mercredi, juin 18, 2025
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Un lent début de saison pour les homardiers madelinots avec des rendements de capture en baisse

Les pêcheurs de homard de la zone 22 des Îles-de-la-Madeleine connaissent un lent début de saison. Au premier tiers de leurs neuf semaines d’activité, les rendements globaux étaient en baisse de 22,1 %. Selon les données de l’Office des pêcheurs de homard des Îles (OPHÎM), les débarquements totalisaient 5 098 079 lbs, contre 6 540 442 lbs pour la même période de l’an dernier. Il s’agit d’une baisse de près d’un million et demi de livres.

Fait intéressant, les températures du mois de mai à 21 mètres de profondeur, où baigne l’habitat des crustacés, apparaissent elles-mêmes relativement équivalentes pour les façades sud et nord de l’archipel par rapport au printemps dernier, selon les lectures en continu que fait le Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles dans le cadre de ses travaux scientifiques.

D’autre part, le prix moyen pondéré versé à quai s’établit quant à lui à 7,40 $ /lb, soit exactement la même valeur moyenne obtenue pour les trois premières semaines de la saison 2024. Cette stabilité s’explique du fait que, contrairement à l’an dernier, les prix offerts à quai jusqu’à présent ont continuellement progressé, passant de 7,28 $/lb, à 7,42 4/lb, puis à 7,53 $/lb. En comparaison, l’offre de 8,13 $ /lb de la première semaine de la saison 2024 avait chuté abruptement de 0,91 $ /lb dès la semaine suivante et avait continué sa glissade jusqu’à la cinquième semaine inclusivement. Il n’en demeure pas moins que l’économie de l’archipel madelinot souffre d’une perte globale de valeur à quai de près de 10,7 M$ pour le premier tiers de la saison 2025 en raison de la baisse des rendements par rapport à un an plus tôt.

Beaucoup de vent

Sur le terrain, le capitaine du LAURA MÉLI de L’Étang-du-Nord, Simon Déraspe, se déclare tout de même satisfait de sa performance. À sa toute première année en tant que propriétaire de son navire, le jeune homme de 26 ans parle d’un début de saison en montagnes russes, avec des vents qui ont d’abord constamment oscillé entre le nord et le sud, avant de dominer du nord-est. «Comme dirait mon grand-père, ç’a commencé mollo. La température n’est pas vraiment de notre bord. Il vente tout le temps, il fait frette et le homard n’est pas au rendez-vous comme par les années passées, relate-t-il. Mais ça va quand même bien. Je suis content pareil parce que je me maintiens comme les autres. Ça veut dire que ce n’est pas si pire que ça!»

Rémi Cyr de Grande-Entrée enregistre pour sa part une «grosse diminution» de quelques milliers de livres en comparaison avec son début de saison 2024. À son avis, le homard se cache lorsque de forts vents soufflent en continu, parce que ça crée de la turbulence sur le fond marin. Le capitaine du NICOLE HÉLÈNE note aussi que les crustacés étaient bien en chair dès les premiers jours de pêche, ce qui veut peut-être dire qu’ils étaient moins attirés par les appâts dans les cages. «Je ne peux pas dire que ça m’inquiète, parce qu’on a déjà pogné des années que les prises étaient beaucoup plus basses dans les mêmes dates, commente celui qui en est à 33e printemps. Je pense qu’il faut être positif pour les prochaines semaines qui s’en viennent. D’ailleurs, la mer était enfin plus calme à la 4e semaine et les prises stables par rapport à la même période de l’an passé.»

De plus, nos pêcheurs accueillent positivement les prix payés au débarquement jusqu’à présent, bien que la moyenne pondérée se situe en deçà du seuil de rentabilité de la flottille établie à 7,49 $/lb en 2023. «Le prix a tout le temps monté un peu avec les semaines, au lieu de baisser. Ça fait que ça compense un p’tit peu pareil», concède Simon Déraspe.

Bonne demande

De son côté, Christian Vigneau, président des Pêcheries LéoMar, dit qu’il ne s’attendait pas à un si fort prix pour le homard vivant sur le marché, sur fond de turbulences économiques planétaires provoquées par la guerre commerciale de Donald Trump. L’industriel note que la faiblesse de l’offre partout au Canada atlantique, a créé une pression inattendue à la hausse. «On savait qu’on aurait un meilleur prix pour la Fête des Mères, mais on a été surpris par son ampleur, indique-t-il. On est aussi surpris par la baisse généralisée des captures. C’est ça, je dirais, qui nous a frappé le plus.»

M. Vigneau, qui est également propriétaire de Poissons Frais des Îles, souligne que la demande est fluide tant pour le homard vivant que pour le produit transformé et ce, au Canada comme aux États-Unis. «Le moral est bon, soutient-il. Le homard des Îles a une belle renommée et le produit s’écoule bien. On transforme à tous les jours et on prend notre temps avant de vendre. C’est tout le contraire du crabe, qu’on voulait écouler assez rapidement parce qu’il y avait de l’insécurité sur les marchés. Mais pour le homard, on n’est pas là du tout.»

«Le niveau de stress était beaucoup plus élevé avec le crabe, parce qu’on n’a su qu’à la toute dernière minute qu’on serait finalement exemptés de tarifs douaniers, rappelle à ce propos le directeur général de Fruits de mer Madeleine, James Derpak, qui enregistre une baisse moyenne de plus de 20 % de ses approvisionnements par bateau. Finalement, les consommateurs ont un bon appétit pour le homard vivant. Ce n’est pas si pire qu’on le craignait. Mais c’est certain qu’on aime le volume. On pourrait vendre plus s’il y avait plus à vendre.»

En fait, la demande dépasse l’offre au point où Christian Vigneau n’avait toujours pas utilisé son nouveau vivier de la Pointe-Basse au moment d’écrire ces lignes,  parce que ses deux autres infrastructures situées à Fatima et Millerand suffisent à contenir les approvisionnements quotidiens des pêcheurs. Même son de cloche chez la Coopérative des pêcheurs de Cap Dauphin de Grosse-Île qui peine, elle aussi, à répondre aux besoins de ses clients. «On a beaucoup plus de clients qu’il n’y a de homard en réalité», résume sa dirigeante Ruth Taker.

Caution impayée

Autrement, l’OPHÎM nous apprend que seulement un des sept acheteurs de l’archipel – soit la Coopérative des pêcheurs des Îles qui en est à sa première année d’opération – avait payé, au terme du premiers tiers de la saison, la caution due comme condition légale pour s’approvisionner à quai et ce, en conformité avec la convention de mise en marché 2024, imposée par décision arbitrale de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec en juillet dernier (Pêche Impact, septembre 2024).

La Régie avait pourtant maintenu cette décision et ordonné son respect en date du 28 avril dernier, lorsqu’elle a rejeté sur le banc une demande urgente de suspension de son application logée par l’Asso-ciation québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), de même qu’elle a refusé une requête d’exemption provenant de la nouvelle entreprise d’économie sociale présidée par le capitaine du GULF FISHER III, Olivier Renaud. Or, voilà que l’OPHÎM a dû se tourner vers la Cour supérieure, le lundi 26 mai, pour obtenir l’homologation de l’ordonnance du tribunal administratif et de ce fait, exposer ses contrevenants à des sanctions pénales.

Aussi sa directrice générale Nadine Cyr est contente d’avoir obtenu gain de cause «sur toute la ligne», dans un jugement rendu deux jours plus tard par le juge Pierre Soucy. «Nous sommes soulagés et satisfaits du jugement rendu par la Cour supérieure, qui donne suite à beaucoup d’efforts de la part de l’OPHÎM, parce que les cautionnements visent à protéger les pêcheurs en cas de défaut de paiement d’un acheteur», souligne-t-elle, tout en  précisant que le vendredi 30 mai, chacun s’était enfin conformé à ses obligations.

Par ailleurs, notons que le prix payé à quai pour la 4e des neuf semaines de pêche au homard des Îles a continué de progresser pour s’établir à 7,67 $/lb. Il en résulte un prix moyen pondéré de 7,48, $ /lb, à presque mi-saison, contre 7,17 $/lb à pareille date en 2024. Les volumes cumulatifs totalisent, quant à eux, 7 178 122 livres. Il s’agit d’une baisse de 13,9 % par rapport à la même période de l’an dernier.

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – page 4 – Volume 38,2 Mai-Juin-Juillet 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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