lundi, avril 29, 2024
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Crabe des neiges de la zone 12 : des attentes déçues, mais une saison meilleure que la moyenne

Les pêcheurs et les transformateurs de crabe des neiges évoluant avec la ressource du sud du golfe Saint-Laurent ont vécu une saison de capture pleine de soubresauts en 2022, surtout en raison d’attentes trop élevées par rapport à la vigueur du marché et les mouvements de baleines noires.

L’effort de pêche a conséquemment été très intense pour capturer des quotas individuels élevés dans la zone 12. Le prix de base au débarquement, généralement symbolisé par la stabilité, quitte à l’ajuster en fin d’année, a été frappé par quelques baisses au cours de la saison, un fait rare.

Le président de l’Association des crabiers gaspésiens, Daniel Desbois, affirme sans réserve que la situation «a viré bout pour bout à plusieurs reprises» lors de la saison. 

Il ne saisit pas encore pleinement pourquoi les attentes étaient si élevées en mars, tant au Boston Seafood Show que lors des premiers jours de capture dans la zone 17 de l’estuaire du Saint-Laurent, du côté de Rimouski.

«Je ne sais pas d’où ces prix-là sont sortis au printemps. Que ce soit à Rimouski, ou les 12 $ en Nouvelle-Écosse au début de saison. Il faut doser ça. Le premier jour de pêche est toujours attendu et il provoque des prix élevés, mais ça se stabilise après», dit-il.

L’arrivée des baleines au début de mai a constitué l’autre grand facteur d’instabilité.

«La venue des baleines est arrivée un petit peu plus tard qu’en 2021, mais elles ont parcouru le golfe. Pour le (faible) nombre de baleines, les fermetures se sont multipliées. Au-dessus de 80 % (du sud du golfe) étaient fermés au début de mai quelques jours après leur arrivée, mais ces cinq ou six baleines ont voyagé beaucoup. Des secteurs de pêche qui ferment très tard ont fermé très tôt», évoque Daniel Desbois.

FLUCTUATION À LA BAISSE DU PRIX

Malgré les mouvements de casiers imposés par la multiplication des fermetures de quadrilatères de protection des baleines noires, M. Desbois et la plupart des crabiers ont capturé l’essentiel de leur quota individuel.

« J’ai pris presque tout mon quota. Il reste peut-être 15 000 livres à l’eau. J’ai 96-97 % de mon quota. On a eu des bris mécaniques qui n’ont pas aidé», précise Daniel Desbois.

Les prix ont chuté graduellement au cours de la saison. «J’ai commencé à 9 $ la livre et ça a baissé à chaque voyage, pour terminer à 6 $. L’année passée, le prix était resté très haut, mais ce n’est pas si désastreux cette année, quand on regarde les données à long terme», ajoute-t-il.

«C’était frustrant, comment la pêche se déplaçait. On ne voyait pas venir les fermetures», rappelle-t-il en mentionnant que 50 % du golfe était fermé alors que la pêche n’était ouverte que depuis trois semaines.

Daniel Desbois assure que la tâche des crabiers du sud du golfe aurait été facilitée si la pêche avait été ouverte plus tôt. «La pêche a tardé à ouvrir. Une semaine plus tôt au début de saison, c’est beaucoup», dit-il.

DONNÉE TROMPEUSE

Le pourcentage de quota capturé, quand même élevé en 2022 à 97 %, peut être trompeur. 

«Ça peut ne pas vouloir dire grand-chose. Le rendement par casier pourrait être faible. Le taux d’exploitation de la ressource était de 40 %. Le taux de capture n’a pas été représentatif du quota. L’effort de pêche a été vraiment plus fort que la hausse du taux d’exploitation. Les résultats ont été très bons pour certains mais pour la majorité, ça n’a vraiment pas été comme c’était prévu. Si on doit faire 50 % d’effort de plus pour aller pêcher, c’est un facteur important. Le relevé scientifique à venir sera important à analyser», explique Daniel Desbois.

Il prévoit des discussions avec les gestionnaires de Pêches et Océans Canada au début de 2023 au sujet de l’évaluation des stocks, de la gestion de la ressource et du protocole touchant les baleines noires.

«On vit des choses qu’on n’a jamais vécues, comme le protocole pour la baleine. On aurait aimé l’alléger un peu mais on a reçu une fin de non-recevoir. C’est décevant de ne pas être impliqué dans le protocole de la baleine. Des secteurs de pêche ont été fermés parce que des baleines avaient été détectées de façon acoustique, même si la marge d’erreur est forte. On pense que des observations visuelles devraient appuyer la détection acoustique», note M. Desbois.

En mise en marché, divers facteurs ont provoqué des rebondissements dont les pêcheurs et les transformateurs se seraient bien passés.

CONTEXTE UN PEU FOU

Bill Sheehan, vice-président de la firme E. Gagnon et Fils, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, admet que la mise en marché a été marquée par un contexte « un peu fou » mais que la production en usine s’est bien déroulée. Il croit que la tâche de tous aurait été simplifiée par un début de pêche hâtif.

« Le quota attendu à notre usine a été capturé malgré les complications venant des baleines, même si elles sont arrivées quelques jours plus tard cette année. La pêche a commencé le 13 avril, une dizaine de jours plus tard qu’elle aurait dû. Il y avait encore des bateaux en mer à la fin de juin (…) Il y avait 80 % du golfe fermé un moment donné. En juin, le crabe blanc arrive, avec des fermetures par-dessus celles des baleines. Il n’y a pas eu de chaleur, mais on n’a pas les mêmes rendements. Tu me donnes du 3 au 10 avril pour la pêche, et j’échange ça contre le mois de juin au complet. Si j’ai le choix, je prends avril n’importe quand. Du côté du Québec, on va cogner sur le clou d’avoir une ouverture le 1er avril», explique Bill Sheehan.

Il signifie ainsi que l’industrie fera pression sur Pêches et Océans Canada afin que les crabiers de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine puissent prendre la mer quand ils sont prêts, avant les crabiers du Nouveau-Brunswick, où les havres sont souvent encombrés de glace tard en avril. 

«Il y a eu une augmentation de 39 % du quota cette année, il ne faut pas oublier, mais il y a moyen de faciliter la capture. Il y a des crabiers à Gaspé qui pêchent dans la petite zone 12A pendant la dernière semaine de mars. C’est donc possible», note M. Sheehan.

EFFONDREMENT DES MARCHÉS

N’empêche que le vrai problème de 2022, «c’est que les marchés se sont effondrés. On a encore la moitié du crabe stocké. C’est complètement anormal. D’habitude, c’est vendu d’avance et ça part au prix du marché. On s’attendait à 12 $ (comme prix aux pêcheurs) à Boston en mars. Il y avait des prix encore plus élevés ailleurs. Les Russes ont baissé le prix de leur crabe. Leur crabe a été accepté sur le marché américain jusqu’au 23 juin. Si on recule de deux ans, sans casinos, sans restaurants, sans navires de croisières, le prix était plus élevé à ce moment. Le prix se situe à     1,50 $ la livre de moins cette année, le prix de gros en section», rapporte Bill Sheehan.

Avec la moitié du crabe à vendre, alors qu’en juillet habituellement, le crustacé est vendu d’avance, sinon déjà livré, M. Sheehan assure qu’il est trop tôt pour tracer un bilan de 2022.

«Les grossistes achètent au compte-goutte. On n’était pas préparés pour ça. Il y a eu un manque de logistique. On n’était pas préparés à des inventaires comme ça. C’est dur à comprendre. Il y a un genre de bras de fer entre les grandes chaînes, les restaurants. Notre boule de cristal n’a pas fonctionné. Les Russes baissaient le prix de leur crabe à mesure que la saison avançait. Est-ce que ce dumping a fait une différence? On le verra plus tard. Avant, on vendait 100 conteneurs d’un coup. Là, les acheteurs en prennent 10, et ils attendent une semaine avant d’en prendre 10 autres, dans l’espoir que le prix baissera. On a fait des pieds et des mains pour louer des espaces (d’entreposage réfrigérés) un peu partout. On a loué à l’usine de bleuets de Newport, où il y avait de l’espace libre», précise M. Sheehan.

Ce qui se passe dans le crabe des neiges a eu un effet sur la mise en marché du homard, note-t-il. E. Gagnon et Fils transforme aussi du homard.

«On va souhaiter que les choses se rétablissent pour éviter un désastre. C’est certain que ce n’est pas une bonne saison (…) Le homard a payé la facture pour le crabe. Les acheteurs ont compris. Ce sont les transformateurs qui ont payé le prix. On n’a pas la moitié des ventes de faites», dit-il.

Le prix aux crabiers du sud du golfe a démarré à 8,25 $ la livre, plus 50 cents pour les crabiers jouissant de cales à eau. «Il a chuté à 7,25 $ et il était à 6 $ en fin de saison. L’objectif serait de donner 7,25 $. C’est quand même un prix au-dessus de la moyenne. On va voir où le marché va se placer. D’habitude, on vendait d’avance au fur et à mesure des débarquements, depuis 12 ans. On nous appelait. Cette année, on appelle les clients. Les États-Unis ont donné trois mois aux Russes pour rentrer leur crabe parce que les conteneurs étaient prépayés. C’est un peu long. La facture est payée par les producteurs canadiens, en fait», conclut Bill Sheehan.

Volume 35,3 – LE SUD DU GOLFE – pages 8-9 Juin-Juillet-Août 2022

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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