudit l’accord conclu entre l’Office et l’AQIP. À son avis, il a le mérite de paver la voie à une mise en marché ordonnée du homard des Îles, objectif premier du plan conjoint adopté en 1991. Son organisation entend d’ailleurs faire pression sur l’Office pour qu’il investisse conjointement avec l’AQIP dans la valorisation du produit et le développement de marchés.

«On sait que le Québec a des sous, présentement, pour aider à aller de l’avant dans ces domaines-là, fait remarquer M. Poirier. Ça fait que je pense qu’il faut travailler ensemble, producteurs et pêcheurs, et toute la chaine de production, pour faire la promotion de notre homard et en assurer la traçabilité de la mer à l’assiette. Parce qu’on dit qu’on a le meilleur homard au monde, on est aussi bien de le valoriser pour que le monde le sache!»

Par ailleurs, au moment d’aller sous presse à deux jours de l’ouverture de la saison 2021, l’humeur était à l’optimisme sur les quais des Îles-de-la-Madeleine, parce que les pêcheurs de la Gaspésie recevaient eux-mêmes 8 $ la livre. «On s’imagine que les prix vont être bons pour nous aussi, résume Charles Poirier. La seule chose qu’on déplore c’est qu’on n’ait pas pu devancer la saison au premier mai, étant donné le réchauffement. Le problème, c’est que les havres de pêche n’étaient pas encore prêts. Ça n’a pas de bon sens que ça prenne autant de temps pour le dragage!»

FORTE DEMANDE      

Du côté du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, les prix sont restés très élevés tout au long de l’hiver, à plus de 10 $ la livre. Selon l’acheteur Craig Crowell, de l’entreprise Craig’s Lobster de Shag Harbour, il a même atteint momentanément 15 $ au mois de mars, pour ensuite rester aux alentours de 12 $ et   13 $ jusqu’à la fin avril. «Les gens ont appris à composer avec la COVID-19, analyse-t-il. La compétition est féroce, aussi.»

Stewart Lamont, directeur exécutif de Tangier Lobster, en banlieue de Halifax, s’en déclare le premier surpris. «Le marché est fascinant, dit-il. À chaque année, le scénario est légèrement différent, mais cette année nous payons des prix record malgré la COVID-19. La demande a été tout particulièrement très forte en Chine, en prévision de la fête du Travail du premier mai.» L’acheteur néo-écossais ne saurait toutefois pas expliquer cette frénésie du marché. «Je crois que c’est une très sérieuse erreur de payer des prix aussi élevés que 13 $ la livre, affirme-t-il. À 10 $, c’est gérable, mais 13 $ ne l’est probablement pas. Je ne suis pas certain que les consommateurs seront prêts à payer pendant longtemps deux fois le prix qu’ils ont payé l’an dernier; surtout si les cas de COVID-19 continuent de se multiplier.»

Même son de cloche chez Fruits de Mer Madeleine, de l’Étang-du-Nord. Son directeur général, Pierre Déraspe se demande si les prix qui sont revenus à ce qu’ils étaient avant la pandémie sont soutenables. «Est-ce vraiment du concret, ou est-ce artificiel?, se questionne-t-il. On va le savoir quand on va débarquer des volumes importants de partout. Nos acheteurs sont nerveux; personne ne veut s’avancer. Dans le crabe c’est pareil : plus personne ne commande deux semaines à l’avance; c’est tout du dernière minute. Tout le monde dit que c’est bon, mais personne ne dit que ça va rester. Ça démontre que le monde est nerveux.              

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – page 15-1 – Volume 34,2 Avril-Mai 2021

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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