Le Comité permanent sur la sécurité des bateaux de pêche du Québec (CPSBPQ), qui a tenu sa rencontre annuelle le 9 février à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (ÉPAQ) à Grande-Rivière, a connu un franc succès. Environ 175 personnes ont pris part au rendez-vous lors duquel le 75e anniversaire de l’établissement a été souligné.
«On a fait salle comble», s’exclame le directeur du CPSBPQ, Robert Fecteau. Si les participants provenaient majoritairement de la Gaspésie, il y en avait aussi de la Côte-Nord, des Îles-de-la-Madeleine et du Bas-Saint-Laurent. Des membres des communautés autochtones de la Gaspésie et de la Côte-Nord étaient également du nombre. Le profil des personnes présentes était composé de capitaines-propriétaires, de capitaines, d’aides-pêcheurs, d’étudiants en pêche professionnelle, de fournisseurs de services et d’équipements, de gens du milieu financier ainsi que de fonctionnaires œuvrant au sein des différents ministères concernés.
POURQUOI À GRANDE-RIVIÈRE?
Le CPSBPQ tient traditionnellement sa rencontre annuelle à Rimouski. Pour le dernier événement, deux raisons expliquent le choix de Grande-Rivière. La première découle d’une décision du Comité de se déplacer davantage en région afin d’apporter du sang neuf. Le succès de la rencontre à Grande-Rivière a donc démontré, de l’avis de M. Fecteau, le très grand intérêt des régions pour les activités de son organisme.
La deuxième raison consistait à souligner le 75e anniversaire de l’ÉPAQ. «L’ÉPAQ est un partenaire depuis le début du Comité permanent, souligne M. Fecteau. Il occupe un siège au conseil d’administration du Comité. Ça permettait au personnel de l’ÉPAQ d’assister à l’événement. On a aussi vu de nouveaux pêcheurs qu’on ne voit pas à Rimouski.»
PROGRAMMATION DIVERSIFIÉE
La rencontre a été condensée en une seule journée. «Normalement, on a des sujets pour deux jours, indique Robert Fecteau. On a eu des choix déchirants à faire.» Bien que la diversité des thèmes abordés a pu être un facteur qui a suscité le haut taux de participation, il n’en demeure pas moins que les sujets choisis sont toujours variés, selon son directeur. Ceux-ci sont choisis en collaboration avec les partenaires du CPSBPQ.
Si la programmation est différente d’année en année, c’est parce qu’elle est élaborée en fonction de la conjoncture actuelle dans le monde des pêches. «Avant l’événement, on regarde ce qui s’est passé dans la dernière année et ce qui s’en vient, explique M. Fecteau. Est-ce qu’il y a des changements réglementaires qui vont affecter les pêcheurs? Est-ce qu’il y a des changements économiques? On présente donc des sujets d’actualité qui vont intéresser nos pêcheurs et l’industrie en général.»
THÈMES ABORDÉS
Deux présentations touchaient les nouveautés en matière d’exigences réglementaires dans la construction de bateaux de pêche, dont l’une était donnée par une employée de Transports Canada. «Les nouvelles exigences n’ont pas soulevé de nouvelles inquiétudes chez les pêcheurs, fait savoir M. Fecteau. Personne n’a été surpris. Nos constructeurs, au Québec, bâtissent des navires de qualité supérieure. On a des navires qui sont mieux équipés, mieux pensés. Nos standards de construction sont très élevés.»
En plus de prioriser des thèmes liés à la sécurité à bord, la programmation de la rencontre a traité de la relève par le biais d’acquisitions d’entreprises de pêche, de la professionnalisation des pêcheurs et des aides-pêcheurs ainsi que des retombées économiques découlant des activités de capture. À cela se sont ajoutées les perspectives économiques de la prochaine saison de pêche.
Le ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO) a été invité à présenter un bilan économique de la pêche commerciale dans l’Est-du-Québec. La question de la baleine noire a été soulevée. «Le gouvernement s’apprête à prendre de nouvelles mesures de protection qui vont avoir un impact sur la sécurité», précise M. Fecteau.
Selon lui, le thème de l’économie est devenu un incontournable depuis plusieurs années. «C’est un facteur qui a un impact direct sur la sécurité des pêcheurs à bord des bateaux», soutient-il. À son avis, une pression économique sur une entreprise de pêche peut avoir des conséquences sur le plan de la sécurité.
La relève chez les aides-pêcheurs est un autre sujet qui a été abordé. «C’est une préoccupation pour nos pêcheurs», estime M. Fecteau. Si un pêcheur peine à trouver une relève qualifiée, il sera tenté de se tourner vers une relève peu qualifiée, moins habituée au travail à bord, plus exposée aux risques, moins familière avec les mesures d’urgence.
Comme l’événement se tenait à l’ÉPAQ, il était primordial, selon le directeur du Comité permanent, de donner la parole à l’un de ses représentants. Or, les résultats d’une recherche sur la sécurité des mytiliculteurs ont été dévoilés.
RESPONSABILITÉ PARTAGÉE
Le message central que souhaitait véhiculer le CPSBPQ reposait sur la responsabilité. «On a une responsabilité partagée entre l’État et le secteur privé pour assurer la sécurité dans les pêches, croit M. Fecteau. Pour assumer ses responsabilités, il faut les connaître et les reconnaître. Il faut travailler en collaboration, dans le respect des rôles de chacun.»
La sécurité à bord des bateaux de pêche n’est donc pas seulement l’affaire de Transports Canada. Robert Fecteau estime que les décisions du MPO peuvent aussi avoir un impact sur la sécurité. «Quand le ministère donne des conditions d’exploitation de la ressource, c’est-à-dire qu’il détermine quand les pêcheurs vont commencer à pêcher et quand ils vont arrêter, il vient impacter la sécurité.» Le Comité reconnaît aussi le rôle important de la Garde côtière canadienne dans la sécurité de la navigation.
D’autres organismes comme le Comité sectoriel de main-d’œuvre des pêches maritimes, le Bureau d’accréditation des pêcheurs et des aides-pêcheurs du Québec, les consultants maritimes et les constructeurs contribuent eux aussi à la sécurité. Robert Fecteau souligne également l’importance de la Commission des normes en matière d’équité, de santé et de sécurité au travail.
Il ne faudrait pas non plus passer sous silence l’influence des maisons d’enseignement. «Le facteur humain joue un rôle dans un accident, note le dirigeant du Comité. Plus il va y avoir de pêcheurs qui vont passer par les écoles, qui vont chercher des connaissances en navigation, en sécurité, en procédure d’urgence, moins on va avoir d’accidents.»
PRIX
L’organisme a profité de l’occasion pour remettre son prix annuel à Conception navale FMP de Newport. «C’est la première fois, à ma connaissance, qu’on remet ce prix pour une innovation technologique, se réjouit Robert Fecteau. Le chantier maritime a construit un homardier hybride, soit avec un moteur à combustion et un autre électrique. Ça permet d’utiliser le moteur à combustion pour les longs déplacements. Une fois en place, le moteur électrique est utilisé pour les manœuvres. C’est plus écoresponsable, et ça diminue le bruit. Quand le pêcheur lève ses casiers, il est capable d’entendre ses membres d’équipage et de communiquer avec eux, ce qui améliore la sécurité. Conception navale a aussi inventé un haleur électrique. Ça améliore la santé en éliminant les troubles auditifs.»
Une mention d’honneur a également été décernée au capitaine-propriétaire Stéphane Dunn de Rivière-au-Renard pour avoir effectué un sauvetage en mer dans la zone 12 en mai dernier. «Le bateau d’un pêcheur de Miscou a fait naufrage, raconte M. Fecteau. Le pêcheur Stéphane Dunn a entendu l’appel de détresse. Il est parti et a été le premier arrivé. Il a réussi à rescaper les quatre pêcheurs. Si ce n’avait été de la vigilance et de l’esprit de décision de M. Dunn, peut-être que cette situation aurait fini par une tragédie.»
PROCHAINE RENCONTRE À RIMOUSKI
Le Comité permanent a déjà commencé à travailler sur la prochaine rencontre qui se tiendra sur deux jours en février 2024 à Rimouski. «On revient avec un méga événement, précise M. Fecteau. On devrait avoir quelque chose d’exceptionnel à proposer.»
En plus d’un salon des exposants ainsi que d’ateliers de formation et de sensibilisation, la programmation proposera notamment le thème des changements climatiques et de leur impact sur la santé et la sécurité des pêcheurs.
SÉCURITÉ À BORD DES BATEAUX DE PÊCHE – pages 14-15 – Février-Mars 2023