Total Océan a complété avec succès, le 30 mai, ses tests de transformation du gras de loup-marin en huile riche en Oméga 3. Le mois précédent, les tests à l’eau avaient révélé la présence d’une petite fissure dans la cuve du réacteur.
Les techniciens de Qualtech, qui ont installé la chaîne de traitement, ont tout réparé dès les premiers jours de mai, explique Michel Lacroix, directeur des opérations de l’usine de Havre-aux-Maisons. «Un coup qu’on s’est assuré de notre procédé – parce que quand on va sur le marché, il faut s’assurer qu’on soit capable de répondre au marché, et c’est ce qu’on a fait, se félicite-t-il – là, vraiment, on déploie le plan d’action. Prochaine étape : l’approvisionnement, commercialisation, recherche de clients, via SiliCycle aussi qui nous donne ce support. Donc, c’est le jour Un d’un grand départ!»
Le chimiste Christophe Mellon, directeur de la qualité chez SiliCycle, partenaire de Total Océan, se déclare lui-même très satisfait des résultats obtenus dans le cadre de ces tests. Un volume de deux tonnes de gras a été transformé en 2 000 litres d’huile, précise-t-il. «C’est normal, dans le démarrage d’une usine, qu’il y ait plein de problèmes qui surgissent dans la mise à l’échelle. Et puis, en équipe, on a réussi à passer au travers de petits problèmes et d’arriver avec une bonne quantité d’huile avec une belle couleur à la fin», souligne monsieur Mellon.
Total Océan se donne d’ici l’automne pour prendre les commandes du marché, s’approvisionner en gras de loup-marin frais et démarrer sa première production commerciale. Alors qu’elle vendra son huile en vrac, pour encapsulation, par exemple, SiliCycle en achètera une certaine quantité pour en isoler les molécules d’Oméga 3 à des fins biotechnologiques.
SOURCE DE FIERTÉ
Chose certaine, la nouvelle entreprise spécialisée en extraction d’huile de phoque est une source de fierté pour les Madelinots, dont ses deux hommes de confiance, Donald Leblanc et Sylvain Vigneau de Bassin. Monsieur Leblanc, qui a longtemps présidé l’Association des chasseurs de phoques des Îles, s’est lui-même investi sans relâche pour relancer l’industrie du loup-marin, malmenée par les groupes abolitionnistes. Ces dernières années, il a notamment collaboré à la valorisation des résidus de carcasses de viande à des fins d’appâts alternatifs pour la pêche aux crustacés. «C’est l’aboutissement de tous les efforts qui ont été mis en matière de transformation du loup-marin aux Îles, se réjouit-il. Total Océan, ils ont bien de l’ambition et bien des projets! Et moi, je suis vraiment content de participer à cet exercice.»
Sylvain Vigneau pour sa part, dit avoir une pensée particulière pour l’escouade de son grand-père Joseph Lapierre, qui chassait le phoque avec son père, Fred Vigneau. À son avis, ils seraient impressionnés par le modernisme des installations de Total Océan sur la Pointe de Havre-aux-Maisons. «Ils seraient très fiers de voir la technologie qui est ici, rapport à la chasse au loup-marin, affirme monsieur Vigneau. On opère sur un ordinateur! Ça fait que le reste, ça marche par boutons et ainsi de suite; on amène le gras dans le convoyeur, il descend dans le réacteur et la chaîne s’ensuit.»
Total Océan vise une production initiale de 250 000 à 350 000 litres d’huile de loup-marin par année. À terme, elle emploiera 25 travailleurs d’usine.
DÉVELOPPEMENT – page 25 – Volume 31,3 – Juin-Juillet-Aout 2018
